Les maux de tête du PSG
Ou comment la direction du PSG est devenue responsable de l’échec du club en Ligue des Champions
Quelques jours seulement après l’élimination honteuse en Ligue des Champions contre Manchester United, la douleur est encore vive chez les supporters parisiens comme en témoigne l’accueil houleux réservé aux joueurs parisiens dimanche dernier au Parc des Princes par les membres du Collectif Ultras Paris. En effet, l’effectif parisien s’entrainait exceptionnellement dans leur antre. Lors de cet entrainement un peu particulier, les 500 supporters présents ont pu exprimer leur ressenti après la nouvelle débâcle subie par leur équipe sur la scène européenne. Pourtant, il apparait néanmoins nécessaire d’aller de l’avant et de préparer l’avenir. Mais pour cela, il convient d’étudier les maux du PSG pour comprendre la situation actuelle et envisager sereinement l’avenir.
Cet article qui se veut avant tout objectif n’est pas un pamphlet contre l’ensemble de l’organigramme parisien mais tente de mettre en perspective l’échec répété du PSG au delà du spectre du terrain. Car si les joueurs semblent être naturellement la cible facile pour les critiques, il n’empêche que le cadre dans lequel ils évoluent n’est pas exempt de tout reproches.
Un Président trop tendre mais indiscutable
Le président Nasser Al-Khelaïfi, figure marquante du projet QSI depuis son début en 2011, semble accumuler les critiques au fil des saisons. Outre la gestion catastrophique du cas Aurier ou les prolongations de Laurent Blanc et Adrien Rabiot, sa communication laisse à désirer. Incapable de se montrer ferme et d’assurer le respect de l’institution PSG, « NAK » donne l’image d’un président passif et trop tendre avec ses joueurs. Dernier fait en date ? Sa communication d’après-match déplorable contre Manchester. Au lieu de se montrer objectif quant à la nouvelle désillusion de son équipe, il a préféré critiquer l’arbitrage et la VAR. Se chercher des excuses ne fera pas avancer le PSG, surtout ce PSG. Comment voulez-vous après voir des joueurs sortir de leur zone de confort en match alors qu’en interne leur président cède à tous leurs caprices ? Cette indulgence vis-à-vis des joueurs a eu de lourdes conséquences. Emery fut par exemple incapable d’appliquer ses principes de jeu face à des joueurs peu enclin aux changements et soutenus par leur président. C’est notamment pour ce manque de rigueur que l’Emir a décidé de nommer directement Tuchel l’été dernier.
Mais ce manque de professionnalisme se retrouve également lors des négociations. En effet, on peut reprocher au président du PSG de promettre tout et n’importe quoi à n’importe qui. Résultat ? A chaque nouveaux dossiers, les homologues du club parisien s’arrachaient les cheveux pour comprendre à qui ils devaient s’adresser. Et pour cause, Al-Khelaifi avaient promis les pleins pouvoirs à la fois à Tuchel et à Henrique. Dans ce marasme, il lui arrivait également de jouer un rôle décisionnaire tout comme l’Emir qui avait naturellement son mot à dire. Impossible donc de désigner une hiérarchie claire et cohérente. Sur ce point, l’amateurisme ou le manque de courage du président du PSG contrevient aux ambitions de son club, lui qui possède assez de pouvoirs pour affirmer les rôles de chacun. Comme pour les joueurs, Al-Khelaifi fait plus du copinage qu’autre chose.
Mon avis : Nasser Al-Khelaifi pourrait avoir fait son temps au PSG.
Figure de proue du projet parisien depuis ses débuts et bien connu, désormais, du paysage médiatique français, il incarne à la fois les succès mais surtout les déceptions parisiennes. Un changement de présidence ne serait donc pas mauvais pour le club de la capitale. Le fantasme Nicolas Sarkozy revient souvent lorsqu’on aborde les possibles successeurs d’Al-Khelaifi mais on voit mal un ancien Président de la République française recevoir des ordres de l’Emir d’un pays de 2M d’habitants, aussi puissant soit-il.
De plus, malgré les échecs en Ligue des Champions, le président du PSG garde la confiance de Doha. Et ce n’est pas rien quand on sait que la confiance est un critère davantage important que la méritocratie dans le système politique qatari.
Enfin, Al-Khelaifi a su gravir les échelons au sein des institutions européennes devenant en février 2019 membre du comité exécutif de l’UEFA. Cette empreinte qatarie a son importance et renforce la crédibilité du dirigeant parisien. On voit donc mal l’Emir le démettre de ses fonctions où seul un rôle majeur dans l’affaire de corruption touchant l’attribution du Mondial au Qatar en 2022 pourrait réellement l’impacter.
Une direction sportive sans repères et animée par une guerre d’influences en interne
La direction sportive du PSG est aujourd’hui une sphère complexe à appréhender au PSG. Dans les premiers temps de l’ère QSI, Leonardo incarnait clairement la fonction de directeur sportif. Mais depuis son départ mouvementé en 2013, cette fonction est devenue floue, impensable quand on sait l’importance d’un tel poste dans le football actuel. Olivier Letang occupa ainsi la fonction de directeur sportif adjoint de 2013 à 2016 alors que le club n’avait même pas de directeur sportif. En 2016, Patrick Kluivert est nommé « directeur du football », poste innovant dont on se demande encore l’utilité. 1 an plus tard, il était déjà parti. En juin 2017, après 4 ans de bricolage où Jean-Claude Blanc et Nasser Al-Khelaïfi auront mené de front les divers dossiers parisiens, un véritable directeur sportif débarque en la personne d’Antero Henrique.
