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Coachs sans diplôme

Le PSG sous Tuchel (2020)

  • 9 mai 202011 mai 2020
  • par Melvil Chirouze
Un an et demi après son arrivée sur le banc du PSG, les avis sur Thomas Tuchel sont partagés. Certains louent certains de ses choix tactiques et ses résultats prometteurs entrevus en poules de Ligue des Champions quand d’autres regrettent un manque de continuité tactique et une relation distendue avec son groupe. En 2020, l’entraineur parisien n’a déjà plus le droit à l’erreur. Sacré champion suite à la décision du gouvernement de mettre un terme aux compétitions sportives en raison de la crise sanitaire, le PSG avance à l’aveugle concernant ses échéances européennes. Mais certains enseignements sur le coaching de l’allemand peuvent être tirés, notamment depuis la double confrontation contre Dortmund où il a joué dangereusement avec le feu.

Partie II : enfin la bonne année ? (2020)

Un début d’année médiocre marqué par le retour des blessures

Fin 2019, Tuchel avait tranché sur son schéma de jeu ou plutôt sur son animation comme il préfère l’appeler. Mais définir son schéma tactique ne résout pas tous les problèmes et le début d’année 2020 est marqué par de nombreuses absences majeures comme celles de Neymar, Thiago Silva, Marquinhos, Gueye ou encore Bernat. Ces absences obligent de nouveau Tuchel à effectuer plusieurs rotations d’un match à l’autre et ne permettent pas de travailler les automatismes en vue du sprint final. De plus, elles retardent la préparation physique de ces cadres pour les échéances importantes. De ce fait, la tension monte au Camp des loges alors que la double-confrontation contre Dortmund approche.

D’autant que Tuchel sort du placard Edinson Cavani, remplaçant depuis le début de la saison, alors que Mauro Icardi donnait pleinement satisfaction depuis le début de saison. 2020 commence donc dans la confusion et cela se ressent dans le jeu de Paris qui balbutie de matchs en matchs. Et même quand le score est flatteur comme contre Montpellier (5-0), Mbappé montre son mécontentement lors de son remplacement. Cette colère soudaine n’est pas anodine et montre que Tuchel n’a plus totalement l’adhésion de son groupe même si le comportement de l’ancien monégasque est exagéré.

Les matchs sont indigestes et seules les fulgurances individuelles permettent au club de la capitale de s’en sortir. A l’image de Neymar, trop de joueurs sont hors de forme à cause du manque de rythme. Les automatismes ne sont plus là et le match-test contre Lyon ne rassure pas, tout comme les déclarations de Neymar, préservé contre son gré.

Crédit : AFP

Trahison, incompréhension, incohérence : l’échec probant de Tuchel à Dortmund 

La prestation du match aller contre le club allemand n’a donc rien de surprenante avec au bout une défaite 2-1. En football, la responsabilité d’une défaite est souvent partagée entre les choix tactiques de l’entraineur et la performance des joueurs mais la défaite à Dortmund porte clairement l’empreinte de Thomas Tuchel.

Connu pour sa flexibilité tactique, le coach allemand n’a pas failli à sa réputation en alignant d’entrée un 3-4-3 sans buteur de métier. Il est important de distinguer la volonté de faire évoluer dans plusieurs schémas tactiques son équipe et savoir maitriser ces schémas. Changer de configuration tactique est cohérent lorsque chaque schéma est assimilé par tous les joueurs. Mais le 3-4-3 proposé par Tuchel n’a jamais été travaillé en amont. Le seul argument du coach allemand était de calquer le modèle de jeu de Dortmund pour contrecarrer la montées de ses latéraux. Ajouter à cela la déficience physique des parisiens, il était donc certain que les joueurs parisiens allaient être perdu sur le terrain. A l’instar du 3-5-2 de Laurent Blanc contre City en 2016, les choix de l’entraineur ont eu raison des prestations individuelles et collectives parisiennes.

Crédit : RMC Sport

Au bord du précipice, le retour à la raison de Tuchel

Les tensions, déjà présentes avant le match, ne diminuèrent donc pas avant le match retour.

Les matchs contre Bordeaux, Dijon et Lyon ne sont pas pleinement convaincants malgré une efficacité offensive certaine. Le contexte du Coronavirus vient ajouter un climat flou avec la présence ou non des supporters. Paris est décidément maudit et se retrouve au bord du précipice. Pourtant, sous l’impulsion de Neymar, le match retour des parisiens est parfaitement maitrisé même si ce ne fut pas grandiose. Au coup d’envoi, Tuchel revient à une animation plus classique avec un 4-4-2 en phase défensive et le repli de Neymar et Di Maria et en 4-2-3-1 en phase offensive avec Neymar en meneur de jeu. On peut saluer son retour à la raison même si une fois encore la blessure de Thiago Silva, la suspension de Verratti et la maladie de Mbappé ont influencé ses choix.

Dans un Parc des Princes vide mais soutenu par des supporters massés à l’extérieur du stade, les joueurs parisiens vont contrôler la partie de bout en bout avec des attaques placées réfléchies. Face à un Dortmund attentiste jouant le contre, Paris frappe par deux fois en première mi-temps avec notamment un but de la tête et de l’ancien honni Neymar Jr. Même s’il était loin d’être à 100%, le brésilien a mené son équipe vers la victoire par sa qualité de jeu hors normes et son attitude de leader. Tuchel peut encore une fois le remercier car sans ses deux buts opportunistes, la tâche aurait été grandement plus difficile. Le match retour contre Dortmund fut le dernier match du PSG avant l’interruption des compétitions en raison de la crise sanitaire. La tactique suicidaire de l’allemand au match aller aurait pu perturber grandement les ambitions parisiennes. Il aurait été remercié, Neymar et Mbappé se seraient montrés impatients face à la stagnation voire régression du projet parisien et un nouveau cycle aurait une nouvelle fois été entamé à Paris après les échecs Laurent Blanc et Unai Emery. La responsabilité n’est pas exclusive à l’homme sur le banc mais l’importance de ses décisions peut changer à jamais l’histoire d’un club dans un sens comme un autre. Paris dispose avec Tuchel, d’un entraineur avec le potentiel de voir plus grand mais il est l’heure pour son entraineur de faire preuve de plus de pragmatisme à l’aube du sprint final.

Crédit : RMC Sport

Une fin de saison inédite pour des ambitions historiques ?

Cette pause doit ainsi permettre à Thomas Tuchel de clarifier ses choix tactiques afin de préparer les échéances à court terme. D’abord sur le schéma de jeu puis sur la hiérarchie entre ses joueurs. Cela permettra de travailler dans la continuité et la sérénité même si certains de ses choix ne seront donc pas sans conséquences sur le futur du PSG. Ne pas faire jouer une seule minute Mauro Icardi lors des 8ème de finale alors que l’argentin s’est toujours montré à son avantage dans les grands matchs a surement frustré et fait cogiter le joueur prêté par l’Inter. Même si Paris a le dernier mot sur ce dossier pour lever ou non l’option d’achat, une relation tendue entre l’entraineur et son buteur ne doit pas nuire aux intérêts parisiens.

Cette fin de saison inédite sera donc un nouveau tournant pour le projet QSI. Si Paris répond présent en 1/4 de finale une dynamique positive peut enfin être lancée. En revanche, si tout s’écroule de nouveau, une fin de cycle déjà annoncée débutera. Seules les conséquences économiques de la pandémie pourront freiner les ambitions des clubs désireux de s’attacher les services des stars parisiennes. Mais elles pourraient également freiner dans le sens inverse une possible prolongation de Neymar et/ou Mbappé qui semble une priorité, eux dont les contrats expirent en 2022. Les recrutements de latéraux et d’un remplaçant à Cavani pourront aussi être perturbés.

Quant à Tuchel, son avenir demeure flou et un accès au dernier carré de la LDC ne lui assurerait pas forcément une troisième année dans la capitale. L’ombre d’Allegri, désiré de longue date par Leonardo, plane toujours du coté du Parc des Princes. Encore une fois, les luttes d’intérêts ne seront pas sans conséquences à Paris.

Crédit : Pool UEFA

Melvil Chirouze ( @iamxmelvil )

Coachs sans diplôme

Le PSG sous Tuchel (2018-2019)

  • 8 mai 202011 mai 2020
  • par Melvil Chirouze
La pandémie qui touche l’ensemble de la planète depuis plusieurs mois n’a pas épargné le monde du football qui se retrouve paralysé en plein sprint final. Avant l’arrêt des compétitions sportives, le PSG s’était qualifié en 1/4 de finale de la Ligue des Champions après 3 échecs successifs en 8ème. Une qualification qui redonne de la saveur à une saison parisienne, loin d’être un long fleuve tranquille. Alors que l’incertitude règne quant à l’issue des exercices en cours, il est temps de dresser un bilan du club parisien sous le mandat de Thomas Tuchel et d’entrevoir l’avenir, bien qu’incertain.

