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LA TRANSVERSALE
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La zone grise

Peut-on souhaiter la défaite de son équipe ?

  • 25 septembre 201929 septembre 2019
  • par Hayk Keshishian

Le 25 mai 2019, à Séville, se jouait la finale de Coupe du Roi opposant le FC Barcelone à Valence. Cette sixième finale consécutive pour le club catalan allait avoir lieu dans une ambiance particulière puisqu’une partie de ses propres supporters espérait une défaite de l’équipe, celle-ci étant supposée conduire au limogeage du critiqué coach Ernesto Valverde. Ce phénomène, qui apparaît comme contre-nature, n’est pourtant pas rare et touche plusieurs clubs chaque saison. Ce souhait du supporter est-il moralement condamnable ?

Entre trahison et sacrifice

La première réaction devant un supporter souhaitant la défaite de son club de cœur est d’y percevoir une forme de trahison. En effet, la définition même du supporter est celle de la personne qui encourage une équipe. Il est alors totalement paradoxal et contre-nature que ce même supporter espère l’échec de son club, et, indirectement, la victoire de son adversaire.

Pourtant, le supporter n’est-il pas le premier à être profondément affecté par la défaite de son équipe ? Aussi attendue soit-elle, la défaite provoque ce pincement au cœur inévitable lorsque le coup de sifflet final est donné par l’arbitre. Qu’elle entraîne l’élimination d’une compétition ou la perte de points au classement, elle propage ce sentiment amer qui met parfois bien longtemps à disparaître. En s’infligeant un tel supplice, le supporter n’accepte-t-il pas in fine de se sacrifier dans l’espoir d’un plus grand bien ?  

Un mal pour un plus grand bien

Le souhait de voir son équipe perdre n’est pas un acte gratuit, dénué de sens et simple conséquence du dégoût du supporter. Il est davantage un acte désespéré, un dernier espoir placé dans une défaite potentiellement salvatrice, un baroud d’honneur.    

Cette défaite, synonyme d’échec et antonyme de succès, est par définition un mal. Elle l’est du moins à court terme lorsqu’il s’agit d’une journée de championnat et devient définitive lorsqu’elle entraîne l’élimination d’une compétition. Mais ce mal ne peut-il pas être compensé ?

Première hypothèse, si la victoire est une « imposture » comme le considère Marcelo Bielsa, alors la défaite peut être la « sincérité » providentielle. En effet, celle-ci est un signal d’alarme. Elle met en lumière les défauts souvent masqués par les victoires et invite chaleureusement l’entraîneur et les joueurs à les corriger. Pour poursuivre sur l’exemple du Barça, les réussites en Liga au cours de deux dernières saisons, bien trop souvent permises par la présence d’un seul homme qu’il est devenu inutile de citer, ont fait de l’ombre aux importantes carences de l’équipe. Avec des résultats plus compliqués en championnat et reflétant honnêtement les prestations délicates, l’issue aurait peut-être été différente en ligue des champions.

L’autre hypothèse est plus radicale. Il arrive un stade où l’entraîneur, soit par ses résultats, soit par son style de jeu, n’est plus considéré comme apte à rester au club. Et il peut en être de même pour un autre dirigeant. Dans ce cas, l’ultime défaite présente l’espoir du limogeage de la personne désignée comme responsable de la mauvaise situation. On retrouve ici le scénario de la finale de Coupe du roi précitée, mais dont la conclusion n’a pas été entièrement celle espérée.

Un bien incertain

Le problème est bien celui de l’incertitude de la conséquence heureuse que la défaite est censée apporter. Ainsi, malgré la débâcle du FC Barcelone face à Valence, Ernesto Valverde a été maintenu à son poste. Or, si l’aspect positif de la défaite ne se produit pas, cette dernière conserve essentiellement un aspect négatif qui n’aura pas été compensé.

Ce souhait d’une défaite salvatrice est donc un sacrifice risqué au bout duquel l’échec peut être total. Néanmoins, motivé par le désir de voir son club réussir sur le long terme et animé par le désespoir devant l’absence de toute solution rationnelle, le supporter se montre prêt à prendre le risque, même si les chances sont infimes, à travers cet acte de dernière chance. Or, comme le disait Robert Kennedy, « seuls ceux qui prennent le risque d’échouer spectaculairement réussiront brillamment ». Dès lors, comment en vouloir à ce supporter ?

Putaclic

Le polo est-il vraiment un sport de riche ?

  • 23 septembre 201923 septembre 2019
  • par Louis d'Aramon

Alors qu’un des derniers matins de novembre laisse tomber quelques écharpes de brumes sur les coteaux de la banlieue de Chantilly, Balthazar de Baudreuil (27 ans) nous accueille dans son manoir familial. Nous tairons le lieu exact de la demeure centenaire, car « vous comprenez avec les camps de migrants et les Romanichels, le Cézanne du salon n’est plus à l’abri : la paix du christ c’est le dimanche à l’église Saint François avec un polo Ralph Lauren noué sur les épaules, pas dans mon jardin ».

Balthazar a pris contact avec notre rédaction pour tirer un coup de gueule. : depuis plusieurs mois quelques roturiers (avec parfois un nom en une syllabe) viennent polluer le club-house du Polo Chantilly Club. « Le polo est un sport de riche et ça doit le rester » lance-t-il après avoir congédié sa gouvernante. Il nous glisse  « elles sont formidables ces Philippines, elle paye les études de ses enfants avec les étrennes, vous saviez vous qu’il y avait des écoles aux Philippines ? ».

Après avoir pris une gorgée d’un modeste Château Petrus 1986, il reprend « vous comprenez, je n’ai rien contre les gens qui ne sont pas bien nés, c’est simplement que je les déteste. Ils empestent le mobilier Ikéa et le déodorant Axe, ça effraie les chevaux ! ». Puis, pensif, et effectuant un mouvement circulaire avec son verre, il murmure : « mais où trouvent-ils l’argent bordel de merde ? ». Il regarde les portraits taciturnes de ses ancêtres trônant sur les murs du salon, en quête d’approbation : « Hein oncle Philipe ? Où est-ce qu’ils la trouvent ? Je vois mal comment des smicards arrivent à acheter des pur-sang argentins avec la surface financière d’une épicerie à Barbès ! ». Il soupire. Mais soudain, une lueur illumine le regard vitreux du jeune rentier.

 « À moins que… » pense-t-il tout haut en se resservant un verre. À ce stade il est nécessaire de rappeler que Balthazar, après avoir redoublé deux fois sa première année à l’Ecole Hôtelière de Lausanne (il possède la double nationalité Suisse), a atterri dans le Mastère Spécialisé « Gobal Governance and Digital Banking » de l’ESCP Europe : le financement ça le connaît. Il reprend : « ….à moins que ces félons de banquiers chez Lazard continuent à proposer des doubles poneys roumains en leasing ». Il réprime alors un relent et vocifère « en tout cas ça me dégoûte ! Ils arrivent avec leurs pantalons beiges Zara et leurs maillets tout droit sortis de la Fnac éveil et jeux ! Ils l’ont trouvé où leur licence ? » – il hurle à présent – « DANS UN KINDER SURPRISE ? ».

Afin de calmer Balthazar nous l’interrogeons sur les moyens dont il dispose pour mettre fin à cette épidémie. « Écoutez j’avais bien pensé à remettre au goût du jour le droit de cuissage, mais je pense qu’il serait plus efficace de ré-instaurer la dîme pour les métayers et leur couper un doigt à chaque fois qu’une mensualité n’est pas honorée. Vous pouvez être certain qu’au bout de quelques mois ils ne pourront plus tenir un maillet ». Balthazar jette un coup d’oeil furtif à son Omega et s’écrie « Merde je rejoins Pap’s à l’hippodrome de Longchamps dans une heure, on va voir notre dernier poulain faire ses premières foulées. Il y a l’afterwork Jeuxdi après, vous prendrez bien quelques bouteilles de Minuty avec mes copains ! ». Nous refusons poliment et laissons Balthazar filer dans la Mini Cooper cabriolet de « Mam’s ».

