La VAR ou l’illusion d’un football « plus juste »
Critiquée pour l’impact négatif de son utilisation sur la fluidité du jeu, l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) est louée par ses partisans pour sa capacité à rendre le football « plus juste ». Mais est-ce vraiment le cas ?
Cet article n’a pas vocation à revenir sur les déformations évidentes du jeu par le recours à la vidéo et certaines situations aberrantes en découlant, mais à vérifier si l’effet positif annoncé est de nature à contrebalancer ces inconvénients. Le but est notamment de démontrer que l’opposition entre partisans du jeu et partisans de la « justice » n’a pas lieu d’être, puisque le football n’est tout simplement pas plus juste avec la VAR.
La définition d’un football « plus juste »
Dans notre hypothèse, le football « plus juste » serait celui comportant un nombre d’erreurs d’arbitrage par match inférieur à celui que l’on aurait compté en l’absence de recours à la vidéo. Les failles d’un tel raisonnement sont nombreuses. Premièrement, le nombre d’erreurs est-il véritablement réduit ?
Des erreurs non corrigées. – Alors que les pro-VAR utilisent comme argument des exemples de situations dans lesquelles le recours à la vidéo a permis de corriger une erreur d’arbitrage (encore heureux), les contre-exemples pleuvent également depuis des mois avec un nombre important d’erreurs tout simplement non corrigées. La dernière en date qui nous vient à l’esprit est le penalty accordé au Real Madrid pour une faute en dehors de la surface lors du derby madrilène.
Des erreurs lors du recours. – Pire que l’erreur non corrigée, on a eu également droit à des erreurs d’arbitrage engendrées par l’utilisation de la vidéo alors que la première appréciation était la bonne.
L’erreur, une question d’appréciation. – Pour savoir si le nombre d’erreurs d’arbitrage a diminué, encore faut-il déterminer ce qu’est une erreur. Or, cette question dépend exclusivement de l’appréciation de l’arbitre. Vous l’aurez remarqué, le nombre de polémiques sur certaines actions n’a pas diminué (faute de Morata ou pas sur le premier but refusé de l’Atletico face à le Juve ?). Il est donc en réalité très difficile de savoir si le nombre d’erreurs d’arbitrage a été effectivement réduit par l’utilisation de la vidéo.
Ensuite, même si le nombre d’erreurs était effectivement réduit sur certains matchs, le qualificatif de « juste » peut-il se limiter à une simple question de statistique ?
La VAR, faux mécanisme de justice
De simples cas d’espèces (les erreurs corrigées) ne suffisent pas à qualifier de « juste » une hypothèse générale (le football). Pour cela, il faut s’intéresser aux mécanismes mis en place. Quels sont-ils ?
Une seconde appréciation. – Avec la VAR, on permet de rejuger une situation. Or, comme on l’a vu, cela permet certes de corriger une erreur mais donne également l’occasion de répéter une erreur ou d’en créer une nouvelle. Et force est d’admettre que le sentiment d’injustice devant une erreur non corrigée alors que la possibilité existe est encore plus puissant. Injustice non gommée donc, voire renforcée.
Une hiérarchisation des erreurs. – Pour des raisons pratiques évidentes, la vidéo ne permet pas de corriger toutes les erreurs. Par exemple, l’arbitre peut accorder un corner ou un coup-franc à tort et ce dernier peut conduire à un but qui ne pourra être annulé. Sur ce point non plus, l’injustice n’est pas diminuée.
Ainsi, la VAR ne semble pas en mesure de mettre en place un système « plus juste », alors pourquoi permettre les déformations du jeu qu’elle engendre ? Si la cause semble de toute façon perdue, on aurait pu envisager d’autres solutions…
Quelles solutions ?
Certains avanceront que le football se portait très bien avant l’assistance vidéo, que des erreurs historiques (merci Diego) ont même marqué ce sport à jamais. Mais quelques pistes peuvent réduire les erreurs sans déformer le jeu. Par exemple, la VAR pourrait être limité aux actes extrasportifs susceptible d’être sanctionnés d’une exclusion. Le rôle et surtout l’efficacité des arbitres de surface pourrait également être augmenté pour éviter les penalties litigieux. Ou encore, des capteurs pourraient être utilisés pour détecter instantanément des hors jeu, à l’image de la goal line technology.
Qu’en pensez-vous ? VAR ou pas VAR ?