Partie I : Entre paris gagnants et flou tactique (juillet 2018 – décembre 2019)

Tuchel Saison 1 : Encore des promesses…encore des déceptions

Choix de Doha après l’échec « Emery », Thomas Tuchel arrive à l’été 2018 avec beaucoup de crédit. Dans la lignée de Blanc et Emery, Tuchel ne fait pas partie du gratin des meilleurs entraineurs mais il débarque avec des idées et c’est sans doute le plus important.

Ses premiers mois furent réussis avec une phase de poules convaincante contre Liverpool et Naples, des choix tactiques payants avec Neymar en 10 et Marquinhos en 6. L’ancien coach de Dortmund gagne la confiance du vestiaire et tout semble aller pour le mieux avec son groupe comme en témoigne leur proximité lors du stage de mi-saison au Qatar. Seul le cas Rabiot vient ternir le tableau en cette fin d’année.

Mais la seconde partie de saison fut désastreuse pour le club avec la nouvelle blessure de Neymar, l’élimination contre Manchester entrainant une fin de saison chaotique avec en point d’orgue la défaite en finale de Coupe de France contre Rennes. Tuchel se plaint des manques de son effectif et une guerre d’influence éclate en interne avec Antero Henrique. L’enthousiasme du début de saison a donc disparu aussi vite qu’il n’était apparu et le PSG boucle une nouvelle saison pleine de déceptions. Un point de non-retour semble même atteint entre le club et les supporters.

VIDÉO - PSG : Premier entraînement public au Qatar pour Neymar et ...
Crédit : Goal.com

L’élimination contre Manchester : le début de la rupture entre Tuchel et ses joueurs ? 

Cette première saison du coach allemand était donc remplie de promesses comme souvent au PSG mais finalement Tuchel a été dépassé par l’éco-système parisien. Même si le match retour contre United fut sabordé par des erreurs individuelles et non par une faillite collective, il s’est fait remarquer par son immobilisme tactique, lui qui pourtant devait apporter tactiquement dans les moments clés. On a ensuite vu un Tuchel incapable de remobiliser son groupe pour finir correctement la saison. Des défaites à la pelle, des prestations honteuses, des joueurs démobilisés comme rarement on a pu le voir du côté du Parc des Princes sous l’ère QSI. Et pourtant ce n’est pas la première fois que Paris se faisait sortir à ce stade là de la compétition et de cette manière.

On a vu également un Tuchel se reposant trop sur l’apport de Neymar dans le jeu, ce qui se fit ressentir lorsque le génie brésilien n’était pas sur le terrain. Comme si par fainéantise ou abandon, il était plus simple de se dé-responsabiliser en jouant son va-tout sur un seul joueur.
Des interrogations naissent de ces déceptions et beaucoup commencent à douter de la rigueur et du flegme allemand.

Paris Saint-Germain: 'We're the most disappointed' - Tuchel says ...
Crédit : Goal.com

Un Tuchel conforté et entendu lors du mercato estival

La saison 2019-2020 devait donc repartir sur des bases plus sereines et avec des relations apaisées et professionnalisées en interne. Le départ d’Henrique, en guerre avec Tuchel, redonna du crédit à l’ancien coach de Dortmund. Le retour de Leonardo fut également l’opportunité de le décharger des responsabilités médiatiques. C’était également l’assurance de bénéficier d’un carnet d’adresses bien rempli pour répondre à ses besoins sportifs. Le PSG voit donc arriver Icardi, Navas, Gueye, Sarabia ou encore Herrera. Des joueurs venant compléter l’effectif parisien mais surtout ajouter une plus-value sportive immédiate. Malgré un mercato plus que réussi, l’intersaison parisienne fut tumultueuse avec le feuilleton Neymar et ses nombreux rebondissements. Bien décidé à partir, le numéro 10 brésilien et son entourage ont tout tenté pour revenir à Barcelone. Mais l’intransigeance parisienne et les difficultés financières du Barça ont eu raison de leur velléité de départ. Difficile donc, pour l’entraineur parisien de se projeter sur un plan de jeu quand on ne dispose de pas de l’assurance de pouvoir compter sur son meilleur joueur.

Crédit : Yahoo Sport

Un début de saison peu propice à la continuité tactique malgré des résultats convaincants

Le début de saison commence donc dans une atmosphère pesante et peu propice à écrire l’Histoire. Néanmoins, la bonne gestion du groupe par Tuchel et Léonardo permet au PSG de réussir une première partie de championnat encore une fois prometteuse avec une phase de poules de Ligue des Champions parfaitement gérée avec en point d’orgue cette double-confrontation contre le Real Madrid (3-0 / 2-2 ). Les intégrations express au jeu parisien d’Icardi, Gueye et Navas, la grande forme de Di Maria et les retours en vue de Neymar et Mbappé sont autant de satisfactions qui laissent à penser que le club parisien est peut-être enfin sur la bonne voie. Mais une saison parisienne n’est jamais tout à fait normale et de nombreuses interrogations demeurent : la position fixe de Marquinhos, le compère de Verratti au milieu, le titulaire au poste de latéral droit, l’animation offensive. Souvent dépendant des blessures et suspensions qui le contraignent à changer régulièrement de XI, Tuchel étonne souvent par certains choix qui ne prônent pas la continuité. Et ce n’est pas ses conférences de presse confuses qui permettent de nous éclairer sur ses prises de décision.

L’exemple parfait fut l’épisode du 4-4-2. Essayé en deuxième mi-temps contre le Real Madrid pour revenir au score, Tuchel avait déclaré en après-match que ce schéma n’était pas viable sur le long terme car il déstabilisait le bloc équipe. Ce raisonnement parut tout à fait compréhensible au regard des individualités offensives et du manque de maitrise défensive du PSG. Mais sous la pression de ses cadres, Neymar en chef de file, le coach allemand revint sur sa position et son équipe enchaina les prestations dans cette configuration tactique. Avec un repli défensif beaucoup plus important des ailiers que sont Neymar et Di Maria, le 4-4-2 s’imposa comme le nouveau schéma tactique parisien. Ce revirement de position de l’entraineur parisien peut surement s’expliquer par la volonté de ne pas se mettre de nouveau le vestiaire à dos. Un manque de continuité tactique et des automatismes à travailler de zéro alors qu’il a eu les renforts qu’il souhaitait sont ce que beaucoup reprochent à l’entraineur parisien. Abus de faiblesse ou réelle conviction tactique, le 4-4-2 symbolise les interrogations autour de l’allemand. 2019 fut l’année du 4-2-3-1 avec Neymar en 10, 2020 sera donc l’année du 4-4-2 avec Neymar de retour sur l’aile.

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Crédit : Paris United 

Melvil Chirouze ( @iamxmelvil )

La zone grise

Les revenus d’un club de football

  • 2 mai 20208 mai 2020
  • par Malcolm Ali Fils
Quoiqu’on en dise, quoiqu’on en pense, lorsque l’on évoque le football, il n’est plus uniquement question de sport, de villes, de régions, d’amusement ou de spectacle mais aussi et surtout de business. De nos jours, les clubs de football professionnel sont des entreprises avec des employés (les joueurs entre autre personnel), des recettes et des coûts. Cependant, il ne s’agit pas d’entreprises comme les autres. La ou une entreprise classique cherche à maximiser son profit, un club de football a un objectif trouble. Certains, se tournent vers la maximisation du profit tandis que d’autres se tournent vers la maximisation du nombre de victoire. Contrairement à la pensée commune et malgré les fortes sommes d’argent engagées, le football n’est qu’un petit marché. Si nous comparons le chiffres d’affaires le plus élevé dans le football (Real Madrid CF) à celui de la plus petite valeur boursière du CAC40 (Atos), nous avons un rapport de 1:16. De plus, le football est un marché ou hors revenu des transferts, rares sont les clubs arrivant à dégager des bénéfices même si sur les dernières années les clubs tendent vers l’équilibre.

Les droits de retransmission télévisée

Lorsqu’il s’agit de consommer du bien football, c’est à dire regarder un match. Il existe deux manières, la première et la plus ancienne consiste à aller voir le match au stade. Quant à la seconde, il s’agit de regarder sa retransmission télévisuelle. 

Cette dernière s’est grandement démocratisée à la fin du siècle dernier, constituant ainsi pour la première fois un revenu pour les clubs professionnels français (7% des revenus durant la saison 1984-1985). Ce poste de revenu n’a cessé d’augmenter au fur et à mesure des années jusqu’à constituer environ 50% des revenus des clubs français. Cette tendance n’est pas uniquement française et se retrouve plus ou moins accentuée chez nos voisins du “Big five”. 

Structure moyenne des revenus dans le « Big five » en % en 2015-2016

Nous pouvons décortiquer ces droits de retransmission télévisuelle en droits domestiques (pour les chaînes de télévisions nationales) et les droits internationaux (pour les chaînes de télévisions étrangères). Ces droits sont vendus aux plus offrant, les prix dépendent donc du degré de concurrence et de l’attractivité de la ligue entre autres. Cela explique les disparités entre notre ligue des talents et le championnat d’Angleterre par exemple. 