Dans le TER retour en direction de Gare du Nord, entre lépreux, je conclus mon article avec aigreur et amertume : le polo n’est peut-être plus un sport de riche, mais c’est toujours un sport de con.

La zone grise

La fratrie Glazer : les propriétaires honnis de ManU

  • 20 septembre 201920 septembre 2019
  • par Paul Trinel

Pour les habitués du championnat français, les différents propriétaires des principaux clubs de Ligue 1 sont rarement des grands inconnus : médias et supporters se délectent d’histoires se concentrant sur les milliardaires, chefs d’entreprises, ou même fonds souverains à la tête des différents clubs de notre Ligue des talents. Nonobstant François Pinault, actionnaire majoritaire du Stade rennais qu’on retrouve assez rarement en première page des médias sportifs, force est de constater qu’à peu près tout le monde ayant une connaissance sommaire du football en France sait que le PSG « appartient au Qatar » (par l’intermédiaire de la branche sportive de son fonds souverain, Qatar Sports Investment) ou a déjà lu un tweet de Jean-Michel Aulas.

Même après le fameux huitième de finale retour en Ligue des Champions entre le Paris Saint-Germain et Manchester United (NB : sur lequel l’auteur de cet article ne souhaite pas revenir pour des raisons personnelles), on peut à l’inverse se faire la remarque que très peu de contenu est consacré de ce côté-ci de la Manche aux propriétaires des clubs de l’English Premier League, et a fortiori à ceux qui ont la mainmise sur le club qui a le palmarès le plus fourni de l’histoire du football anglais : les frères Glazer.

Curriculum vitae des Glazer Bros.

Issus d’une famille juive new-yorkaise, le patriarche des Glazers se nommait Malcolm (il est décédé en 2014), et c’est lui qui bâtit l’empire commercial de la famille Glazer. Il a tout du self-made man américain : après avoir vendu au porte-à-porte dans son enfance les montres que fabriquait son père, il développa ses affaires de joaillerie, avant de se lancer dans l’immobilier, puis de, progressivement, monter un véritable empire financier. À son apogée, la société holding des Glazer, First Allied Corp., dispose en effet de participations très variées : immobilier, industrie agroalimentaire, Harley Davidson, l’industrie pétrolière, etc…

En 1995, Malcolm Glazer fit ses premiers pas dans le monde fermé des propriétaires d’équipes de sport, lors de l’achat de la franchise de football américain des Tampa Bay Buccaneers. C’est alors qu’il réalisa un de ses premiers coups d’éclats : face à la perspective de voir la franchise des Buccaneers délocalisée de Tampa Bay, le conseil municipal de la ville vota pour la création d’un impôt indirect qui allait aider la construction du nouveau stade des Buccaneers. Déjà, les opposants des Glazers (Malcolm, et ses fils Joel et Avram) dénoncèrent une manoeuvre ayant permis aux propriétaires millionnaires d’une franchise de financer entièrement la construction d’un stade par un impôt sur la consommation des habitants de la ville.

Manchester is Red (Football Ltd.)

C’est au début des années 2000 que les Glazers ont jeté leur dévolu sur Manchester United. Le club représentait pour eux un investissement très intéressant, ayant une assise mondiale et une histoire glorieuse ; tout en paraissant disponible à un prix relativement abordable. Progressivement, les Glazers achètent les parts du club coté sur la Bourse de Londres. Malgré l’opposition virulente des supporters des Red Devils (c’est à cette époque qu’apparaît le slogan Love United, Hate Glazers, ou LUHG), les Glazers réussissent en 2005 à retirer le club du marché boursier.

En réalité, là où le bât blesse particulièrement pour les supporters mancuniens, c’est dans la façon dont les Glazers se sont emparés des actions du club, qui n’est pas sans rappeler des mauvais souvenirs aux habitants de Tampa Bay. L’objectif de l’opération ? Détenir 98% des actions, ce qui leur permettra de squeeze out les actionnaires minoritaires restant, c’est-à-dire de les forcer à vendre leurs actions. À ces fins, le véhicule d’investissement Red Football Ltd. a été créé ; et la technique du leveraged buyout, ou LBO, a été utilisée. Dans ce montage financier, l’entreprise acheteuse (ici, Red Football Ltd) va solliciter des fonds afin d’acheter un actif particulier (ici, Manchester United Football Club Limited) ; sauf qu’il est prévu que la première remboursera la dette sur les bénéfices de la seconde. Pour résumer, les Glazers, sans débourser un seul centime ou presque, ont acheté Manchester United en endettant le club à hauteur de 700 millions de livres.

Durant les premières années du club après le rachat, les finances de United pouvaient bénéficier de plusieurs circonstances favorables : l’explosion continue des revenus tirés des droits de retransmission télévisuelle ; l’exploitation jusqu’à l’outrance de son potentiel commercial par de nombreux contrats de sponsoring (parmi lesquels on pouvait dénombrer une marque de pneus, une bière thaïlandaise, du vin chilien) ; et enfin, de bonnes performances sur le terrain sous les dernières années du mandat de Sir Alex Ferguson, dont une Ligue des champions en 2008. Cependant, le montage financier ayant permis le rachat du club l’a grevé d’une charge de la dette colossale, ayant atteint les 70 millions de livres par an à la fin des années 2000.

Là se concentre toute la rancoeur des fans : sans avoir investi un seul centime, les Glazers se sont considérablement enrichis avec l’augmentation de la valeur de Manchester United, qui, selon une estimation de Forbes, valait en 2018 3 668 millions de dollars ; mais cela au prix d’une charge de la dette considérable limitant les possibilités de recrutement du club qui reste aujourd’hui le troisième club de football du monde en termes de revenus (666 millions d’euros en 2017-2018 selon le cabinet Deloitte, un chiffre qui ne s’invente pas…). Troisième fortune mondiale donc, pour un club qui depuis 5 ans n’a réussi qu’une fois à accrocher le podium de la Premier League, lors de la saison 2017-2018. À de nombreuses reprises durant l’intersaison, les fans du club mancunien ont déploré un manque d’investissement incohérent avec les revenus du club.

We shall not be moved

En septembre 2019, le Mirror déclarait laconiquement que les Glazers étaient satisfaits de la gestion de Manchester United par leur directeur général, Ed Woodward (qui lui-même s’est considérablement enrichi à la tête du club). Les fans désabusé du club au 42 trophées doivent donc continuer à faire le dos rond.

Une attitude qui n’était pas du goût de tout le monde. On se souvient en effet qu’en 2010, un groupe de personnalités plutôt aisées (banquiers d’affaires, avocats associés …) dénommé les Red Knights avait mis sur la table une offre d’un milliard de livres pour racheter le club. Les Glazers ont fait la sourde oreille, et le plan a échoué, aux désarroi des fans qui avaient fait connaître leur soutien pour l’opération.

Par ailleurs, en 2005, certains supporters sont jusqu’à aller créer un club semi-professionnel, le F.C. United of Manchester. L’initiative, bien qu’intéressante, n’a pas été du goût de toute la communauté des Red Devils, et leur loyauté fut même questionnée par Sir Alex Ferguson himself. Ils jouent aujourd’hui en Northern Premier League, le 7ème échelon du football anglais.

De glorieux succès sur le terrain auraient peut-être pu faire passer la pilule Glazer aux supporters mancuniens. Cependant, le Manchester United F.C. n’est pas, c’est le moins qu’on puisse dire, dans la forme de son histoire ; ce qui met en exergue la gestion du club d’Ed Woodward. Un passionné de football ne peut que s’attrister du destin du plus grand club d’Angleterre, devenu la proie de ce qui peut être décrit comme un amalgame des pires dérives du foot business du XXIème siècle. L’auteur de cet article sait comme tout un chacun que les clubs de foot sont loin d’être des œuvres de charités, et que ce sont avant tout des entreprises à but lucratif ; mais comment ne pas regretter que le monument qu’est United ne soit devenu (en forçant certes le trait) qu’une vulgaire machine à fric, destinée à permettre aux frères Glazers de rembourser la dette qu’ils ont eux-même contractée pour l’acquisition du club ?

