EDF et XV de France, destins croisés ?
Ce Tournoi des VI Nations le confirme une nouvelle fois : potentiel gâché, coups d’éclats sans lendemain et raclées improbables rythment le rugby français. En panne de solutions, le XV de France serait bien inspiré d’imiter l’Equipe de France de football, tant les trajectoires des deux équipes sont comparables.
Une finale de coupe du monde perdue
Le point de départ est le même, avec 5 ans de décalage. En 2006 l’Equipe de France de football perd en finale, mais son parcours met un terme aux errances de la période 2002-2005. Le XV de France chute aussi en finale de coupe du monde, en 2011. Si son jeu a été largement critiqué, l’équipe montre une belle résistance en finale face aux All Blacks. A l’issue de ces compétitions, les deux équipes provoquent un léger regain d’espoir, mais leurs insuffisances sont pointées du doigt.
Une débâcle aux yeux du monde entier
Ces insuffisances éclatent finalement. En 2015, après 4 ans peu rassurants la France connaît sa plus large défaite en coupe du monde, 62-13 face à la Nouvelle-Zélande. Quant à l’équipe de France de football, son échec à l’Euro 2008 et sa qualification polémique à la coupe du monde 2010 ne sont qu’un avant-goût de l’humiliation que sera cette compétition. Le XV de France et l’Equipe de France de football sortent de ces compétitions en pleine crise.
Une reconstruction incertaine
Laurent Blanc teste de nombreux joueurs peu ou jamais sélectionnés auparavant, et l’équipe n’obtient la qualification à l’Euro 2012 que par un nul lors du dernier match de poule. Les footballeurs sont par la suite éliminés de la compétition avec seulement une victoire, en atteignant tout de même les quarts de finale.
A l’inverse les entraîneurs du XV de France font le choix de conserver des joueurs impliqués dans les débâcles passées. Le rugby français érige la défaite encourageante en art de vivre (trois défaites lors d’une tournée sud-africaine, nul face au Japon, rouste face aux Anglais) mais réalise de rares coups d’éclats, comme sa victoire face au Pays de Galles en 2017 après 100 minutes de temps de jeu.
Une lueur d’espoir : les jeunesses dorées
La lueur d’espoir apparaît du côté des jeunes. En 2013 l’Equipe de France de football U20 remporte la coupe du monde et toute une jeunesse dorée émerge : Varane, Griezmann, Mendy, Areola, Umtiti, Pogba… A nouveau l’histoire se répète : avec 5 ans de décalage, l’Equipe de France de rugby U20 remporte en 2018 la coupe du monde (il n’y a pas eu que du football cet été !). Une autre génération dorée émerge avec de jeunes talents comme Ntamack, Carbonel, Bamba, Joseph.
Une comparaison qui reste à achever
Didier Deschamps a exploité ce jeune vivier lors de la coupe du monde 2014, en alignant une équipe à 20 sélections en moyenne. Cela ne l’a pas empêché de réaliser un parcours honorable mais a surtout contribué à former cette génération à jouer ensemble. Le résultat a été au rendez-vous : c’est cette génération dorée, reconduite à l’Euro 2016, qui a pu pleinement exprimer son niveau à l’été 2018.
C’est le pari qui se présente aujourd’hui au XV de France : son sauvetage résiderait-il également dans sa jeunesse dorée ? Quelques jeunes sont bien sélectionnés en équipe nationale mais ils se retrouvent au contact d’un groupe déjà rodé dans son goût de l’échec, où ils risquent de gâcher leur talent. C’est une refonte globale qui doit être engagée, en changeant une partie conséquente de l’équipe actuelle pour y installer de jeunes joueurs déjà habitués à jouer ensemble et prometteurs.
Certes une telle équipe ne pourrait être performante dès la coupe du monde 2019. Mais au vu des performances actuelles il n’y a rien à attendre de cette compétition. Elle pourrait en revanche être mise à profit, comme le fut celle de 2014 pour les footballeurs. Le XV de France doit pour avancer accepter de sacrifier le mondial à venir et viser le suivant, d’autant plus que celui-ci se déroulera en France. Avec une équipe jeune, rodée depuis 2019 et si notre décalage de 5 ans est respecté, on peut rêver que la France soit sacrée à la maison.
1 commentaire
Bon, on voit le verre à moitié plein et on compare cette débâcle actuelle à l’ EDF 2006-2012. Sauf qu’en 2009 T Henry fait ce que tout rugbyman devrait faire, saisir le ballon de la main au lieu de le laisser à l’adversaire