Les droits de retransmission télévisuelle des championnats et des coupes (y compris la Ligue des champions) sont répartis entre les participants de manière plus ou moins égalitaire selon les fédérations/ligues en fonction des résultats sportifs, de la notoriété du club, de l’audimat, de la part fixe accordée par la ligue … Ces paramètres sont plus ou moins décisif dans la répartition selon les ligues. 

Les recettes les jours de matchs

A l’inverse des droits de retransmission télévisuelle qui ont cru année après année, les revenus des jours de match ont eux suivi une trajectoire contraire. Eux qui représentaient la majorité des revenus des clubs professionnels français (entre 60 et 80%) et qui était complété par les subventions des collectivités territoriales. Ils représentent aujourd’hui en moyenne entre une dizaine de pour-cent et une vingtaine de pour-cent dans les championnats du “Big five”. 

Les inégalités concernant les revenus des jours de matchs sont dûs à différents paramètres, tel que la capacité du stade mais aussi le taux de remplissage. Il est important de noter que le taux d’affluence dépend lui aussi de paramètres tel que la performance sportive, la qualité des matchs, le confort, le prix ainsi que l’incertitude car une compétition grandement déséquilibrées peut dissuader les supporters/spectateurs de venir au stade.

Si nous comparons les championnats français et britannique, nous remarquons que le taux de remplissage des stades britanniques frôle le guichet fermé tandis que le championnat de France voit un peu plus d’un quart de ses places non occupé. De plus, en terme de somme de capacité des stades la Premier League dépasse notre championnat national. Nous constatons aussi qu’outre-Manche les revenus des clubs les jours de matchs dépasse largement ceux des clubs de notre championnat national validant ainsi le raisonnement développé plus haut. 

Fréquentation des stades européens sur la période 2010-2017

Sponsoring & Merchandising

Présent à plusieurs endroits sur les maillots, sur les shorts, accompagnant les noms des stades et des centres d’entrainement ou vendus aux supporters, il s’agit du troisième poste de recettes le plus important des clubs avec les droits de retransmission télévisuelle et les recettes des jours de match : les revenus commerciaux. Ces derniers sont composés des revenus du sponsoring autrement dit la publicité et de la vente de maillots et autres produits dérivées qu’on regroupe sous l’égide du merchandising.

Les revenus commerciaux sont cependant de nature assez aléatoire, en effet ceux ci sont corrélés au nombre de victoire ainsi qu’à sa réputation car un club réputé attire plus de public que ce soit à la télévision ou au stade, les publicités présente toucheront donc potentiellement beaucoup plus de personne. La visibilité du club entrant fortement en compte, la diffusion de plus en plus importante des matchs de football au fur et a mesure des années a permit aux revenus commerciaux de fortement augmenté. Représentant lorsque tout va bien pour le club entre 30% et 45% de ses revenus en fonction des ligues.

L’importance des recettes de merchandising varie en fonction de la taille du marché et d’autre part de la notoriété du joueur et du club. Agrandir son marché est la principale raison pour laquelle les clubs désirent s’exporter sur des marchés ou le football européen est très peu présent. Contrairement à ce que l’on pense, un club récupère environ un tiers du prix d’un maillot (qui coutent entre 80 et 150€ en fonction des marques, du flocage et du type de tissu) rendant difficile l’amortissement du transfert d’un joueur sauf exception.

Concernant, le sponsoring, il se divise en différentes pratiques. Les premières qui nous viennent à l’esprit sont le sponsoring maillot et les contrat équipementier , tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne, le montant accordé par les sponsors décroit très vite au fur et a mesure que l’on s’éloigne des grands clubs. De plus, la volatilité des résultats fait que les contrats se négocient sur le court terme pour éviter toute prise de risque du coté des sponsors. Il s’agit d’une partie de l’explication de l’aléatoire des revenus commerciaux. 

Sponsoring maillot principal dans le « Big five » en 2014-2016

L’autre pratique nous venant à l’esprit est le “naming”, pratique très présente outre-Manche et outre-Rhin, il s’agit d’une pratique qui continue de se développer dans nos championnats nationaux en témoigne les noms des nouveaux stades construit, le changement de nom de certains autres et les changements de sponsors successifs que connaitra la première division française (Ligue 1 Conforama de 2017 à 2020 pour ensuite s’appeler Ligue 1 Uber Eats de 2021 à 2023). 

Les chiffres présentés tout au long de cet article sont issus du livre « L’argent du football » de Luc Arrondel et Richard Duhautois.

La zone grise

Football et orientation sexuelle

  • 24 avril 202013 octobre 2020
  • par Justine Le Gall
Le monde du football peut-il invoquer un droit à la libre orientation sexuelle ?
Comme le résume E. Picard (professeur de droit à l’université la Sorbonne Paris 1), « la notion de droits fondamentaux constitue assurément une notion juridique difficile à définir ». Au vu des nombreuses propositions de définitions, elle pourrait représenter l’ensemble des droits subjectifs primordiaux de l’individu. La Charte Olympique, où figurent les principes régissant le mouvement sportif, témoigne de leur importance : « La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte olympique doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. » 
Aucune discrimination ne doit être subie, cependant le monde du football est en retard s’agissant du droit à sa libre orientation sexuelle et aucune réelle amélioration n’a été faite depuis sa création en 1848. Très longtemps considéré comme un sport masculin, il était inenvisageable qu’un joueur soit homosexuel. Quand cela s’est produit pour la première fois en 1990, plus d’un siècle après la création du football, il n’y a eu aucune réaction de la part des instances footballistiques. Malgré certains efforts dus à l’évolution des moeurs, les joueurs homosexuels se sentent toujours rejetés au sein de ce sport. 
Crédits : Le Monde

Le football : un sport machiste ?

« Être homo dans le football, c’est plus difficile que dans les autres sports » selon Alexandre Adet, ancien joueur de football amateur. Un sportif, peu importe son niveau, « doit » chercher à rester dans la norme d’un vestiaire et c’est pourquoi révéler son homosexualité durant sa carrière de footballeur n’est pas recommandé. D’autant plus lorsque l’un joueur est sur le terrain entouré des chants de supporters qui n’ont pas le sentiment que leurs propos sont homophobes. 

Les derniers exemples les plus célèbres de coming out se sont déroulés dans le rugby avec les Gallois Gareth Thomas et Nigel Owens. Ce joueur et cet arbitre ont reconnu n’avoir eu aucun problème à révéler leur homosexualité et n’ont pas du tout été exclu par les supporters ou le club qui les entouraient.

Deux mentalités diffèrent donc entre le football et le rugby. Le football reste un sport très machiste alors que le concours de la plus belle galipette lors d’une faute entre les joueurs est présent depuis des décennies, qui l’aurait cru?  

L’homosexualité dans le football : des libertés fondamentales partiellement garanties ?

Crédits : l’Équipe

La discrimination à l’encontre des sportifs LGBT est très présente dans le milieu footballistique et révèle la violation de plusieurs droits fondamentaux. Il est nécessaire de protéger la diversité de chaque individu peu importe leur orientation sexuelle. Justin Fashanu fut le premier footballeur anglais à révéler son homosexualité en 1990. Ce célèbre joueur de Nottingham Forest, dont le transfert avait atteint plus d’un million de livres, fut sans aucun doute l’un des plus grands footballeurs de sa génération. La révélation de son homosexualité lui a alors valu d’être jugé par de nombreuses personnes et notamment par son coach, qui l’avait accompagné tout au long de sa carrière. Face à ce rejet massif, Justin Fashanau mit fin à ses jours en 1998. À la suite de cette histoire, rare sont les joueurs qui ont osé révéler leur homosexualité. Parmi eux, Robbie Rogers (joueur de football américain), qui a néanmoins attendu les dernières années de sa carrière pour le faire.

Créée en 2007, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne fournit des conseils aux institutions européennes et aux États membres en matière de protection des droits fondamentaux (dans) tous (les) domaines confondus, notamment le sport. La lutte contre l’ensemble des formes de discriminations, dont l’homophobie, en fait partie. En septembre 2018 a notamment eu lieu une réunion à Vienne au cours de laquelle le sujet a été abordé. Mais aucun changement n’a réellement été effectué concernant les discriminations raciales ou l’homophobie, qui sont encore très pour ne pas dire trop, présentes. Pour qu’un changement soit effectif, les conseils doivent être appliqués par les États membres ce qui est encore loin d’être le cas.

Il y a encore moins d’un an, de nombreux matchs ont été arrêtés en Ligue 1 et Ligue 2 à cause de cris homophobes sur le terrain et de la part des supporters. Noël le Graêt (Président de la Fédération Française de Football) estime que ce n’est pas la meilleure et se propose de solution trouver une politique de pédagogie qui ne stigmatise pas tous les supporters. À l’heure actuelle, les décisions arbitrales d’arrêter certains matchs sont également accompagnées par le port d’un brassard aux couleurs du drapeau LGBTQ+ au sein de la communauté sportive. Un geste symbolique, mais bien insuffisant, et qui devient presque un effet de style supplémentaire pour des joueurs dont les coupes de cheveux sont toutes plus atypiques les unes que les autres.