Paul Trinel

Coachs sans diplôme

Identité de jeu et résultats

  • 17 septembre 201916 septembre 2019
  • par Malcolm Ali Fils
Le football moderne et ses impératifs financiers forcent les clubs à obtenir des résultats sur le court-moyen terme afin d’assurer leur pérennité. Pour se faire, les clubs se structurent à trois niveaux. Le président se charge de déterminer les objectifs du club. Quant à la cellule sportive, elle se charge de la stratégie, c’est-à-dire de mettre en place un plan qui permette sur le moyen/long terme de remplir les objectifs, et de la tactique qui est la chasse gardée de l’entraineur. Il s’agit là d’appliquer la stratégie décidée en amont sur le court terme, c’est-à-dire à l’échelle des matchs. Quelques rares clubs vont plus loin dans cette mise en place stratégique, la rendant ainsi imperméable au temps et aux changements au sein du club. Ces rares clubs ont mis en place une identité de jeu.  
Qu’est-ce que l’identité de jeu ?

Il est tout d’abord important de différencier les notions d’identité de jeu et d’idée/philosophie de jeu.

Ces deux notions ont en commun qu’elles se définissent via des paramètres communs, la manière dont l’équipe choisit d’attaquer (degré de possession, degré de verticalité, largeur…) et la manière dont l’équipe choisit de défendre (hauteur du bloc, pressing, largeur, type de marquage et dans le cas d’un marquage de zone ou d’un marquage mixte, le référentiel).

La différence se situe à notre sens dans le fait que la notion d’identité se rapporte à l’unité. Nous pourrions également utiliser le terme d’ipséité. En effet, une équipe ayant une identité de jeu verra celle-ci la définir. De plus, l’identité de jeu prévaut sur les entraineurs successifs, même si ces derniers peuvent l’altérer pour le meilleur et pour le pire.

A l’opposé, l’idée/philosophie de jeu n’est pas pérenne. Elle est le fruit de l’entraineur en place et lorsque celui-ci est remplacé, celle-ci est aussitôt mise au placard. Cependant, lorsqu’un entraineur marque un club par sa philosophie de jeu, cette dernière peut être érigée comme identité de jeu et perdurer avec en perspective des résultats convaincants…

Mise en place et résultats

La mise en place d’une identité de jeu nécessite des investissements lourds pour les clubs. Cela représente un investissement financier, un investissement humain mais aussi et surtout un investissement temporel. Or, le temps est une ressource rare dans le football professionnel. En effet, cette dernière ne se met pas en place du jour au lendemain. 

Des clubs tels que l’Ajax d’Amsterdam, le FC Barcelone ou le FC Nantes ont vu leur identité de jeu être impulsé respectivement par Rinus Michels (1965-1971 et 1975-1976), Johan Cruijff (1987-1996) et José Arribas (1960-1976). Pour les deux premiers clubs, l’identité de jeu mise en place est toujours d’actualité tandis que pour le dernier cité celle-ci a disparu sur le terrain mais existe encore dans les mémoires. Ces différentes identités de jeu ont ramené à leurs clubs respectifs des C1, des C2, des C3, des championnats nationaux et des coupes nationales. 

AFP

Le parti pris d’adopter une identité de jeu nécessite un investissement humain et financier important, car il s’agit là de restructurer un club autour d’idées communes pour de nombreuses années. La manière d’appréhender le jeu doit être la même entre les équipes de jeunes et l’équipe première afin d’avoir un vivier de joueurs compatibles avec l’identité de jeu prônée. Il est donc nécessaire d’avoir au sein du club des entraineurs et des éducateurs dont le profil est là aussi compatible avec l’identité de jeu souhaitée. Ils devront s’investir humainement car la mise en place d’un projet d’une telle ampleur nécessite une certaine cohérence dans les décisions de la cellule sportive. Les transferts de joueurs nécessitent plus qu’habituellement une exigence quant aux profils, ils devront parfaitement assimiler l’identité de jeu et s’intégrer dans l’effectif déjà en place. 

Une condition qui n’est pas sine qua non

Les clubs ayant une identité de jeu ont pour la plupart, d’une part, atteint les objectifs escomptés et ceci sur le long terme, et d’autre part, marqués l’histoire en arrivant là où on ne les attendait pas forcément, en glanant des titres et en marquant l’esprit des amateurs de football. 

Pourtant, il ne s’agit pas d’un modèle commun malgré des résultats probants. Il fait plutôt état d’exception dans le football moderne. En effet, tous les clubs ne disposent pas du temps, des finances ou des éléments humains nécessaires à la mise en place d’un tel modèle. Cela n’empêche pas ces clubs de mettre en place un jeu digne de rester dans les mémoires, ni de gagner des titres. Ils se tournent vers d’autres modèles, sans doute moins stables mais tout aussi efficace. En témoigne le Real Madrid, club sans identité de jeu, qui a connu autant de philosophie de jeu que d’entraineur mais qui sur ces dernières années a toujours eu les armes pour lutter contre son némésis le FC Barcelone, premier club qui vient à l’esprit lorsque l’on parle d’identité de jeu.

La zone grise

De l’Esprit des lois du football

  • 16 septembre 201930 septembre 2019
  • par Hayk Keshishian
Pas une journée de football ne passe sans qu’une polémique ne surgisse autour d’une décision arbitrale liée à une main dans la surface ou à un hors-jeu de quelques millimètres. Au cours de ces débats intenses, chaque participant pense détenir la solution du litige en citant la règle – souvent inventée – qui aurait dû être appliquée par l’arbitre. Le spectacle est amusant, parfois frustrant, surtout lorsque les commentateurs eux-mêmes s’aventurent en direct dans des explications sur la seule et unique loi applicable. Or, en réalité, la lettre de la règle a une importance relative, celle-ci devant être nécessairement appliquée conformément à l’esprit des lois du football.
La nécessaire interprétation des règles

Puisqu’on se permet d’emprunter le titre du célèbre ouvrage de Montesquieu1, on va faire ici un court passage par la théorie générale du droit.

Le caractère général et abstrait de la règle de droit, en ce qu’elle entend prendre en compte des situations générales et non des cas particuliers, impose à celui qui doit l’appliquer – en principe le juge – de l’interpréter. Les lois du football, telles que rédigées par l’International Football Association Board (IFAB), n’échappent pas à ce principe. En effet, bien que déjà assez précises, elles ne peuvent encadrer toutes les situations possibles et imaginables, et laissent souvent une marge d’appréciation à celui en charge de les appliquer, l’arbitre.

Prenons un exemple pour mieux comprendre. La règle relative à la faute de main (loi 12) dispose qu’il y a faute dans trois situations, qui peuvent offrir soit une liberté d’appréciation à l’arbitre, soit une part d’interprétation de la règle elle-même :
• Le joueur touche délibérément le ballon de la main : l’appréciation de l’intention du joueur dépend donc de l’arbitre.
• Le joueur récupère la possession du ballon après avoir touché le ballon de la main et se crée une occasion de but ou en marque un : ici, l’arbitre définit ce qu’est ou non une occasion de but.
• Le joueur marque directement de la main : même là, le caractère « direct » peut subir différentes interprétations.

De manière encore plus flagrante, cette disposition poursuit en décrivant d’autres situations qui constituent « en général » une faute ou ne constituent « en général » pas une faute. Dans ces différents cas, l’arbitre dispose donc d’une liberté d’interprétation quasi-totale puisqu’il n’est pas contraint par une solution systématique. Cette liberté laissée à l’arbitre n’est toutefois pas une faille des lois du jeu mais simplement le reflet de la complexité, et la beauté, de ce sport qui est loin d’être mécanique. Dès lors, la question qui se pose est celle de savoir comment interpréter les règles du football.

