Le PSG sous Tuchel (2018-2019)
La pandémie qui touche l’ensemble de la planète depuis plusieurs mois n’a pas épargné le monde du football qui se retrouve paralysé en plein sprint final. Avant l’arrêt des compétitions sportives, le PSG s’était qualifié en 1/4 de finale de la Ligue des Champions après 3 échecs successifs en 8ème. Une qualification qui redonne de la saveur à une saison parisienne, loin d’être un long fleuve tranquille. Alors que l’incertitude règne quant à l’issue des exercices en cours, il est temps de dresser un bilan du club parisien sous le mandat de Thomas Tuchel et d’entrevoir l’avenir, bien qu’incertain.
Partie I : Entre paris gagnants et flou tactique (juillet 2018 – décembre 2019)
Tuchel Saison 1 : Encore des promesses…encore des déceptions
Choix de Doha après l’échec « Emery », Thomas Tuchel arrive à l’été 2018 avec beaucoup de crédit. Dans la lignée de Blanc et Emery, Tuchel ne fait pas partie du gratin des meilleurs entraineurs mais il débarque avec des idées et c’est sans doute le plus important.
Ses premiers mois furent réussis avec une phase de poules convaincante contre Liverpool et Naples, des choix tactiques payants avec Neymar en 10 et Marquinhos en 6. L’ancien coach de Dortmund gagne la confiance du vestiaire et tout semble aller pour le mieux avec son groupe comme en témoigne leur proximité lors du stage de mi-saison au Qatar. Seul le cas Rabiot vient ternir le tableau en cette fin d’année.
Mais la seconde partie de saison fut désastreuse pour le club avec la nouvelle blessure de Neymar, l’élimination contre Manchester entrainant une fin de saison chaotique avec en point d’orgue la défaite en finale de Coupe de France contre Rennes. Tuchel se plaint des manques de son effectif et une guerre d’influence éclate en interne avec Antero Henrique. L’enthousiasme du début de saison a donc disparu aussi vite qu’il n’était apparu et le PSG boucle une nouvelle saison pleine de déceptions. Un point de non-retour semble même atteint entre le club et les supporters.
L’élimination contre Manchester : le début de la rupture entre Tuchel et ses joueurs ?
Cette première saison du coach allemand était donc remplie de promesses comme souvent au PSG mais finalement Tuchel a été dépassé par l’éco-système parisien. Même si le match retour contre United fut sabordé par des erreurs individuelles et non par une faillite collective, il s’est fait remarquer par son immobilisme tactique, lui qui pourtant devait apporter tactiquement dans les moments clés. On a ensuite vu un Tuchel incapable de remobiliser son groupe pour finir correctement la saison. Des défaites à la pelle, des prestations honteuses, des joueurs démobilisés comme rarement on a pu le voir du côté du Parc des Princes sous l’ère QSI. Et pourtant ce n’est pas la première fois que Paris se faisait sortir à ce stade là de la compétition et de cette manière.
On a vu également un Tuchel se reposant trop sur l’apport de Neymar dans le jeu, ce qui se fit ressentir lorsque le génie brésilien n’était pas sur le terrain. Comme si par fainéantise ou abandon, il était plus simple de se dé-responsabiliser en jouant son va-tout sur un seul joueur.
Des interrogations naissent de ces déceptions et beaucoup commencent à douter de la rigueur et du flegme allemand.
Un Tuchel conforté et entendu lors du mercato estival
La saison 2019-2020 devait donc repartir sur des bases plus sereines et avec des relations apaisées et professionnalisées en interne. Le départ d’Henrique, en guerre avec Tuchel, redonna du crédit à l’ancien coach de Dortmund. Le retour de Leonardo fut également l’opportunité de le décharger des responsabilités médiatiques. C’était également l’assurance de bénéficier d’un carnet d’adresses bien rempli pour répondre à ses besoins sportifs. Le PSG voit donc arriver Icardi, Navas, Gueye, Sarabia ou encore Herrera. Des joueurs venant compléter l’effectif parisien mais surtout ajouter une plus-value sportive immédiate. Malgré un mercato plus que réussi, l’intersaison parisienne fut tumultueuse avec le feuilleton Neymar et ses nombreux rebondissements. Bien décidé à partir, le numéro 10 brésilien et son entourage ont tout tenté pour revenir à Barcelone. Mais l’intransigeance parisienne et les difficultés financières du Barça ont eu raison de leur velléité de départ. Difficile donc, pour l’entraineur parisien de se projeter sur un plan de jeu quand on ne dispose de pas de l’assurance de pouvoir compter sur son meilleur joueur.
Un début de saison peu propice à la continuité tactique malgré des résultats convaincants
Le début de saison commence donc dans une atmosphère pesante et peu propice à écrire l’Histoire. Néanmoins, la bonne gestion du groupe par Tuchel et Léonardo permet au PSG de réussir une première partie de championnat encore une fois prometteuse avec une phase de poules de Ligue des Champions parfaitement gérée avec en point d’orgue cette double-confrontation contre le Real Madrid (3-0 / 2-2 ). Les intégrations express au jeu parisien d’Icardi, Gueye et Navas, la grande forme de Di Maria et les retours en vue de Neymar et Mbappé sont autant de satisfactions qui laissent à penser que le club parisien est peut-être enfin sur la bonne voie. Mais une saison parisienne n’est jamais tout à fait normale et de nombreuses interrogations demeurent : la position fixe de Marquinhos, le compère de Verratti au milieu, le titulaire au poste de latéral droit, l’animation offensive. Souvent dépendant des blessures et suspensions qui le contraignent à changer régulièrement de XI, Tuchel étonne souvent par certains choix qui ne prônent pas la continuité. Et ce n’est pas ses conférences de presse confuses qui permettent de nous éclairer sur ses prises de décision.
L’exemple parfait fut l’épisode du 4-4-2. Essayé en deuxième mi-temps contre le Real Madrid pour revenir au score, Tuchel avait déclaré en après-match que ce schéma n’était pas viable sur le long terme car il déstabilisait le bloc équipe. Ce raisonnement parut tout à fait compréhensible au regard des individualités offensives et du manque de maitrise défensive du PSG. Mais sous la pression de ses cadres, Neymar en chef de file, le coach allemand revint sur sa position et son équipe enchaina les prestations dans cette configuration tactique. Avec un repli défensif beaucoup plus important des ailiers que sont Neymar et Di Maria, le 4-4-2 s’imposa comme le nouveau schéma tactique parisien. Ce revirement de position de l’entraineur parisien peut surement s’expliquer par la volonté de ne pas se mettre de nouveau le vestiaire à dos. Un manque de continuité tactique et des automatismes à travailler de zéro alors qu’il a eu les renforts qu’il souhaitait sont ce que beaucoup reprochent à l’entraineur parisien. Abus de faiblesse ou réelle conviction tactique, le 4-4-2 symbolise les interrogations autour de l’allemand. 2019 fut l’année du 4-2-3-1 avec Neymar en 10, 2020 sera donc l’année du 4-4-2 avec Neymar de retour sur l’aile.
Melvil Chirouze ( @iamxmelvil )