Il semble en réalité que la question de l’homophobie dans le milieu sportif doive être traitée bien plus en profondeur. Le débat est d’actualité face à la persistance du discours de ceux qui considèrent que les insultes homophobes, ou raciales, font partie intégrante de la culture des tribunes. Et il faut également noter que l’homophobie ne s’observe pas uniquement chez les supporters, mais aussi du côté de certains joueurs eux-mêmes, ce qui ne fait qu’étendre le problème.

De ce fait si la pratique du sport est considérée comme un principe général du droit, ce principe ne semble pourtant pas réellement respecté. Les arrêts de matchs n’ont pas le résultat escompté et il existe un manque d’innovation dans les sanctions.

Un manque d’implication de la part du Tribunal arbitral du sport (TAS)

Le Tribunal arbitral du sport est une institution internationale proposant un arbitrage ou une médiation dans le monde du sport. Les sportifs doivent se présenter devant le TAS pour contester les décisions prises par leur fédération sportive. Le TAS sert à maintenir le respect des droits fondamentaux des sportifs. Qu’en est-il alors de la liberté d’orientation sexuelle de ces derniers ?

Si le tribunal l’assure concernant le droit à l’image comme Fabien Barthez (ancien gardien de but de l’équipe de France) qui avait obtenu la suppression d’un article de presse publié à son sujet au motif que cette publication portait atteinte à sa vie privée et à son droit à l’image, il en est tout autre pour les discriminations homophobes. Le TAS a par exemple donné raison à la fédération mexicaine du football en 2017 après deux amendes infligées par la fédération internationale (Fifa) pour homophobie de la part de ses supporters. Cependant, tout en reconnaissant que les chants en question étaient plus insultants que discriminatoires, il a tout de même ordonné le remplacement des amendes par un avertissement. La réaction du TAS apparait par conséquent largement insuffisante face à ce problème qui dure depuis des années.

Il faudrait que ces institutions prennent exemple sur l’Angleterre où le sujet est nettement plus avancé. En janvier 2019, un fan de Chelsea a été interdit de stade pendant 3 ans et condamné à payer une amende d’environ 1200 euros pour avoir proféré des insultes homophobes à Brighton. Aucune autre institution n’a réellement pris position sur le sujet en ne faisant que le fuir. Il est indéniablement temps que les choses changent.

Crédit : la Croix


Crédit photo principale :  » Foot : tourisme pyrénées orientales « 
La zone grise

Le Poker est-il un « métier » à part entière ?

  • 1 décembre 201910 novembre 2020
  • par Justine Le Gall

Devenu incontournable ces dernières années, le succès du poker ne cesse de croître, notamment avec les nouvelles technologies. Pour gagner, nul besoin de posséder la plus forte combinaison, il suffit de parvenir à le faire croire à ses adversaires, à les bluffer. L’existence de cette part de hasard et le gain que l’on peut remporter attirent de plus en plus de joueurs. Mais pour beaucoup, le poker va au-delà du hasard et demande une certaine faculté mentale.
Dans un arrêt du 21 juin 2018, le Conseil d’État a d’ailleurs établi que dès lors que la pratique devient habituelle, les sommes perçues sont soumises à l’impôt sur le revenu au titre de bénéfices non commerciaux (BNC), ce qui conduit à envisager le statut du joueur comme professionnel, et le poker comme un « métier » à part entière.

Crédit : Image France culture

 Le Poker, un jeu de hasard ?

Le législateur a défini le jeu de hasard comme « un jeu où le hasard prédomine sur l’habileté et les combinaisons de l’intelligence pour l’obtention du gain ». C’est évidemment le cas concernant le poker. Lorsque nous sommes débutants, la notion de chance est déterminante et il est impossible d’en contrôler le caractère aléatoire. Autrement dit, l’aléa domine essentiellement. Il est difficile de maitriser le talent des autres joueurs, leur façon de jouer ou encore les cartes reçues durant le jeu. Mais cette part de hasard peut s’inverser pour un joueur professionnel. Plus il joue, plus il maitrise les règles et plus sa part de chance risque de diminuer.
Même si certains éléments comme la main ou les actions effectuées par les joueurs après un tour de table restent imprévisibles.

L’arrêt de la Cour d’appel de Toulouse qui a été rendu début 2013 a pris le contre-pied en affirmant que le poker n’était pas un jeu de hasard. Il était reproché à quatre joueurs expérimentés d’avoir organisé des parties de poker ouvertes au public avec gains d’argent à la clé. Aucun arrêt n’a été rendu dans ce sens suite à notre arrêt précédent.

En décrétant en juin 2018 que le sommes perçues lors d’une pratique « habituelle » du poker seraient désormais soumises à l’impôt sur le revenu, le Conseil d’État a également remis en question la qualification du poker comme jeu de hasard : les gains obtenus grâce à des jeux de hasard étant habituellement considérés comme exceptionnels et donc non soumis à l’impôt sur le revenu. Il ne fait cependant que distinguer les joueurs habituels des joueurs occasionnels en considérant « qu’il en va différemment pour la pratique habituelle d’un jeu d’argent opposant un joueur à des adversaires lorsqu’elle permet à ce dernier de maitriser de façon significative l’aléa inhérent à ce jeu, par les qualités et le savoir-faire qu’il développe et lui procure des revenus significatifs. » Il ne répond ainsi pas à proprement parler à la question qui fait débat : le poker est-il un jeu de hasard ? : un véritable coup de poker de la part du Conseil d’État!

Il est évident que les revenus seraient imposables s’il ne s’agissait pas d’un jeu de hasard.

Le Poker, un sport ?

Si le poker n’est pas un jeu de hasard, peut-il être considéré comme un sport ? Si tel était le cas, cela permettrait du moins de justifier la jurisprudence du Conseil d’État. Et puisque les revenus d’un sportif de haut niveau, dont le sport est le métier, sont imposables, ne pourrait-il pas en être de même pour le poker ?

Là aussi, le débat est d’actualité. Le poker a beaucoup évolué et pour certains, il est passé d’un jeu de casino de hasard à un véritable sport. Les compétitions de poker correspondent par exemple à un marathon de 10 heures de jeu pendant une semaine. Bon nombre de grands joueurs comme Daniel Negreanu font aujourd’hui des sessions d’échauffement par le sport avant un championnat. L’esprit de compétition est omniprésent avec une attitude fairplay des joueurs qui restent corrects entre eux tout en étant poussés par l’adrénaline de la victoire. Il est de fait évident que le poker s’est imposé comme un sport mental, un combat psychologique.
Comme le résume Stéphane Matheu (ancien tennisman professionnel devenu coach d’une équipe de poker) « le poker est un véritable sport au niveau psychologique et demande une capacité de concentration exceptionnelle, une aptitude gérer le stress en tout point identique (..) »

Toutefois, la notion de sport implique une activité athlétique qui exige des prouesses physiques. Or, cette dimension physique n’intervient pas directement dans le poker.
Cela est-il pour autant suffisant pour rejeter le poker en tant que sport ? Cela n’est pas aussi simple.
Pour l’International Mind sports association; « les activités exigeantes mentalement sont aussi épuisantes que les activités physiques »

Le Joueur de Poker professionnel imposable

Sans non plus répondre à la question « le poker est-il un sport ? » le Conseil d’État affirme qu’à partir du moment où un joueur de poker est régulier, il devient professionnel et ses revenus sont donc imposables.
Il faut néanmoins s’interroger, à partir de quel moment doit-on considérer le joueur régulier comme un professionnel? C’est à l’administration d’en déterminer la frontière. Pour le Conseil d’État, la pratique d’un jeu d’argent devient habituelle à partir du moment où le joueur maitrise « de façon significative » l’aléa inhérent à ce jeu par le savoir-faire qu’il développe. Mais l’aléa étant une notion imprécise, il parait compliqué de définir précisément ce moment. Le déclencheur fiscal pourrait être une combinaison de la régularité de jeu et de l’absence d’une autre activité en parallèle. Plusieurs indices peuvent être pris en compte, mais une fois encore, aucune certitude ne pourra jamais être dégagée.

L’incertitude de cette limite entre le joueur habituel et occasionnel de poker rend la décision du Conseil d’État bancale. Malgré les différents débats reposants sur cette notion, aucune réponse claire n’a été donnée par la jurisprudence. Le Conseil d’État n’a fait que rendre les revenus colossaux de certains joueurs imposables à partir du moment où les joueurs commençaient à gagner régulièrement. Mais qu’en est-il des joueurs qui gagnent une fois tous les trois mois une somme astronomique ? Qu’en est-il de la part de hasard qui reste omniprésente dans ce jeu ? Face à tant de réponses abstraites à toutes ces questions, nous pouvons nous interroger sur la pertinence de cette imposition sur les revenus.