L’esprit des lois du football

L’interprétation des règles de droit peut se faire de différentes manières. Pour simplifier, on peut identifier deux grandes catégories. La première est celle des méthodes d’interprétation intrinsèque, qui se réfèrent essentiellement au texte de la loi ainsi qu’à l’intention des auteurs. La seconde est celle des méthodes d’interprétation extrinsèque2, qui utilisent des éléments extérieurs, afin de prendre notamment en compte l’évolution de la société. Or, concernant les lois du jeu, celles-ci sont actualisées très régulièrement – la dernière version datant de 2019 – et il est dès lors moins compliqué de tenir compte de l’intention des auteurs et de manière générale de l’esprit de ces règles.

Mais quel est cet « esprit » ? Ce sont les raisons pour lesquelles les règles de ce sport ont été instaurées, leur raison d’être. On ne va évidemment pas s’aventurer dans une analyse une par une de la « ratio legis »3 de chaque loi mais on se concentrera sur les deux plus sollicitées, celles qui alimentent les débats chaque semaine.

La faute de main. – A la lecture du texte des lois du jeu relative à la faute de main, on s’aperçoit que celle-ci entend sanctionner l’avantage perçu par un joueur à travers l’utilisation, volontaire ou involontaire, de sa main. Cet avantage peut être soit la création d’une occasion pour un joueur en position d’attaque, soit au contraire l’annihilation d’une occasion pour un joueur en position de défense. Ainsi, pour qu’une faute de main à l’intérieur de la surface entraîne un penalty, et sauf le cas où la main était complètement collée au corps, l’arbitre devrait se poser comme unique question « cette main a-t-elle empêché une action de but ? » Pourtant, les dernières décisions semblent loin de respecter cet esprit…4

La règle du hors-jeu. – Si elle a été peaufinée depuis sa création en 1863, cette règle a toujours eu le même objectif : sanctionner une position trop avantageuse pour un attaquant et considérée à ce titre comme illicite. Cette position est caractérisée aujourd’hui dès qu’un joueur se trouve « dans la moitié de terrain adverse et plus près de la ligne de but adverse que le ballon et l’avant-dernier adversaire. » Néanmoins, lorsque cette position semble peu évidente (ex. seule une tête dépasse, ou seulement quelques centimètres), l’arbitre devrait apprécier la situation en prenant en compte le seul esprit de la règle, et non une application stricte du texte. Autrement dit, l’arbitre devrait se poser la seule question : « cette position a-t-elle avantagé le joueur au détriment de l’adversaire ? ». Dès lors, on a dû mal à comprendre le raisonnement des arbitres lorsqu’un hors-jeu de quelques centimètres est sanctionné.

Une présomption de légalité

Pour que la conformité à l’esprit des règles du football soit totale, un autre principe doit être respecté : celui de la présomption de légalité. Autrement dit, il s’agit de considérer qu’une action – comme un ballon reçu par un attaquant dans une position intéressante, un tacle d’un défenseur, ou un contact du ballon avec le corps d’un joueur – est licite tant que son contraire n’a pas été démontré. Plus simplement, cela revient à dire que le doute doit profiter au joueur accusé d’avoir commis un acte en violation des règles du jeu. Dès lors, lorsqu’un hors-jeu est contestable, la balance doit pencher vers l’absence de hors-jeu. De même lorsqu’il n’est pas sûr qu’une main ait annihilé une action de but, celle-ci ne doit pas être sanctionnée. Une solution similaire doit également s’appliquer en cas de tacle litigieux. Ce principe peut certes aboutir à ce qu’un acte non autorisé ne soit pas sanctionné, tel qu’un penalty non accordé à tort, mais cette situation reste davantage tolérable que l’inverse, c’est-à-dire un acte autorisé sanctionné à tort, tel qu’un penalty accordé pour une faute inexistante ou encore un hors-jeu sifflé de manière incorrecte.  

En conclusion, l’esprit des lois du football doit être la boussole guidant l’ensemble des décisions arbitrales. Et si la mise en place de l’assistance vidéo à l’arbitrage ainsi que les récentes décisions semblent nous conduire vers un football davantage mécanique, qui se contenterait d’appliquer de manière systématique et rigoureuse les règles du jeu, les amateurs de ce sport ont tout intérêt à ce que cette tendance se renverse.

1. Montesquieu, De l’Esprit des lois (1758) 
2. Voir les oeuvres de Saleilles et Gény
3. La ratio legis signifie la raison d’être de la loi
4. Par exemple, la main de Kamara de l’OM face à Monaco lors de la 5ème journée du championnat

Crédit photo : sport24info.ma

Coachs sans diplôme

Le pragmatisme, l’arbre qui cache la forêt tactique

  • 15 septembre 201916 septembre 2019
  • par Malcolm Ali Fils
Lorsqu’une idée de jeu mène à plusieurs victoires, cette dernière devient le paradigme dominant dans le football. Nous avons alors deux types d’entraineurs: ceux qui cherchent à l’imiter pour gagner à leur tour et ceux qui cherchent à s’y opposer afin de mieux le contrer. Le trait est souvent grossis à tort, afin d’englober les entraineurs qu’on ne peut classer dans les deux catégories précédentes, il s’agira donc d’une lutte entre les romantiques et les adeptes de la culture du résultat. Les entraineurs rentrant dans cette dernière catégorie seront nommés les pragmatiques. Parfois ces luttes intestines se matérialisent autour de deux entraineurs comme ce fut le cas pour Menotti et Bilardo en Argentine au siècle dernier ou Guardiola et Mourinho plus récemment. Le mot pragmatisme est utilisé par de nombreuses parties prenantes du football, parfois à raison et souvent à tort. Dans ce cas, qu’est-ce qu’un entraineur pragmatique ? 

Une définition adaptée au football 

Le pragmatisme correspond à l’attitude de quelqu’un qui s’adapte à toute situation, qui est orienté vers l’action pratique. Le pragmatisme est peu ou prou l’opposé du romantisme qui est un comportement, un caractère de quelqu’un qui se laisse dominer par l’imagination et se passionne pour les entreprises, généreuses mais utopiques. A première vue il serait donc juste d’opposer pragmatique et romantique. 

Cependant, le métier d’entraineur de part ses prérogatives s’accorde plus avec la première définition qu’avec la seconde. En effet peu importe la stratégie/idée de jeu mise en place, la tactique qui en découle doit remplir deux impératifs selon C. Ancelotti. D’une part, un système tactique idéal doit être concret, c’est-à-dire qu’il doit s’adapter aux joueurs disponibles et les mettre dans les conditions adéquates afin qu’ils puissent exprimer de manière optimale leurs qualités. D’autre part, celui-ci doit être efficace, ce qui regroupe le fait d’être équilibré, d’être flexible – plus précisément de s’adapter aux exigences du match et aux différentes dispositions tactiques des adversaires – et être rationnel, ce qui se rapproche des caractéristiques d’un système tactique concret. 

AFP

Un entraineur qui prétend au haut niveau ne peut donc être un romantique car cela rentre en totale opposition avec le système tactique idéal. De plus, nombreux sont les entraineurs arrivés dans des clubs avec des idées de jeu et des systèmes préconçus et qui ont dû les modifier afin de s’adapter à l’effectif en présence et leurs qualités. Dans le football, le pragmatisme ne prend donc aucunement en compte le paradigme de l’entraineur et il n’existe pas de réelle opposition avec le romantisme qui est marginal. 

Le romantisme n’existe pas au haut niveau

Afin de vaquer au mieux à leur mission – gagner des matchs – les entraineurs se doivent d’être pragmatique. Le romantisme n’existant qu’à la marge, nous nous devons de qualifier les protagonistes de cette lutte intestine au football autrement. Celle-ci peut être qualifiée d’opposition entre le jeu de position, dont l’idée principale réside dans l’attaque placée/la possession de balle, et le jeu de transition, qui se base sur les transitions offensive rapide/la contre-attaque. 

