Génésio vs Valverde – Qui veut gagner en légitimité?
Au lendemain de la première manche de ce huitième de finale, un contraste saisissant opère entre la pauvreté du score et la richesse des enseignements qui découlent de la rencontre.
Si ce genre de rencontre est particulièrement prisé des joueurs dans leur quête de gloire personnelle, c’est bien du côté des entraineurs qu’il fallait se tourner hier au soir pour tirer les premières conclusions de cette confrontation. Vivement contestés par leurs supporters respectifs, les deux entraineurs entendent bien se servir du prestige de la Ligue des Champions pour redorer leur blason. Alors jouez avec nous à “Qui veut gagner en légitimité” entre nos deux candidats Bruno Génésio et Ernesto Valverde !
Tactique en entrée
Encore une fois, “Pep” a surpris son monde comme il en a pris l’habitude dans les grosses affiches en titularisant d’entrée Martin Terrier. Avec un peu de chance, la barre transversale se transformait en but et Génésio prolongeait de six ans dans la foulée. Mais la justesse de Terrier dans les sorties de balle et sa générosité dans l’effort valident un bon choix. Il faut ajouter à cela que si l’Olympique Lyonnais est souvent pointé du doigt pour sa défense carnavalesque, hier le système de l’entraineur a permis de faire le dos rond et de ne pas encaisser de but (si important à domicile). En effet, une charnière portée par Super Denayer et un Dubois conjugué au plus-que-parfait ont dégouté les barcelonais, sans oublier la prestation encore très aboutie de Lopes.
Le ciel n’est pas tout rose cependant, puisqu’au niveau de l’animation offensive ce fut presque inexistant et le choix de Memphis en meneur de jeu ne marquera pas l’histoire du foot. Ah et aussi, le duo Ndombélé – Aouar avait semble-t-il lancé l’opération porte ouverte au milieu en fonçant tête baissé vers l’avant, laissant un Messi se balader tranquillement au milieu. Tousart aurait pu apporter en densité au milieu à l’image de son entrée.
Bon maintenant Valverde … Par où commencer ? Pour comprendre le personnage, direction la conférence de presse d’après-match. À la question portant sur le choix du coach de sortir Ousmane Dembélé, pourtant le plus gros danger dans l’attaque barcelonaise, ce dernier répondit, en haussant les épaules : “C’est un changement classique … Je ne sais pas quoi vous dire de plus “. Ce choix pose vraiment question, puisque Dembélé posait de vrais problèmes à la défense lyonnaise et laissa place à un Coutinho qui aurait pu rester assis sans que cela ne se remarque. Et sans vouloir tirer sur une ambulance, entendre un coach incapable de justifier un changement est loin de rassurer sur le projet de ce dernier. De plus, bien qu’ayant la possession, celle-ci fut stérile et le tacticien ne trouva pas les clés pour donner du rythme et de l’efficacité au jeu catalan sans s’en remettre au génie argentin. Résultat : vingt cinq frappes pour zéro but. Davantage qu’un problème tactique, Valverde ne semble pas trouver les mots pour stimuler ses joueurs à l’mage de Suarez, dont la Grinta appartient aux vestiges du passé.
Avantage : Bruno Génésio
Le résultat, tout le résultat, rien que le résultat
Intéressons-nous au seul 0-0 du match d’hier pour départager les deux entraineurs sur ce point. Pour le coach rhodanien, le véritable exploit aurait été de s’imposer hier soir, mais on ne peut oublier que Barcelone faisait office de favori avant cette rencontre et que maintenir l’espoir à l’issue de ce match aller est déjà un bon résultat. Le coach a sans doute préféré ne pas prendre de but, comme l’illustre l’entrée de Tousart venu consolider l’assise défensive de l’équipe au moment où Barcelone insistait devant les cages de l’OL. L’absence de but à domicile fait néanmoins office de point négatif puisque poussés par leur public, les lyonnais auraient pu en profiter pour prendre un avantage avant le match retour. Mais encore une fois, l’espoir existe et c’est déjà une bonne chose.
Du coté blaugrana, analysons le paradoxe Valverde aussi connu comme le syndrome de l’autosatisfaction. Ce dernier affichait une certaine complaisance après le match bien qu’admettant la dangerosité de ce résultat. Bon après tout un entraîneur qui se réjouit du contenu plus que du résultat, cela peut faire penser à un héritier de l’école du beau jeu dans la lignée d’un Guardiola par exemple ! Sauf que lorsque le jeu n’est pas là non plus, ça commence à faire beaucoup … Parallèlement, le défenseur Lenglet exprimait quand à lui la déception du vestiaire contrastant ainsi avec les propos de l’entraineur. Et cela se comprend : ne pas marquer le “si précieux” but à l’extérieur en Ligue des Champions peut se révéler être un véritable inconvénient. D’autant plus lorsque l’on se nomme le F.C Barcelone, on ne peut se satisfaire d’un match nul et vierge à l’extérieur contre l’un des meilleurs tirages possibles en huitième de finale. À noter tout de même l’absence de but encaissé et plus largement une maîtrise globale des offensives lyonnaises.
Avantage : Bruno Génésio
Légitime sera le qualifié
Ce duel de légitimité n’aurait guère de sens si l’on ne prenait pas en compte la perspective de la qualification qui est tout de même le point d’orgue de cette double confrontation. Et l’analyse n’est soudainement plus la même.
En effet, Bruno Génésio devra concocter le plus gros exploit de sa jeune carrière d’entraineur pour se qualifier au Camp Nou à l’issue du match retour. Et lorsque l’on voit la série d’invincibilité de Barcelone à domicile (29 matchs sans défaites en Ligue des Champions, soit depuis 2013), un rire nerveux s’associe à l’idée de qualification de l’Olympique Lyonnais ! Mais attention, un nul peut suffire à Pep Génésio pour continuer son épopée européenne et devenir ainsi éternellement légitime au sein de son club. Après coup, deux semaines de répit serait déjà un exploit pour lui …
Et le jugement sera ici plus clément à l’égard de Valverde qui n’a pas été épargné depuis la première ligne de cet article. En effet, si Barcelone a besoin d’une victoire impérativement pour se qualifier au retour, cette hypothèse est tout à fait probable. Plus que probable, elle incarne le rationnel et l’inverse relèverait du surnaturel. Il peut être mis au profit du coach espagnol que la qualification se joue sur deux matchs et ainsi, qu’en dépit de l’aller, la réussite au match retour lui permettra de remplir son contrat en filant en quart. Voilà l’essentiel.
Avantage : Ernesto Valverde
En l’emportant deux manches à une, le vainqueur de cette confrontation entre coachs désavoués est ainsi Bruno Génésio qui tire profit de ce match aller. Mais le retour réserve son lot de surprises et pourrait bien se révéler fatal pour l’un de nos deux candidats.