 

Crédit photo : L’Express Magazine 

Coachs sans diplôme

Dwight Howard – La seconde chance de Superman

  • 11 novembre 201911 novembre 2019
  • par La Transversale
Les super-héros ont tous le droit à une seconde chance. S’ils la saisissent, ils peuvent regagner l’admiration qu’ils suscitaient à l’époque de leurs exploits. Cette seconde chance, les Los Angeles Lakers l’ont donnée cet été à Superman et celui-ci semble bien tenir ses promesses.
2004-2012 : L’ascension de Superman

Meilleur défenseur de la Ligue trois fois d’affilée (l’unique joueur à l’avoir fait), 8 sélections pour le All-Star Game et finaliste NBA en 2010; aujourd’hui, qui associerait ces statistiques à Dwight Howard? La mention de son nom provoque même l’ironie et les profanes de la NBA nous riraient à la figure si nous tentions d’expliquer pourquoi il est notre joueur préféré…

Pourtant, Dwight Howard était considéré à l’époque comme le meilleur pivot de la Ligue et ses capacités athlétiques qu’il exposait en attaque comme en défense lui ont valu d’être surnommé Superman.
Un surnom qui prendra tout son sens lors du Dunk Contest de 2008 qu’il remportera.

L’envol de Superman lors du Dunk contest de 2008 (Crédit : Finish Line Blog)

De 2004 à 2012 il jouera pour le Magic d’Orlando et mènera ses coéquipiers en finale NBA, qu’ils perdront face aux Lakers. Cet échec en finale ne retirera rien à son statut de super héro qu’il portait légitimement. Les fans floridiens l’acclamaient pour sa domination sans égale sur les parquets et l’aimaient pour sa sympathie et son sens de l’humour.

Seulement, après 8 ans de bons et loyaux services pour les citoyens d’Orlando, le temps était venu pour Superman de délaisser la Floride pour la cote Ouest californienne en quête d’un titre de champion.

2012-2019 : Le déclin d’un Soft player

Howard rejoint en été 2012 les Los Angeles Lakers et l’équipe est annoncée comme favorite pour le titre de champion NBA de la saison. Il n’en sera rien; véritable fiasco, ils seront humiliés par 4 défaites face à San Antonio dès le premier tour des playoffs.

Pour Dwight Howard, cette saison annonce son déclin. Durant l’année, il a été bien plus actif en dehors des parquets que sur ceux-ci, occupé à amuser la galerie, à entretenir son image auprès des fans et à passer du bon temps sur Venice beach. Cette absence de maturité et d’état d’esprit de champion a déçu ses plus fervents admirateurs, frustrés de voir le plus grand dominateur des raquettes jouer aux clowns.

Kobe Bryant, résumera parfaitement la nouvelle image du joueur en le qualifiant sèchement de Soft (« faible » dans ce contexte), surnom qui le suivra et qui sera repris par la critique. En somme, Superman était devenu un GIF :

Kobe Bryant Nba GIF - Find & Share on GIPHY

Les saisons suivantes, ce sera enchaînement d’équipes (5 franchises en 5 ans…) et enfouissement progressif dans les oubliettes.
Sa dernière saison en 2019 chez les Washington Wizards se passera entièrement en dehors des parquets. Howard s’occupe d’une blessure au dos. Il doit également affronter les insultes sur les réseaux sociaux à la suite du scandale ayant révélé sa supposée relation avec une personne transgenre, à laquelle il aurait proféré des menaces de mort…

Triste fin de carrière pour l’ancien meilleur pivot de la Ligue, réduisant à néant tous les espoirs de ses disciples de le voir à nouveau briller sur les parquets.

L’été 2019, pourrait cependant changer les choses…

2019 : The Wise Howard, retour d’un Dwight assagi

Howard aura profité de l’été 2019 pour régler ses comptes.
A l’occasion de plusieurs interviews, il a affirmé avoir changé, en ayant chassé de sa vie tout ce qui l’empêchait de devenir un champion.
Il en a profité pour revenir sur cet affreux surnom de Soft que Bryant lui a accolé et l’en a même remercié en disant qu’il comprenait pourquoi il avait été qualifié ainsi et qu’il était prêt à se battre sur les terrains pour aider n’importe quelle équipe NBA à remporter le titre.
C’est surtout après avoir annoncé vouloir rejouer pour les Lakers qu’Howard a de nouveau intéressé la planète basket.

L’idée d’un retour du joueur chez les Lakers a ranimé l’enthousiasme alors éteint de ses plus importants soutiens. Serait-ce l’équipe au sein de laquelle son déclin a débuté qui lui tendrait finalement la main pour le sortir du gouffre? Voilà un scénario de grand cinéma, qui devrait faire plaisir à Jack Nicholson, l’éternel hollywoodien toujours présent aux matchs de Los Angeles. On va enfin pouvoir passer au-dessus de ce nid de coucou ! 

Happy Jack Nicholson GIF by NBA - Find & Share on GIPHY

Ce scénario s’est concrétisé le 23 août 2019 lorsque les Lakers ont officiellement transféré Dwight Howard.Il rejoint donc une équipe montée sur mesure par sa superstar LeBron James qui n’a d’autre volonté que de remporter le titre cette année.

Depuis le commencement de la saison, Dwight tient toutes ses promesses. Malgré son statut de remplaçant, il n’en prouve pas moins l’impact offensif et défensif qu’il peut apporter en étant le meilleur contreur et le meilleur au pourcentage de tir parmi les remplaçants de la Ligue. Il est sans aucun doute, l’un des contributeurs principaux au meilleur début de saison de l’histoire des Lakers, qui sont à ce jour à 7 victoires d’affilée.

Une version basketballistique du penseur… (Crédit : Wally Skalij)

Superman est bel et bien de retour, mais à 33 ans, c’est sous une nouvelle forme qu’il se présente. Mature, réfléchi, raffiné, tant dans sa personnalité que dans son jeu. Il n’est plus ce leader qui mènera à lui seul une équipe en finale et personne n’attend cela de lui. Il est désormais un remplaçant d’impact, prêt à se démener sur le terrain pour aider ses coéquipiers. Tout cela, pour la plus grande joie de ses admirateurs, les nostalgiques de la jaquette du jeu vidéo NBA Live 10 et ceux qui ont découvert le basket avec lui.

Quel bonheur de revoir un Dwight assagi : bon retour parmi nous The Wise Howard !

Arek Berberyan
Crédit photo : Wally Skalij / Los Angeles Times 
La zone grise

RB Leipzig : À l’Est, tout est nouveau

  • 2 octobre 20192 octobre 2019
  • par Paul Trinel

En 2009, le club amateur du SSV Markanstädt faisait évoluer ses couleurs blanches au sein du cinquième échelon du football allemand. Le 2 novembre prochain, le même club, qui caracole pour l’instant en tête de la Bundesliga, affrontera l’Olympique lyonnais en phase de poules de Ligue des champions, dans son antre de 43 000 places. Le club s’appelle aujourd’hui le RB Leipzig, et si le blanc est toujours sa couleur dominante, il s’est agrémenté d’un rouge sanglant.

Son ascension fut tout simplement la plus fulgurante du foot allemand. En cinq petites années, Die Roten Bullen est passé des divisions régionales à l’élite du football d’Outre-Rhin, avant de participer à sa première Ligue des champions l’année suivante, en 2017. Pourtant, en Allemagne, tout le monde est loin d’adhérer à ce qui pourrait ressembler à un conte de fées façon Leicester. En effet, alors que le promu de l’Union Berlin (néo-symbole du foot populaire teutonique) s’apprêtait à accueillir le club de Leipzig pour la première journée de BuLi 2019-2020, une discussion véhémente entre fans berlinois s’était engagée, certains d’entre eux appelant à boycotter la rencontre.

De quoi vous faire tourner la tête. Comment en est-on arrivé là ?

Le rouge de la discorde

Le propriétaire du RB Leipzig est l’homme d’affaires autrichien Dietrich Mateschitz. Dans une autre vie, M. Mateschitz est le cofondateur et l’un des dirigeants de l’entreprise Red Bull, connue pour ses boissons énergisantes. Et voilà que le doute se lève : le logo du club vous disait bien quelque chose, tout comme ces initiales « RB ». On touche en effet au cœur du problème. Ce que reprochent au RB Leipzig les fans allemands des Traditionsvereine (« clubs traditionnels »), c’est de n’être qu’une entité sans histoire, créée de toutes pièces afin de servir les desseins publicitaires d’une vulgaire entreprise commerciale. 

Après des essais concluants à New York et à Salzbourg (club qui est par ailleurs également en Ligue des champions cette saison), M. Mateschitz a ainsi décidé de passer à la vitesse supérieure et d’acquérir un club capable de jouer dans une des ligues du « Big Five ». Mais l’histoire ne se résume pas à cela : ce qui a scandalisé le monde du football allemand, c’est la façon dont Red Bull est parvenu à ses fins. En effet, les statuts de la Fédération allemande de football ont été écrits d’une manière à la préserver des dangers d’une commercialisation outrancière. Dans un premier temps, ils prohibent le naming, c’est-à-dire la possibilité pour une entreprise sponsor de donner son nom à un club. C’est pourquoi le nom officiel du RB Leipzig est le RasenBallsport Leipzig e.V. et non pas le « Red Bull », comme c’est le cas pour son homologue salzbourgeois. Cela n’a pas empêché l’entreprise d’y accoler ses initiales, par l’usage de la très étrange appellation RasenBallsport, qui peut se traduire à peu près par « sport de ballon sur pelouse » et sonne aussi mal en allemand que sa traduction française le laisse supposer. 