Les adeptes du premier furent ceux qu’on qualifiait de romantique tandis que les autres furent qualifiés de pragmatique. Cependant, le jeu de position ne déroge pas à la règle du pragmatisme. Sa mise en place nécessite de respecter les conditions précédemment évoquées d’un système tactique idéal. Il ne s’agit pas uniquement de se lancer à l’attaque de manière inconsidérée, de chercher l’esthétisme à tout prix, de défendre haut afin de satisfaire un idéal offensif. Il s’agit de maximiser ses chances de marquer et donc de gagner. Au-delà de l’adaptation, cette démarche s’inscrit dans une recherche de ce qui fonctionne effectivement afin d’atteindre la victoire. Le fer de lance du jeu de position, Pep Guardiola, se considère lui-même comme un pragmatique. Les adaptations et les évolutions de son style de jeu en fonction du championnat et des joueurs à disposition vont dans le sens de cette affirmation.

Reuters

Le choix de l’un ou l’autre paradigme, variantes comprises, est surtout régi par la voie que l’on pense la plus efficace pour gagner et les joueurs qui sont à disposition. Ce choix n’a donc rien de romantique même si d’autres paramètres rentrent en compte, tels que la sensibilité de l’entraîneur ou les envies du public, qui eux peuvent s’apparenter à une réminiscence romantique dans un monde qui n’y est pas adapté. 

 Pour gagner un match de football, il faut marquer, et pour marquer il faut avoir le ballon. A l’instant t, si je veux marquer, il me faut le ballon dans les pieds, sans vouloir enfoncer de portes ouvertes. Donc, à une échelle de tout un match et non plus simplement au moment t, en ayant une très grande possession de balle, j’augmente mes chances de marquer. Dans le même temps je réduis également les chances de l’adversaire de marquer puisque lui-même, pour marquer, devra avoir le ballon. L’analyse et la démarche ne prenne nullement en compte le style de jeu, la beauté ou la qualité du spectacle à offrir aux observateurs. Le but du jeu est de gagner, et c’est strictement cela qui motive la manière de jouer, rien de plus. La manière de faire n’est qu’un moyen. Le style n’est que le comment, pas le pourquoi.

– Pep Guardiola 
Coachs sans diplôme

Les enseignements du feuilleton Neymar JR

  • 14 septembre 201916 septembre 2019
  • par Melvil Chirouze
Lors de l’été 2017, le dossier Neymar avait tenu en haleine tout le monde du football jusqu’à sa signature au Paris Saint-Germain le 3 août. Deux ans plus tard, la saison estivale et son traditionnel marché des transferts ont une nouvelle fois été marqués par l’avenir du joueur brésilien, alimentant chaque jour les articles de presse et les discussions. Mais contrairement à l’épisode 2017, l’épisode 2019 fut bien moins passionnant à suivre, tout du moins sur le plan moral. Une semaine après la fermeture du mercato, certains enseignements peuvent néanmoins être tirés sur ce feuilleton sans précédent qui aura vu finalement Neymar rester au sein du club parisien.
Une presse internationale sans limites

On le sait, la période des transferts est une période vaste pour les journalistes. Des rumeurs, des enquêtes, des infos exclusives, le mercato est un intermède également intense au cours d’une saison pour la presse. Mais alors que cette dernière connait une grave crise de confiance chez son lectorat à cause notamment d’un traitement de l’information parfois peu professionnel et peu moral, le cas Neymar n’a pas permis de redorer sa réputation. Pire, elle semble en jouer et elle a trouvé dans le feuilleton de l’été, le parfait mélange pour satisfaire ses intérêts. Mais quels sont les intérêts d’un média ? On pourrait penser qu’avant tout c’est d’informer de manière impartiale le lecteur. Du moins, en France, puisqu’on sait qu’en Espagne, un autre type de journalisme s’exerce, où la prise de points de vue objectif ou non est bien encrée dans les moeurs.
Aujourd’hui, on peut cependant s’interroger si l’objectif d’information est LA priorité des journalistes au sein de leur rédaction. On peut affirmer que la recherche de buzz et donc d’un plus large public est devenue commun au détriment de la qualité et de la véracité de l’information relayée.
Le suivi des envies de départ de Neymar n’y a pas échappé et a même atteint son paroxysme.

Tout au long de l’été, les médias spécialisés du monde entier ont consacré quasi-quotidiennement un article relatif à l’avenir de l’ancien joueur de Sao Paulo. Avec à chaque fois, un contenu toujours plus inventif. Il faut savoir que dans un dossier aussi important et complexe que celui-ci, avec une dimension sportive mais aussi commerciale, peu de personnes participent aux négociations.
On peut surement les compter sur les doigts de deux mains. Les présidents des deux clubs concernés, le joueur et son entourage proche, et les intermédiaires de confiance. Au regard des enjeux, il serait impensable que ces personnes là trahissent les négociations en dévoilant tout type d’informations en lien avec le potentiel transfert du joueur.
Mais de l’autre coté, les médias ne peuvent rester silencieux en attendant le dénouement de l’affaire. Bloquées, les diverses rédactions sont dans l’obligation de monter de toutes pièces un scénario, avec toujours en tête la vente d’un maximum de papiers. Et c’est là où la morale disparait. Le rationnel et le probable ne vendent pas, il faut du sensationnel et de l’original.
C’est pour ces raisons que durant l’été, un nombre incalculable de prétendus informations est sorti dans la presse concernant les modalités du transfert du brésilien. On ne peut tous les citer tellement les éléments s’inter-changeaient à chaque fois. Il comprenait pour le Barça une certaine somme d’argent avec l’ajout de joueurs comme Démbélé, Coutinho, Rakitic, Vidal, Semedo, Todibo, rien que ça. Coté Real, le procédé était le même avec une forte somme d’argent et l’ajout de joueurs comme Bale, James, Isco ou encore Navas. On a également eu le droit à un prêt de Flamengo ! La palme d’or pourrait également revenir au journal qui a annoncé que Neymar était prêt à mettre 20M de sa poche pour forcer son départ. Quand le ridicule ne tue pas…
Il y avait peut être une part de vérité parmi ce flux de rumeurs mais il parait impensable que chaque jour, les dirigeants parisiens recevaient de telles propositions.

On peut donc clairement pointer du doigt des méthodes journalistiques peu éthiques et peu reluisantes pour l’image de ce métier. Mais les journalistes profitent d’une société peu avertie et demandeuse d’infos toujours plus détonnantes, et ce même en l’absence de vérité. Ils sont également utilisés consciemment et inconsciemment par les clubs pour faire passer un message ou pour faire pression sur telle ou telle partie. Le dossier Neymar en a donc été le parfait symbole, desservant ainsi les valeurs humaines du football et l’essence du jeu qui doit se jouer uniquement sur le terrain.

