Remplacement des joueurs & autorité de l’entraineur
Le remplacement des joueurs, entre affirmation et remise en cause de l’autorité de l’entraineur
Une autorité découlant du rôle que l’entraineur a vis-à-vis de ses joueurs
Selon Arsène Wenger « au football, l’important n’est pas d’avoir les 11 meilleurs mais le meilleur 11 ».
Pour être entraineur de football il faut savoir organiser des exercices appropriés selon une intensité qui sera propre à chacun. L’entraîneur définira sa tactique selon l’équipe qu’il affrontera et c’est en ça que le choix des 11 de départ sera différent. C’est à travers ce choix que se dessine l’autorité de celui-ci vis à vis de ses joueurs. Grâce aux entrainements, l’entraîneur principal ainsi que son adjoint analysent la qualité et la capacité de chacun de ses joueurs pour être sélectionné en match en tant que titulaire. On distingue un bon entraîneur d’un autre entraîneur par sa manière de faire évoluer son équipe au meilleur niveau en vue de la compétition.
Pourtant un remplacement peut remettre en cause cette tactique et même son autorité.
( Crédit : Daily express – James Cambridge )
La règle du remplacement, de sa création à l’autorité de l’entraîneur
Cette règle n’est apparue qu’au début des années 1930. Avant 1932, rien n’était mentionné sur le règlement. Cela n’a pas empêché certaines exceptions comme par exemple des jumeaux néerlandais Van der Graaf qui évoluaient au Racing club de Bruxelles de 1909 à 1911 et qui grâce à leur ressemblance ont procédé à des changements à la mi-temps.
La Grande Bretagne fut la première à mettre en place la règle des remplacements en 1932 : en cas de blessure, elle permettait de faire entrer sur le terrain un nouveau joueur pour remplacer le blessé. Réservée aux équipes nationales britanniques, jusqu’en 1958, elle s’est ensuite étendue dans le monde. Ce n’est qu’en 1967 que la règle a été élargie pour permettre à l’entraineur de remplacer ses joueurs à sa convenance.
( Crédit : fff.fr – district de l’allier de football )
Une autorité bafouée ?
Selon la loi numéro 3 du règlement de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), le remplacement n’est effectif que lorsque « le joueur remplacé a quitté la pelouse et le joueur remplaçant a pénétré sur la pelouse ». Par conséquent, le jeu se poursuit si le joueur remplacé refuse de quitter le terrain. L’arbitre reste libre d’exclure le joueur ou non du terrain au vu de l’imprécision de cette règle, ce qui risque de retarder la reprise du jeu.
Cette règle a donc donné lieu à quelques situations assez cocasses comme lors d’un match qualificatif de la Coupe du monde 1998 entre l’Allemagne et le Portugal. Costa, un joueur de l’équipe portugaise est remplacé, et lorsqu’il marchait pour sortir du terrain à faible allure, l’arbitre français, en estimant qu’il gagnait du temps, lui donne un carton rouge. Le remplacement n’aura pas lieu. Suite à ça, les allemands égalisent et éliminent le Portugal. L’arbitre n’a plus jamais arbitré au Portugal.
De même, récemment, lors de la finale de la Ligue Cup entre Chelsea et Manchester City, le gardien de Chelsea, Kepa Arrizabalaga a refusé de sortir peu avant la fin de prolongation alors que son entraineur Maurizio Sarri lui avait ordonné. Ce refus lui a couté la défaite de son équipe et une amende équivalente à une semaine de salaire (225 000 euros).
(Crédit : Sky news)
Comme évoqué précédemment, l’arbitre est libre de sanctionner ou non le joueur au vu de l’absence de précisions à ce sujet.
Mais en retardant la reprise du jeu, cela en vient à bafouer l’autorité du coach. L’entraîneur décide de sa tactique de jeu, du placement de ses joueurs et des joueurs qui selon lui sont les plus préparés. Les joueurs doivent respecter le choix de l’entraîneur pour renforcer la cohésion. En refusant de sortir du terrain et d’être remplacé, cela peut être fatal pour son équipe or pour un sport comme le football, l’esprit collectif est nécessaire. L’arbitre doit également faire respecter la volonté des entraîneurs étant le « maitre du jeu ».
Une possible réécriture du règlement
C’est pourquoi on peut se demander s’il est nécessaire de réécrire le règlement à propos du changement d’un joueur sur le terrain. Le fait de préciser cette règle permettrait d’éviter certaines situations aberrantes. En effet, il existe beaucoup de cas à coté de celui de Kepa, où des joueurs ont refusé un changement demandé par un entraîneur tels que David Luiz en 2016 face à l’Olympique de Marseille, Zlatan Ibrahimovic à Milan en 2010 ou encore Lionel Messi en 2014. Même si cela n’est arrivé qu’occasionnellement, les joueurs peuvent en faire qu’à leur tête et ne pas être à l’écoute de leur entraîneur. Ils font primer leur intérêt personnel avant celui de leur équipe.
De ce fait en refusant de sortir du terrain, le joueur va à l’encontre même du jeu collectif.
Le football est un sport collectif qui ne cesse d’évoluer au fur et à mesure des années. Le fait d’être footballeur est un métier. Cependant, si la loi du travail est très souvent réformée notamment en 2017 avec les Ordonnances Macron, le règlement de la FIFA ne l’est pas.
À quand la prise en compte de son évolution par les règles du jeu?