50 et 1 je t’aime

Dans un second temps, c’est la célèbre règle dite du 50+1 (50+1-Regel en V.O.), symbole des valeurs du football allemand, qui a été mise à mal par l’acquisition de l’équipe lipsienne. Selon cette réglementation, les membres d’un club doivent obligatoirement posséder la majorité (50+1) des parts sociales de ce dernier, qui dispose en droit allemand du statut particulier d’association incorporée. Par exemple, 140 000 parts du Borussia Dortmund appartiennent au public et ses détenteurs votent comme le feraient des actionnaires. Ainsi, l’investissement privé existe, mais la prise de participation est contenue par cette règle du 50+1. 

La règle peut souffrir d’exceptions : au bout de vingt ans d’investissement, une entreprise peut en être exemptée. C’est le cas pour le Bayer 04 Leverkusen (Bayer est une multinationale pharmaceutique) ou encore le VfL Wolfsburg (Volkswagen), cas qui ne suscitent pas de controverses en raison du caractère presque historique du soutien de ces entreprises. Dans le cas du RB Leipzig, Red Bull semble avoir rigoureusement respecté cette disposition. Mais en réalité, le cas est un exemple intéressant de fraude à la loi. Certes, Red Bull est détenu en majorité par les membres du club. Cependant, ces membres sont au nombre de 17, et sont tous des employés de Red Bull GmbH ; ils payent leurs droits de vote 800 euros par an là où un club comme le Bayern Munich va en exiger une soixantaine. Face à une telle circonvolution, les réactions peuvent être des plus détonnantes : en 2016, les supporters du rival est-allemand, le Dynamo Dresden, jettent des têtes de taureau (oui, oui, des vraies têtes de taureau) sur la pelouse, lors d’un match de DFB-Pokal. 

The Wild East

Toute la discussion qui entoure le RB Leipzig ne tourne pas uniquement autour de ses honnis propriétaires. Symboliquement, le club a un statut tout particulier en tant qu’unique représentant de l’Allemagne de l’Est (en excluant Berlin et ses particularités) dans la division d’élite du football allemand. Alors que la partie orientale du pays peut se vanter d’avoir de nombreux clubs à dimension historique, comme le FC Dynamo Dresden précité, le BFC Dynamo ou le FC Carl Zeiss Jena, il faut remonter à 2009 pour trouver la trace du dernier club d’Allemagne de l’Est à avoir joué en BuLi : l’Energie Cottbus. Dans un tour dont seule l’Histoire a le secret, c’est un club décrié pour son capitalisme effréné, menaçant « les valeurs », qui est le dernier représentant de l’ex-Allemagne soviétique. 

Près de 30 ans après la chute du Mur de Berlin et la réunification, les différences existent toujours entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est, et pas seulement en football. L’Est continue à souffrir d’indicateurs économiques moins avantageux que le reste du pays : taux de chômage plus élevé, croissance en berne, désindustrialisation… Plus particulièrement, c’est à un niveau culturel que les différences sont les plus tranchées. Pour une certaine partie des Allemands de l’Est, ils sont les perdants de la réunification. Les instituts de sondage ont relevé au XXIème siècle une réelle propension à l’Ostalgie (la nostalgie de l’Est) chez les habitants des nouveaux Länder, malgré le caractère répressif du régime de la RDA (à ce propos, je ne peux que recommander vivement le film La vie des autres). On devine alors le caractère hautement symbolique qu’a les succès du RB Leipzig, club de l’Est, au plus haut niveau national. 

Homo sovieticus lupus homini est

En prenant un peu de recul, on peut se demander ce qu’il faut penser de tout cela. D’un côté, Red Bull s’est comporté de manière très douteuse, voire frauduleuse, afin d’acquérir Leipzig, en détournant totalement l’esprit de la règle. C’est un autre exemple de la marchandisation à outrance, du foot business qui menace notre sport et les valeurs qu’il prétend représenter. On comprend la colère de ces supporters de Dresde qui voient leur club historique continuer à patauger là où les « parvenus » sont montés en seulement quelques années, le logo de la marque dont-ils-n’ont-pas-officiellement-le-nom sur le maillot. 

Pour autant, il s’agit aussi de relativiser certains points. Tout d’abord, le RB Leipzig offre des motifs de fierté à l’Est d’une Allemagne qui est encore, sur trop de sujets, coupée en deux. De plus, si l’on accepte que des clubs servent de vitrine à Bayer ou Volkswagen (entreprises qui ont pourtant eu leur lot de controverses), pourquoi pas Red Bull ? La politique sportive du club ne peut également pas être mise de côté ; alors que certains « nouveaux riches » se sont fait connaître dès leurs arrivées par des attaques à coup de gros sous sur le marché des transferts, Leipzig a choisi de miser sur le développement de jeunes talents ou de footballeurs à potentiel. Pour connaître les joueurs qui se sont révélés au RB Leipzig, outre Joshua Kimmich, il suffit de jeter un oeil à leur onze de départ ; la majorité de joueurs n’étaient pas de gros noms clinquants avant leur arrivée, alors qu’ils forment aujourd’hui une équipe très dangereuse sous la houlette du jeune et génial entraîneur Julian Nagelsmann. On peut citer l’exemple de l’excellent duo Werner – Poulsen, dont la défense lyonnaise aura à se méfier mercredi prochain. Enfin, le RB Leipzig offre une vague de fraîcheur et de challenge renouvelé à la course au titre en Bundesliga, qu’envient les suiveurs de notre Ligue des talents nationale. Pour tous les beaux discours sur les valeurs, le football allemand y perçoit l’intérêt de ne pas succomber aux délires endogames à la Agnelli : comment se prétendre concerné par la compétitivité d’un championnat où la préoccupation principale serait la préservation des intérêts établis ?

Paul Trinel

La zone grise

Première SCIC dans le monde du foot à Bastia

  • 30 septembre 201915 octobre 2019
  • par Charles Henri Laval

« L’île de Corse…j’ai quelque pressentiment qu’un jour cette petite île étonnera l’Europe  » Rousseau. Étonner l’Europe, on ne sait pas, mais étonner le monde du football et des juristes, nous en sommes presque certains. Il est vrai qu’il est étonnant que près de 6000 personnes continuent d’assister aux matchs d’une équipe pourtant en 4e division. Mais c’est ça le Sporting, un soutien constant, qui ne faiblit pas et qui rend aujourd’hui possible la création de la première Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) dans le monde du football français.

Une SCIC comme apprentissage entrepreneurial de l’association

Les SCIC ont été créées par la loi du 17 juillet 2001 portant diverses dispositions d’ordre social, éducatif et culturel. Cette création est à relier directement avec le développement d’une économie dite solidaire(1) . Le fonctionnement de cette SCIC est mu par des intérêts dépassant largement ceux de ses membres. En ce sens, cette forme très particulière de coopérative se rapproche de l’association.

Comme le souligne le Professeur David Hiez, il existe deux traits singuliers chez la SCIC : son multi-sociétariat et son utilité sociale.
Le multi-sociétariat apparait comme une évidence dans le monde du football et il reflète l’hétérogénéité des acteurs prenant part au fonctionnement et à la vie du club. La SCIC réunit en somme toutes les personnes ayant la volonté de participer au projet, qu’ils soient supporters, salariés, bénévoles mais aussi les collectivités publiques.
L’utilité sociale apparait aussi comme une évidence, notamment pour Bastia. Le club est celui de toute la Corse, celui qui réunit les Corses de la pointe du Cap aux falaises abruptes de calcaire blanc de Bonifacio. Il ne s’agit pas ici de définir la notion très difficile à cerner de  » l’utilité sociale « . Cependant, on peut retenir une définition assez intéressante donnée par Delmas-Marsalet qui fait de l’utilité sociale une prise en considération des activités que le marché délaisse. Les activités d’utilité sociale sont donc celles qui  » pallient les insuffisances de l’économie de marché en fournissant, dans des conditions nécessairement désintéressées, des services qui ne sont pas assurés par le marché́, faute d’être rentables ou en pourvoyant aux besoins de ceux que le marché́ délaisse parce que leurs ressources trop modestes n’en font pas des clients intéressants « (2) .

Les clubs de football se prêtent très bien à ce modèle. Le club est au cœur du tissu économique local. Tout d’abord parce qu’il embauche un certain nombre de personnes dans la zone géographique de rayonnement du club. Ensuite, parce qu’il fait vivre de nombreuses autres personnes du fait des partenariats commerciaux conclus. Il s’agit du boulanger qui fournit les loges en petits fours, c’est l’hôtelier qui reçoit les équipes adverses, c’est le restaurateur en face du stade qui profite de l’affluence et beaucoup d’autres.

Une SCIC comme modèle adapté aux spécificités d’un club de football

Le multi-sociétariat permet de répondre à l’hétérogénéité des acteurs au sein du club. Tout le monde y trouve un intérêt.

La loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire permet à une collectivité territoriale de détenir jusqu’à 50% du capital d’une SCIC. Cette information n’est pas à négliger. Tout d’abord cela autorise une collectivité à être actrice au sein d’un club. Ensuite (et surtout) cela rassure les investisseurs. En effet, les deniers publics sont  » un vrai gage de sécurité et de pérennité pour l’ensemble des participants à la renaissance de la structure « (3) .

Les supporters y trouvent aussi leur compte. On reproche souvent une rupture de dialogue entre les associations de supporters de leur club. Le système de la SCIC permet de faire assoir tout le monde à la même table. Et lorsque les supporters et les dirigeants marchent ensemble, le club peut aller loin. Bastia sait quelque chose du manque de dialogue et de sincérité de la part des dirigeants, le mensonge le plus célèbre demeure la réplique  » Yapadataquant  » ou encore la triste réplique  » il est très difficile d’expliquer, ce qui, quelque part n’est pas inexplicable, mais est très difficile à expliquer « . La SCIC apparait alors comme une réaction naturelle à cette période sombre pour le club.

En ce qui concerne l’organisation de l’assemblée générale, il faut se référer au droit coopératif général. Tout dépend des statuts mais le système par défaut est séduisant puisqu’il est le miroir du multi sociétariat, laissant la parole à chacun des contributeurs. Ainsi  » chaque associé dispose d’une voix à l’assemblée générale « . Cependant, les associés peuvent se réunir en collège. Chaque collège ne peut détenir plus de 50% des voix car cela reviendrait à rompre ce système de  » check and balances  » entre les différents acteurs : supporters, entreprises partenaires, fondateurs etc. Ainsi, à Bastia, le conseil d’administration est composé de cinq collèges : 38% des voix vont aux fondateurs du club, 22% aux entreprises partenaires, 20% aux supporters socios, 10% aux salariés du club et 10% aux collectivités publiques.

Une SCIC comme réappropriation territoriale du club

 » La SCIC envoie un signal fort : un club appartient à tous les acteurs qui le font vivre « (4) . Ce modèle, diffuser à plus grande échelle, replacerait les clubs au cœur du tissu économique et social local. Parce que oui personne ne veut que la boulangerie du village disparaisse, personne non plus ne souhaite la disparition du club local. Au-delà de l’économie, au-delà du droit, le club est un formidable outil de cohésion sociale, un formidable outil de revitalisation des territoires. Donc quel est le modèle juridique le plus adapté à cette position sociale ? La SCIC. Alors oui peut être que ce modèle sera moqué par les grosses écuries de ligue 1. Mais en attendant, il s’agit peut-être d’une manière innovante de sauver et redynamiser le football amateur. A bon entendeur.

La SCIC est finalement vecteur d’une certaine vision de la France : celle d’un pays où les citoyens retrouvent localement un pouvoir décisionnel et celle d’un pays où la solidarité n’est pas qu’une devise mais un apprentissage de tous les jours.

(1) J.-L. LAVILLE, Politique de l’association, 2010, coll. Économie humaine, Seuil, p. 253 s.)

(2) DELMAS-MARSALET, concl. sous CE 30 nov. 1973, Assoc. Saint-Luc Clinique du Sacré-Cœur, req. nos 85598 et 85586, Dr. fisc. 1974. Comm. 531, et spéc. p. 22

(3) Institutions – Statuts – La SCIC : une alternative crédible pour les clubs en reconstruction – Gautier Kertudo – Luc Dayan – Gabriel Jobin – JS 2018, n°185, p.38

(4) Institutions – Statuts – La SCIC : une alternative crédible pour les clubs en reconstruction – Gautier Kertudo – Luc Dayan – Gabriel Jobin – JS 2018, n°185, p.38


La zone grise

La marchandisation de l’image du sportif

  • 30 septembre 201924 novembre 2019
  • par Justine Le Gall

Beaucoup l’ignorent mais si les sportifs de haut niveau, notamment les footballeurs tels que Cristiano Ronaldo ou Neymar, gagnent autant d’argent, ils ne la doivent pas uniquement à leurs prestations sur le terrain. En effet, chaque sportif possède, comme tout le monde, un droit à l’image. C’est un droit exclusif que nous avons sur notre image et l’utilisation qui en est faite. Ce droit a été dégagé par la jurisprudence sur le fondement de l’article 9 du Code civil qui dispose que « Chacun a droit au respect de sa vie privée « . Une autorisation préalable est donc nécessaire pour son utilisation. Cependant, il est important de savoir son rôle en matière sportive. 

Le droit à l’image, un droit varié

Il existe à ce jour trois types de droit à l’image dans le milieu sportif. Tout d’abord, le droit à l’image individuel du joueur en dehors de son club. Le joueur garde donc la maitrise sur son image et sur sa commercialisation. C’est à lui seul de décider s’il souhaite nouer des partenariats avec des sociétés ou des sponsors et recevoir une rémunération en contrepartie. Le consentement du joueur doit donc a priori être requis. Seulement, il existe un cas particulier où son consentement n’est pas nécessaire. Il s’agit du droit d’information du public. 
À coté de ce droit à l’image individuel, il en existe un autre mais associé au club, c’est à dire en lien avec le club du sportif. Le club a la possibilité d’utiliser l’image du joueur à des fins promotionnelles ou pour des produits dérivés du club. Pour ce type de droit individuel entre le club et le sportif, l’avenant du contrat de travail le précise. Toutes les conditions d’utilisation de l’image du sportif seront détaillées, ce qui permettra au club de savoir à quel point il peut exploiter l’image de son sportif. Enfin, il existe un droit à l’image collective qui correspond à l’image du sportif associée à celle de son équipe. Il s’appliquera s’il y a 50% de l’effectif présent sur le terrain que cela soit durant un entraînement ou un match. Il s’agit du droit qui suscite le plus de discussions au vu de l’entrée en vigueur du décret du 3 août 2018 concernant la double prestation qui lie un sportif à son club. 

Le droit à l’image, un droit exploité

Comme dit Franck Lagarde ( avocat et membre du centre de droit et d’économie du sport de Limoges ) « pour certains sportifs, les droits à l’image peuvent générer des revenus conséquents ». Cette exploitation du droit à l’image dans le milieu sportif n’existait pas dans les années 1960. Il n’a cessé de se développer avec l’évolution de la nouvelle technologie.
Cependant, il rajoute que « tous les footballeurs même en évoluant dans les championnats professionnels n’ont pas une image qui peut faire l’objet d’une exploitation commerciale. On le voit bien dans les publicités, on est sur des joueurs de très haut niveau ».
Par exemple, Cristiano Ronald, star du football international, semble profiter de ses droits à l’image. Entremise par une société offshore à laquelle il a cédé ses droits entre 2009 et 2014, il aurait touché 74,8 millions d’euros liés à ses droits d’image. 

Droit à l’image et évasion fiscale

Lorsqu’ils vivent dans un pays, les sportifs doivent payer leurs impôts. Or, le droit à l’image pouvant engendrer d’énormes sommes, les joueurs sportifs ont tendance à cacher ces revenus en les déposant sur des comptes dans des pays différents pour qu’ils ne tombent pas dans les radars de l’administration fiscale.
C’est notamment le cas de Luka Modric. Selon les faits révélés par la presse espagnole, il a créé au Luxembourg une société à qui il a cédé ses droits d’image. Cela lui aurait permis de ne pas déclarer de revenu au fisc espagnol de 2012 à 2014.
Très souvent également, les clubs savent utiliser les droits à l’image de leurs joueurs pour payer moins de charges et parfois de manière illégale, comme Cristiano Ronaldo. Son agent sportif était au courant qu’il avait cédé ses droits à l’image à une société en dehors de l’Espagne. Le club l’était également selon les faits mais a préféré le cacher. 
Ils sont donc en réalité 3 dans le contrat d’exploitation du droit à l’image et non deux, il y a le club, le sportif et la société. Le club peut y participer indirectement et profiter de la situation de son sportif. 

Crédit : Stringer / Getty

La réponse de la loi Braillard du 1er mars 2017

Suite au développement de ce droit à l’image, la loi Braillard du 1er mars 2017 concernant l’éthique du sport et la compétitivité des clubs est entrée en vigueur, ainsi que le décret d’application de l’article 17, en août 2018. Depuis ce décret, concernant le droit à l’image collective, les clubs sportifs professionnels sont autorisés à verser une partie de la rémunération de leurs joueurs sous forme de droits à l’image et sont exonérés de cotisations patronales. 
Le droit à l’image ne sera plus assujetti aux mêmes règles que le reste de leur rémunération concernant leur prestation sportive, ce qui permettra au club de réaliser une économie car ils auront moins de charges. Le joueur pourra donc recevoir une rémunération plus importante ou le club pourra faire d’autres investissements plus importants.
Est-ce que cela va permettre de réduire la tendance d’évasion fiscale ? Concernant les clubs professionnels, oui car ils pourront enfin jouer à armes égales avec la concurrence étrangère. Cependant concernant les joueurs, rien ne pourra les arrêter car la situation sera la même pour eux.