Un joueur prêt à tout pour partir

Depuis son arrivée au PSG, le comportement de Neymar est scruté à chaque instant. Durant sa première année, certains l’ont senti loin d’être adapté à son nouveau club et sa nouvelle ville d’adoption. Suite à l’arrivée du coach allemand, Thomas Tuchel, une embellie a été aperçu très nettement sur le visage du brésilien qui se disait « prêt à mourir » pour son entraineur et n’hésitant pas à embrasser l’écusson de son club. Mais à chaque fois, rien ne se passait comme prévu, la faute à deux blessures à la cheville, l’éloignant des terrains plusieurs mois deux saisons de suite.
On peut également citer ses affaires judiciaires contre son ancien club, le FC Barcelone, avec une mannequin brésilienne l’accusant de viol ou avec le provocant supporter rennais. Pour un homme aussi humain et émotif que Neymar, ses ennuis sportifs et extra-sportifs ne pouvaient pas rester sans conséquences. Alors que son avocat était présent à Paris en fin de saison dernière pour évoquer une prolongation, l’accumulation d’événements fâcheux à son encontre a semble-t-il finit par convaincre Neymar que la meilleure solution était de partir loin de Paris. En cas de départ, sa destination de prédilection fut un retour à Barcelone. Une fois sa décision prise, ses différents conseillers comme Pini Zahavi ont exercé un lobbying constant auprès du board barcelonais pour convaincre ce dernier que son recrutement était devenu une nécessité. Tout comme ses anciens coéquipiers et amis, Luis Suarez et Messi, qui ont révélé ouvertement leur désir de revoir le brésilien parmi eux. Malgré des finances peu prospères, ce travail se révéla fructueux et les dirigeants du Barça ont peu à peu pris contact avec leurs homologues parisiens. Pendant ce temps-là, le numéro 10 de la Selecao s’est mué dans son silence afin de ne se fermer aucune porte en cas d’échec des négociations. Il n’aurait en effet pas été insensible à un possible envol vers une autre capitale, celle d’Espagne où Florentino Perez lui fait la cour depuis des années. Mais, il ne s’empêcha pas, lors de ses quelques rares apparitions médiatiques, à forcer un peu plus son départ comme lors de la fameuse interview où il déclare que l’un de ses souvenirs les plus mémorables est la remontada… du Barça contre le PSG. Etrange timing mais pas anodin. Son souhait de partir doit être respecté mais il y a meilleur manière pour le faire, surtout quand on pense à tout ce que le club et les supporters ont pu faire pour lui. Sportivement, un départ lors de ce mercato de Neymar aurait encré à jamais son aventure parisienne comme un échec. Il lui reste donc au moins une saison pour retrouver ses ambitions en commun avec celles du PSG et ainsi reprendre le fil de sa carrière.

Crédit : Anne-Christine Poujoulat / AFP

Un Leonardo imperturbable

Revenu après 6 ans d’absence, Leonardo, nouveau directeur sportif du PSG, n’a pas eu un été facile à gérer pour son retour. Outre une institution à renforcer et une image à redorer, le brésilien se devait de réaliser un mercato au niveau des attentes des supporters et des besoins du club. Si l’on prend en compte l’énergie et le temps dépensés dans l’affaire Neymar, on ne peut que le féliciter avec les arrivées entre autres de Navas, Icardi, Gueye et Sarabia. Car, la gestion du numéro 10 parisien n’a pas été de tout repos. Entre un joueur et son entourage prêts à tout pour partir, la pression des dirigeants qataris et le peu d’offres intéressantes reçues, « Leo » n’avait pas le droit à l’erreur. Par sa communication et son sens de la négociation, il a préservé les intérêts du PSG tout au long de l’été. Surtout, que le potentiel départ de la star brésilienne n’était pas qu’un enjeu sportif, l’image du PSG et donc du Qatar était en jeu dans ces négociations, d’autant plus qu’elles étaient menées avec leur nouveau rival catalan.
Finalement, l’ancien milanais a gardé un cap clair et n’a pas cédé face aux pressions des diverses parties et de leurs offres, et ce même si cela entrainait la conservation un an de plus d’un joueur non content de sa situation au club. Malmené depuis plusieurs années, le club parisien ressort clairement vainqueur de ces négociations en s’étant montré ferme à la fois face au clan Neymar et face aux cadors européens. L’Europe est désormais prévenue et Paris peut d’ors et déjà remercier son directeur sportif. Une « victoire » qui en appelle d’autres pour reconstruire et forger une solide réputation au club de la capitale.

Crédit : Fred Dugit / Le Parisien

Une division au sein des supporters et un lien à rétablir entre le joueur et eux

L’été est synonyme de vacances mais même en vacances, les supporters de football ne mettent pas en parenthèses leur club. C’est ainsi que le cas Neymar a alimenté les débats au sein des supporters parisiens. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que tous les avis étaient loin d’être partagés par tous. On a souvent retrouvé des positions extrêmes comme en témoigne certains Ultras d’Auteuil et leurs banderoles hostiles et insultantes envers leur joueur et les fans inconditionnés du brésilien sur Twitter avec le #LeCheminDuROI. Alors, quand le mercato a fermé ses portes et que l’ancien du Barça était encore dans les rangs du PSG, sa réhabilitation auprès des supporters parisiens a forcément posé question. En marge de la réception de Strasbourg, une divergence est née, sous fond de liberté d’expression, entre le CUP et le club. Le premier voulant réaffirmer son hostilité à l’égard de leur star quand le second voulait calmer le jeu. La solution viendra peut être par la voie du consensus entre fermeté et ouverture. Les dirigeants parisiens auront pour rôle de rétablir l’image de leur joueur en dictant une démarche à suivre où Neymar ne pourra objecter. Ce dernier devra faire preuve d’un professionnalisme sans précédent s’il veut reconquérir les coeurs de ses supporters. Cela passera par une communication sincère et claire ainsi que de grandes prestations sur le terrain. Après cela, peut-être que la partie réfractaire à son égard pourra entrevoir le chemin de la réconciliation. Car la présence de Neymar au PSG doit être une chance et non un fardeau. Le natif de Mogi Das Cruzes a trop souvent fait parler de lui en dehors des terrains ces derniers temps et beaucoup ont oublié qu’il était un Top 3 mondial lorsqu’il était en possession de ses moyens. La réconciliation passera donc par les terrains et en dehors où Neymar n’aura plus la légitimité de demander autant de privilèges qu’il n’a eus jusqu’alors.
Toutes les parties ont ainsi les cartes entre leurs mains et chacun devra mettre du sien pour défendre un interêt commun : celui du PSG.

Crédit : Arnaud Journois / Le Parisien

 

Melvil Chirouze ( @iamxmelvil )

Coachs sans diplôme

Bilan du mercato du PSG (Partie I)

  • 10 septembre 201916 septembre 2019
  • par Melvil Chirouze
Avant l’ouverture du mercato estival, nous avions dressé le mercato « idéal » du PSG en vue de la saison 2019-2020. Après de nombreux échecs sur la scène européenne et des tensions en interne, il était temps de donner un nouveau souffle au projet parisien.
Le 2 septembre dernier, le marché des transferts s’est refermé et il est désormais l’heure de faire le bilan. Pari réussi ou pas ? Verdict dans cette première partie qui s’intéresse exclusivement à la sphère dirigeante du club parisien.
Un club repris en main par Leonardo, Nasser en retrait

On ne peut aborder cette intersaison sans commenter le retour de Leonardo en tant que directeur sportif. Intronisé dès le début de l’été, le brésilien revient au poste qu’il avait quitté 6 ans plutôt suite à sa suspension pour avoir bousculé un arbitre. Accueilli en sauveur, « Léo » avait la lourde tâche de redorer l’image du club parisien et de lui donner une cohérence sportive.
Cette arrivée a été accompagnée par une sortie médiatique offensive du président Al-Khelaifi dans France Football où il trace les contours du nouveau fonctionnement du PSG, souhaitant mettre fin aux privilèges régnant au club. Cette prise de conscience, salutaire bien que tardive, s’ajoutant à la prise de fonction de Leonardo était nécessaire. Dans notre article précédent, nous disions du président du PSG qu’il était « incapable de se montrer ferme et d’assurer le respect de l’institution PSG donnant l’image d’un président passif et trop tendre avec ses joueurs ». Cette époque semble donc en théorie révolue pour le plus grand soulagement des supporters parisiens, lassés de voir leur président protéger des joueurs capricieux.
Avec Leonardo, « NAK » peut désormais se délester de certaines responsabilités car il sait que le brésilien sait parfaitement, et bien mieux que lui, gérer un vestiaire comme celui du PSG mais aussi négocier les arrivés et les départs nécessaires pour le club. Un semblant de hiérarchie et de partage des responsabilités voit donc le jour à l’inverse des saisons précédentes où chacun faisait ce qu’il voulait. On a d’ailleurs vu à travers le feuilleton Neymar, toute la maitrise et la défense des intérêts parisiens faites par Leonardo. A l’aube du nouvel exercice, l’optimisme peut désormais régner. D’autant plus que le nouveau directeur sportif a confirmé dès sa prise de fonction le maintien de Thomas Tuchel au poste d’entraineur, un choix logique et impératif même si on sait que Leonardo ne serait pas contre, dans le court-moyen terme, la venue de Massimiliano Allegri. L’entraineur allemand, choix de Doha, dispose donc d’une certaine confiance de son directeur sportif, lui qui était en conflit permanent avec Antero Henrique. Henrique OUT, Leonardo et Tuchel IN, Nasser en retrait, le remaniement des dirigeants s’est fait dans le bon sens cet été au PSG.