L’ancien dirigeant du FC Porto arrive avec une solide réputation mais une politique bien différente de celle du PSG. En effet, au sein du club portugais, il s’est fait remarquer par ses achats-reventes fructueux, bien loin de la stratégie de dépenses parisienne. Pourtant, par son réseau, Antero Henrique boucle dès le mois d’aout, le transfert du siècle avec l’arrivée de Neymar JR pour 222M d’euros. Alors que le brésilien était déjà proche de s’engager avec le PSG à l’été 2016, Henrique était la pièce manquante du puzzle. Toutefois, un peu plus d’un an après sa prise de fonction le voilà déjà remis en cause. La faute à de nombreux échecs notamment dans la recherche du fameux numéro 6. Et oui, le transfert de Neymar ne peut pas tout masquer. En 3 mercatos, Henrique s’est fait davantage remarquer par son manque de résultats que par son efficacité. Pourtant, les pistes ne manquaient pas : Kanté, Weigl, Carvalho, Gueye, Doucouré, ect. Pire, l’échec Frenkie De Jong, après de longues négociations, se révèle être un véritable camouflet, le génie hollandais choisissant le FC Barcelone. On peut également citer son échec dans la tentative de prolongation d’Adrien Rabiot. Au final, c’est l’argentin Leandro Paredes qui a débarqué tardivement dans la capitale fin janvier, ce qui obligea Thomas Tuchel à poursuivre son bricolage avec Marquinhos au poste de numéro 6.
En parlant du coach allemand, ses relations avec Henrique n’ont jamais été au beau fixe. Alors que l’ancien coach de Dortmund souhaitait voir le recrutement de joueurs provenant de Bundesliga, le directeur sportif du PSG poussait pour enrôler des joueurs de son réseau portugais. Antero Henrique saborda même le transfert de Jerôme Boateng alors que tout semblait bouclé. Cette guerre d’influence a néanmoins tourné en faveur du technicien allemand au regard des arrivées simultanées de Kehrer, Bernat et Choupo-Moting. Elle s’est d’ailleurs intensifiée lors du mercato d’hiver où Thomas Tuchel n’a pas hésité à faire part publiquement de leur divergence. Alors que l’on pensait le portugais plus que sur le départ après la déroute contre United, Nasser Al-Khelaïfi a surpris son monde en lui maintenant sa confiance par voie de presse … quelques jours après avoir fait de même pour Thomas Tuchel. Il est peut-être là le véritable problème du PSG. Ne pas savoir prendre de réelles décisions. Cela permettrait en outre de faire de l’ordre au sein de la hiérarchie.
Mon avis : Tuchel ou Henrique.
Le président parisien devra trancher mais leur cohabitation devient de plus en plus invivable. Le technicien allemand est l’un des seuls à garder du crédit aux yeux des supporters parisiens et l’avancée du projet parisien doit s’appuyer désormais essentiellement sur lui, quitte à se séparer d’Henrique dont les nombreuses déconvenues ont été citées. Merci pour Neymar et au revoir !
Un staff à perfectionner
Thomas Tuchel et son encadrement technique ne sont pas les coupables principaux des maux du PSG. Ici, il s’agirait davantage de parler des personnes dont on entend moins parler mais donc l’influence au PSG est grande. Mis à l’écart depuis le début de la saison lors des jours de match, le Docteur Rolland semble avoir fait son temps lui aussi au PSG. Présent au club depuis 2007, peu de joueurs de l’effectif actuel lui font pleinement confiance sur ses méthodes. Sa gestion du cas Verratti est tout bonnement scandaleuse, lui qui parait-il fume des cigarettes avec l’international italien ou sort en boite de nuit lors des tournées d’été du PSG. Pour un directeur médical d’un grand club comme le PSG cela fait tâche. On peut également citer certains membres du personnel qui trahissent l’institution en révélant des secrets de vestiaires aux journalistes. Enfin, le « staff » des joueurs, leur entourage en d’autres termes, est aussi à pointer du doigt pour leur attitude active et passive dans la carrière des joueurs. Fumer des cigarettes ou la chicha, sortir à l’Arc lors des semaines charnières sont autant de comportements indignes de joueurs professionnels et cautionnés par leur entourage. Mais comme vu précédemment, il ne faudra pas compter sur les dirigeants du PSG pour mettre un terme à toutes ces habitudes.
Mon avis : On pourrait penser que les personnes qui ne sont pas directement liées à la politique sportive ont moins d’importance mais cela n’est pas vrai. Avec un encadrement et un entourage à même de faire comprendre aux joueurs ce qu’est la vie d’un sportif de haut niveau, peut-être que Verratti et Kurzawa seraient moins blessés et Rabiot plus altruiste.
Les maux du PSG se retrouvent à tous les étages et dépenser des millions pour s’attacher les services de grands ne changeront rien si une remise en question profonde au sein du club ne se fait pas. On compte donc énormément sur la rigueur allemande de Thomas Tuchel pour faire évoluer les mentalités ou faire partir les éléments perturbateurs.