© site acteur du sport

La zone grise

Anatole Ngamukol vs. Stade de Reims

  • 30 septembre 201927 novembre 2020
  • par Baptist Agostini-Croce

Football & droit pénal, lofteur & harceleurs

Le premier octobre prochain, Anatole Ngamukol sera partie civile face à deux personnalités du Stade de Reims : l’entraineur David Guion et le directeur général Mathieu Lacour. L’ancien joueur du club se considère victime d’harcèlement moral de la part des deux hommes qui ont ainsi fait l’objet d’une citation directe devant le tribunal correctionnel de Reims.

La situation s’avère inédite puisque malgré l’existence de cas analogues par le passé, aucun n’avait conduit à une prise de position de la justice pénale. Le futur jugement pourrait avoir un impact considérable tant de nombreux joueurs semblent se trouver chaque année dans des conditions similaires.

Dès lors, il convient de s’interroger sur la possibilité que les faits reprochés à Guion et Lacour correspondent aux éléments constitutifs du harcèlement moral, infraction pénale qui n’est pas dénuée de complexité.

Le loft, élément déclencheur

Une analyse des faits s’avère nécessaire pour comprendre comment l’entraineur et le directeur général d’un club professionnel peuvent se voir reprocher la commission d’une telle infraction.

La reprise de l’entrainement à chaque début de saison implique de façon quasi systématique une modification de l’effectif, synonyme de nouvelles arrivées mais aussi de départs. Or, dans l’attente de cette dernière possibilité, certains éléments vont être conviés à quitter le groupe professionnel afin de poursuivre leur préparation de manière séparée, ils sont ainsi mis en « loft ».

Le loft correspond donc à une mise à l’écart de joueurs qui ne sont plus désirés au sein de l’équipe. Rien n’anodin jusqu’alors puisqu’une telle pratique est constatée à chaque mercato dans l’attente du transfert de ceux que l’entraineur ne souhaite plus voir évoluer sous ses ordres.

Néanmoins, ce sont les conditions de cette mise en loft qui peuvent s’avérer problématiques. En effet, Anatole Ngamukol a été informé en mai 2018 que le club ne comptait plus sur lui. Une lettre lui indique un mois plus tard qu’il s’entrainera avec l’équipe réserve, courrier qui sera renouvelé chaque mois jusqu’en octobre, période à laquelle le joueur est licencié pour faute grave suite à des menaces qu’il conteste (1).

Ce dernier explique que le club lui a notamment refusé le droit de jouer les matches de la réserve afin de le forcer à partir (2).

La situation n’est pas sans rappeler celle de Sylvain Monsoreau, ancien défenseur mis au loft par l’AS Saint-Etienne en 2011 avec ses coéquipiers Boubacar Sanogo et Mustapha Bayal Sall. L’ex-troyen avait lui aussi été écarté du groupe professionnel, privé de maillot et d’équipements, interdit de place de parking et de billets de match (3). Si aucune décision n’était intervenue dans le domaine pénal, la Cour d’appel de Lyon avait accordé des dommages et intérêts au titre du préjudice moral du fait des actes répétés de harcèlement(4).

Le harcèlement moral au travail, infraction pénale complexe

Le harcèlement moral au travail est régi par l’article 222-33-2 du Code pénal. Ce dernier dispose que : « Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. »

En droit pénal, une infraction est constituée par la réunion de deux éléments. L’élément matériel, correspondant au comportement effectivement réprimée par la loi, ainsi que l’élément moral qui s’entend de l’état d’esprit de l’auteur de l’acte, son comportement psychologique.

Au titre de l’élément matériel, le harcèlement moral au travail se compose en trois temps :

  • Les agissements doivent être répétés : « (…) par des propos ou comportements répétés (…) »
  • Ils doivent avoir pour but ou pour conséquence une dégradation des conditions de travail : « (…) ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail (…) »
  • La dégradation étant susceptible de porter préjudice à l’individu en question : « (…) susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel (…) »
Concernant l’exigence de comportements répétés, la jurisprudence prohibe notamment l’affectation à des taches sous-qualifiées ou surqualifiées. Par exemple, est constitutif d’harcèlement moral le fait de cantonner de façon prolongée et systématique une salariée engagée en qualité d’ambulancière et devenue régulatrice à des fonctions d’ambulancière, alors que cette fonction n’était qu’accessoire à la fonction principale (5). Est-il possible de voir une similitude avec le cas de l’ancien joueur rémois, convier à de multiples reprises à évoluer avec l’équipe amateur alors que ce dernier est footballeur professionnel ?

Les sanctions disciplinaires abusives étant également évoquées (6), rappelons que Ngamukol a subi un licenciement pour faute grave qu’il conteste.
A noter que la Cour de cassation réprime dans ce cadre le refus systématique d’accorder à un salarié les avantages accordés aux autres (7). Les joueurs mis en loft avec lui ont-ils dès lors connu un traitement similaire de la part du Stade de Reims ?

Les comportements répétés doivent simplement avoir « pour effet » ou « pour objet » une dégradation des conditions de travail, la Cour de cassation rappelant que le délit « n’implique pas que les agissements aient nécessairement pour objet la dégradation des conditions de travail » (8).
Le délit de harcèlement moral est consommé dès lors qu’une simple « possibilité » de dégradation existe (9).

Parmi les dégradations envisagées par le texte d’incrimination, une d’entre elle mériterait une particulière attention au regard des faits rapportés par Anatole Ngamukol : la compromission de l’avenir professionnel.
Réduire un joueur au rang d’amateur, l’empêcher de s’entrainer avec le staff de l’équipe première et de jouer des matches le weekend ne conduirait-il pas à tronquer sa préparation et dès lors, compromettre son avenir professionnel ? La question mérite d’être posée.

Toutefois, les comportements susvisés doivent être illégitimes pour être sanctionnés, ce qui n’est pas le cas lorsque l’employeur use de son pouvoir de direction (10).

Enfin, au titre de l’élément moral, il semblerait que suffise simplement un dol général, soit la volonté de commettre un acte que l’on sait interdit, puisque les termes « pour objet » ou « pour effet » empêche d’exiger chez l’auteur l’intention d’atteindre ladite dégradation.

Le tribunal correctionnel de Reims a donc la possibilité de rendre une décision d’une importance capitale dans le domaine sportif concernant une situation déjà problématique vis à vis de la Charte du Football Professionnel.

En effet, l’article 507 de celle-ci indique notamment au point numéro 1 que « (…) Sauf raison médicale, le club ne saurait maintenir aucun joueur sous contrat professionnel, sous réserve des dispositions prévues au 2. ci-dessous, à l’écart du dispositif mis en place au sein du club pour la préparation et l’entraînement collectif des joueurs professionnels ou élites (…) »

Le deuxième point précise que « (…) La mise à disposition de tout joueur sous contrat professionnel dans le 2ème groupe d’entraînement, selon les critères et conditions définis ci-dessus, doit s’effectuer de manière temporaire pour des motifs exclusivement sportifs liés à la gestion de l’effectif.

Elle ne doit en aucun cas se prolonger de manière régulière, permanente et définitive s’apparentant à une mise à l’écart du joueur contraire à l’esprit du texte et du contrat de travail du footballeur professionnel. (…) »

Enfin, le dernier point indique que si de telles conditions – lesquelles sont cumulatives – ne sont pas respectées, le joueur sera réintégré dans le premier groupe d’entrainement par la Commission juridique de la Ligue de Football Professionnel.

Malgré la saisine de cette commission et sa réintégration dans le groupe, Anatole Ngamukol souhaite donc obtenir gain de cause sur le terrain répressif. C’est donc à la juridiction rémoise qu’il revient la possibilité d’éclairer ou d’obscurcir l’avenir des futurs lofteurs.

Baptist AGOSTINI-CROCE

1. « Le conflit entre le Stade de Reims et Anatole Ngamukol se réglera bien devant la justice », France Bleu Marne, 7 mai 2019 : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-conflit-entre-le-stade-de-reims- et-anatole-ngamukol-se-reglera-bien-devant-la-justice-1557247109

2. « Enquête : ces joueurs de football qui passent des lofts aux tribunaux », l’Equipe, 30 juillet 2019 : https:// www.lequipe.fr/Football/Article/Enquete-ces-joueurs-de-football-qui-passent-des-lofts-aux-tribunaux/ 1044767

3. « Les rois du loft », France Football, 14 juillet 2015 : https://www.francefootball.fr/news/Les-rois-du-loft/ 574063

4. CA Lyon, 20 mars 2015 n° 14/02341

5. CA Nancy, 30 janvier 2002, ch. soc, n°01/02517

6. Crim, 25 septembre 2007, B n°222 ; JCP 2007, II, 10004

7. Crim, 6 février 2007, B n°29, RSC 2007, p.818, obs. Y Mayaud 8 Crim, 24 mai 2011, DP 2011, n°118

9. Crim, 23 janv. 2018, n° 16-87.709

10. Crim, 18 janvier 2011, JCP 2012, 310, note P. Mistretta

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