Crédit : Fred Dugit / Le Parisien

Un secteur médicale repensé

Le domaine médical était également un des « maux du PSG » que nous avions pointé du doigt dans un précédent article avec en tête de liste, le Professeur Rolland et ses méthodes douteuses. Au club depuis 2007, il avait été dans un premier temps écarté du banc du PSG lors des matchs du club parisien. Au début de l’été, il a été licencié pour faute grave et remplacé immédiatement par Christophe Baudot, ancien médecin de l’OM et de l’OL. Les blessures à répétition de joueurs comme Verratti et le manque de confiance des cadres du vestiaire, qui préféraient faire appel à des médecins personnels, montraient qu’il n’était plus l’homme de la situation. Cristiano Eirale, très proche de la sphère qatari, intègre également le staff médical avec pour mission la coordination des services médicaux de l’ensemble des sections sportives du PSG. Ces changements de direction devront permettre de retrouver plus de professionnalisme et surtout endiguer les blessures récurrentes des joueurs.
Ce n’est pour le moment pas encore le cas puisque depuis le début de saison, Kehrer, Meunier, Draxler, Cavani, M’bappé ont déjà séjourné à l’infirmerie. L’avenir nous dira si ces arrivants sont à même de remplir leur mission mais le départ du Docteur Rolland n’est que louable.

Crédit : Alexandre Dimou / Icon Sport

A venir dans la seconde partie, le bilan du mercato du PSG sur les joueurs, avec l’analyse poste par poste des arrivées et des départs.

 

Melvil Chirouze

Coachs sans diplôme

Bilan du mercato du PSG (Partie II)

  • 8 septembre 201917 septembre 2019
  • par Melvil Chirouze
Après avoir analysé les changements au sein de la direction du PSG, nous revenons dans cette seconde partie sur le mercato réalisé par le club de la capitale sur le plan sportif. En mai dernier, nous avions, poste par poste, imaginé le mercato idéal pour Paris. Il est désormais temps de faire le bilan sportif de cette intersaison.
Un grand gardien : enfin !

Au poste des gardiens, le club a annoncé très vite le départ en fin de contrat de Buffon, un an après son arrivée. Un départ discret pour la légende qui aura connu un court passage au PSG très mitigé. Kevin Trapp a quant à lui fait un aller-retour dans l’été entre Francfort et Paris puisqu’il s’est engagé avec le club allemand contre une dizaine de millions d’euros après sa bonne saison en Allemagne. Ne disposant plus que d’Aréola, le club parisien a signé librement le jeune polonais Marcin Bulka en provenance de Chelsea. Un pari sur l’avenir sur un joueur dont on ne connait pas vraiment l’étendu du potentiel. Le temps passait et on se dirigeait alors vers une doublette audacieuse Areola-Bulka mais c’était sans compter sur le volte-face de Keylor Navas.
Le costaricain, triple vainqueur de la Ligue des Champions avec le Real Madrid et référence mondiale à son poste, avait dans un premier temps informé son club de son souhait de prolonger l’aventure madrilène. Mais à quelques jours de la fermeture du marché des transferts, il changea d’avis, n’étant pas insensible au projet parisien, au grand dam de ses dirigeants. Un accord fut rapidement trouvé avec le PSG et il ne resta plus qu’à trouver un remplaçant pour les madrilènes, qui avait fait partir quelques semaines plus tôt le jeune Lunin suite à la décision initiale de Navas de rester au Real. Le timing étant serré, Areola, dont la venue de Navas ne faisait pas les affaires, devint la solution idéale. Les bonnes relations entre le PSG et le Real permirent de régler cet important dossier en quelques jours. Le PSG détient donc enfin un gardien de grande envergure, le premier depuis l’arrivée de QSI en 2011. Le recrutement d’un gardien aussi talentueux et à l’état d’esprit irréprochable ne peut être qu’un plus pour le PSG, sur et en dehors du terrain. Montant de l’opération : 15M d’euros.
Concernant la doublure du costaricain, les dirigeants parisiens ont signé Sergio Rico en prêt, ne sentant pas Bulka prêt à endosser ce rôle. Grand espoir il y a encore quelques années après des prestations intéressantes au FC Séville, l’espagnol a vécu une deuxième partie de carrière andalouse compliquée tout comme son prêt raté à Fulham. Mais pour une doublure, Rico reste un très bon choix.

Crédit : PSG

Une incertitude toujours régnante autour des latéraux 

Au poste des défenseurs, Daniel Alves n’a pas souhaité prolonger son aventure parisienne et a signé libre a Sao Paulo. Leonardo a alors tenté de recruter un latéral droit en vain mais peu de profils intéressants, comme attendu, étaient disponibles. On aurait aimé que le PSG se positionne sur Joao Cancelo avant qu’il signe à City. On retrouvera donc Dagba, Kehrer et Meunier. A gauche, aucun changement n’a eu lieu malgré quelques contacts avec Guerreiro et un bon de sortie pour Kurzawa. Le prochain chantier prioritaire parisien sera donc de renouveler ses latéraux sachant qu’Alaba est libre en juin prochain…
En défense central, le PSG s’est renforcé avec le recrutement d’Abdou Diallo. Jeune à fort potentiel, polyvalent, bien connu de Tuchel, le capitaine des espoirs a tout de la bonne affaire.
Il viendra concurrencer les joueurs déjà en place et incarnera avec Kimpembe la relève de Thiago Silva aux cotés de Marquinhos. Il palliera également numériquement le départ de N’soki à Nice et les incertitudes de Kehrer concernant son positionnement.

Crédit : PSG

Un milieu de terrain étoffé et varié 

Au milieu de terrain, Leonardo, avec les travaux préparatoires d’Henrique, a parfaitement rempli sa mission en amenant plusieurs recrues afin de garnir un secteur de jeu quasiment vide l’an passée.
Rabiot, Lo Celso et N’kunku partis, Paris a vu débarquer Herrera (gratuit), Gueye (32M) et Sarabia (18M). Tuchel dispose enfin d’un milieu étoffé en plus de Verratti et Paredes. Mais c’est surtout la variété de profils qui devrait plaire au coach allemand, adepte de nombreuses tactiques et tributaire l’an passé du manque de diversité au sein de son effectif. Paris bénéficiera en outre des qualités physiques et de récupération de Gueye et des qualités techniques des deux espagnols. L’apport quantitatif et qualitatif permettra d’éviter tout bricolage à l’avenir et de faire jouer à leurs postes les pompiers de services de ces derniers mois tels que Marquinhos, Draxler ou Di Maria. Le PSG peut désormais s’avancer avec une profondeur de banc interessante et salvatrice en cas de pépins physiques. Mais c’est aussi les mentalités des joueurs recrutés qui lui seront bénéfiques au regard de l’expérience d’Herrera et des valeurs morales au service du collectif incarnées par Gueye et Sarabia. Ces joueurs collent parfaitement à la nouvelle image désirée par Leonardo depuis son retour.

Crédit : PSG

Une attaque de feu avec … Neymar 

En attaque, le dossier Neymar a alimenté les médias du monde entier pendant tout l’été et fera l’objet d’un article par nos soins. Sur le plan sportif, compter sur Neymar dans son effectif n’a pas de prix. Top 3 mondial, le brésilien peut faire des différences à n’importe quel moment et dans n’importe quelle situation par ses dribbles et sa vision de jeu. Repositionné en numéro 10 l’an passé par Tuchel, il est le lien entre le milieu et l’attaque parisienne qui, sans lui, manque d’un fil conducteur. A condition que les blessures le laissent tranquille…
Avec la baisse de niveau observée ces derniers mois, son manque de flexibilité tactique et son âge, trouver un concurrent à Cavani pour un poste aussi important que celui de buteur devenait une nécessité au PSG. Et dans les dernières heures du mercato, Leonardo a bouclé le prêt avec option d’achat de Mauro Icardi. En conflit ouvert avec l’Inter, l’argentin a débarqué dans la capitale plein de motivation. Ses qualités techniques et son sens du but seront des atouts non négligeables cette saison et sa complémentarité avec Neymar et Mbappé pourrait faire des ravages. Le PSG pourrait donc s’avancer avec une ligne d’attaque impressionnante avec Di Maria, Neymar, Mbappé et Icardi. Avec sur le banc, des remplaçants de choix avec Cavani et Draxler. A Tuchel de créer une osmose entre ses joueurs pour transformer les promesses du papier en actes sur le terrain.

Crédit : PSG

En conclusion, le changement de cap amorcé par l’arrivée de Leonardo a permis au PSG de boucler un mercato plus intéressant qu’on ne pouvait l’imaginer.
Sportivement, Paris a recruté un gardien et un buteur de top niveau mondial, a étoffé son milieu de terrain avec des profils variés et a préparé la succession de Thiago Silva avec la venue de Diallo. Sans compter, le non-départ de Neymar et la recrue du prometteur Xavi Simons en provenance du Barça qui continuera sa formation avec les U19 cette saison.
Financièrement, et pour la première fois depuis l’arrivée des qataris, Paris a fini son marché des transferts avec une balance positive. Cela s’explique par la vente de plusieurs « titis parisiens » comme Diaby, N’kunku, N’soki, Weah ou encore Zagre. Mais aussi la vente d’indésirables comme Krychowiak, Lo Celso et Trapp. Sans oublier le prêt de Jésé au Sporting Portugal. Aucun de ses départs ne présente de réelles pertes sur le plan sportif mais occasionne une belle rentrée d’argent pour respecter le FPF. Sur le plan des arrivées, le PSG n’a pas sur-payé les joueurs recrutés et semble même avoir fait de belles affaires à l’instar de Sarabia, acheté 18M. Un été tourmenté mais rassurant en somme, même si la vérité émanera comme toujours du terrain.

Melvil Chirouze

La zone grise

Hainons-nous les uns les autres

  • 31 août 201916 septembre 2019
  • par Charles Henri Laval
« Le foot est une histoire de passion et non de haine » tweetait notre chère Ministre Mme Schiappa. Alors on aurait pu débattre sur un terrain politique ou juridique, de l’efficacité de la lutte contre les discours haineux. On aurait pu classiquement opposer discours de haine et liberté d’expression, citer de longs articles, de longues jurisprudences et faire appel à la conception américaine de la liberté d’expression. Mais finalement pourquoi ne pas en discuter sur un terrain philosophique ?

Mais pourquoi opposer haine et passion ? Existe-t-il une forme éclairée de l’animosité ? Ou à l’inverse, la haine est-elle irraisonnée et marqueur de notre trivialité ?

La première difficulté tient au fait que la haine est souvent confondue avec la colère qui en est pourtant qu’une simple manifestation. Aristote le dit si bien « Le temps peut guérir la colère ; la haine est incurable. La colère est un désir de faire de la peine ; celui qui est en colère veut être témoin de cette peine ; cela n’importe aucunement à la haine »[1].

La haine est dangereuse si elle n’est pas refoulée. Mais refoulée constamment elle le devient encore plus. Doit-on faire des stades le lieu de la frustration ou de l’exutoire ?

On s’interroge sur le fait de savoir si les stades de foot ne sont pas le lieu privilégié pour réguler cette haine. Pourquoi vouloir à tout prix éteindre cette haine ? Pourquoi ne pas au contraire se réjouir de la voir brûler dans les stades plutôt qu’ailleurs ? Ces 90 minutes seraient en réalité une immense thérapie de groupe, où chacun exprime ses problèmes, écoute ceux des autres et revient la semaine d’après.

De plus, le stade est un lieu d’amour. C’est ici que l’on exprime son attachement à sa ville, à sa région ou encore à son quartier. Et le retour de flammes de l’amour, c’est la haine. Georg Simmel, dans La philosophie de l’amour exprime bien cette idée. Selon lui « il suffit de placer l’un d’eux sous le signe inverse pour obtenir l’autre. Le contraire de l’amour, c’est l’absence d’amour, c’est-à-dire l’indifférence ». On peut dire la même chose de la haine. Le contraire de la haine est donc l’indifférence et de l’indifférence il n’y en n’a pas dans les stades.

Il s’agit maintenant de comprendre cette haine. En bons stoïciens que nous sommes ne blâmons pas un comportement, cherchons simplement la source qui l’alimente.

Selon O. Le Cour Grandmaison il est nécessaire d’identifier les « passions multiples qui en naissent ou qui la favorisent ». Ainsi, c’est un contresens d’opposer haine et passion. Mais quelles sont ces passions qui nourrissent cette haine ? L’indignation qui est « une haine envers quelqu’un qui a fait du mal à un autre » selon Spinoza. Ainsi, réagir à un tacle aventureux, blessant un attaquant vedette, c’est une indignation. Réagir aux interdictions de déplacement et s’en prendre verbalement aux instances, c’est une indignation. En voulant l’éteindre vous attisez la haine. Diable de paradoxe.

Le stade est aussi l’antichambre du jugement. Qui a déjà jugé son voisin de stade alors qu’il pleurait la défaite de son équipe ? Qui a déjà porté un regard inquisiteur sur celui qui insulte l’équipe adverse ? Dans le quotidien, la tristesse, la colère sont des passions discutables socialement, comme si leur expression publique était constamment blâmable. A l’inverse, dans un stade les passions, exprimées publiquement s’entremêlent. Tout ce qui n’est pas possible en dehors le devient ici comme si ces quatre tribunes étaient le rempart face à la norme sociale qui nous dit de toujours en exprimer le moins, même si on en ressent le plus. L’addition des sentiments personnels permet leur expression collective.

Alors oui, on nous taxera de romantiques, de laisser nos passions dominer et de nous inscrire pleinement dans cette citation de Hume dans le Traité de la nature humaine « la raison est et ne doit être que l’esclave des passions ; elle ne peut jamais prétendre remplir un autre office que celui de les servir et de leur obéir ». Mais soyons, honnêtes, quel lieu formidablement adéquat qu’est le stade pour agiter notre romantisme et réveiller nos passions. Célébrer un but revient à tomber amoureux de l’instant.

Faisons appel à la magnifique réplique de Calliclès dans le Gorgias « Ce qui, selon la nature, est beau et juste, c’est ce que j’ai la franchise de te dire à présent: que celui qui veut vivre droitement sa vie doit, d’une part, laisser les passions qui sont les siennes être les plus grandes possibles, et ne point les mutiler; être capable, d’autre part, de mettre au service de ces passions, qui sont aussi grandes que possible, les forces de son énergie et de son intelligence; bref, donner à chaque désir qui pourra lui venir la plénitude des satisfactions ». Cessez donc de mutiler nos passions.

Alors oui, vous l’aurez compris, pour nous empêcher d’haïr, il faut nous empêcher d’aimer.

Nous nous interrogeons : la haine est de nos jours rejetée puisqu’il faut faire preuve d’une tolérance totale envers tout. Détester n’est plus la norme. Aimer faussement, l’est davantage. Mais qui tolèrent ces gens qui haïssent ? N’est-il pas plus honnête sentiment que le désamour ? Méfions-nous de ceux qui aiment à outrance, leur haine n’y est qu’un Vésuve endormi. Méfions-nous de son réveil, puisque, qui n’a jamais éprouvé la haine ne tombera que trop facilement dans la colère. A l’inverse, ne craignons rien de ceux qui l’expriment tous les jours dans les stades puisque leurs sentiments sont honnêtes. Arrêtons de sacrifier une vérité hostile sur l’autel d’une illusion docile.

Mais une chose est certaine : nous vous haïssons passionnément.

[1] Aristote, Rhétorique, t. II, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. 71 

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