Les revenus d’un club de football
Quoiqu’on en dise, quoiqu’on en pense, lorsque l’on évoque le football, il n’est plus uniquement question de sport, de villes, de régions, d’amusement ou de spectacle mais aussi et surtout de business. De nos jours, les clubs de football professionnel sont des entreprises avec des employés (les joueurs entre autre personnel), des recettes et des coûts. Cependant, il ne s’agit pas d’entreprises comme les autres. La ou une entreprise classique cherche à maximiser son profit, un club de football a un objectif trouble. Certains, se tournent vers la maximisation du profit tandis que d’autres se tournent vers la maximisation du nombre de victoire. Contrairement à la pensée commune et malgré les fortes sommes d’argent engagées, le football n’est qu’un petit marché. Si nous comparons le chiffres d’affaires le plus élevé dans le football (Real Madrid CF) à celui de la plus petite valeur boursière du CAC40 (Atos), nous avons un rapport de 1:16. De plus, le football est un marché ou hors revenu des transferts, rares sont les clubs arrivant à dégager des bénéfices même si sur les dernières années les clubs tendent vers l’équilibre.
Les droits de retransmission télévisée
Lorsqu’il s’agit de consommer du bien football, c’est à dire regarder un match. Il existe deux manières, la première et la plus ancienne consiste à aller voir le match au stade. Quant à la seconde, il s’agit de regarder sa retransmission télévisuelle.
Cette dernière s’est grandement démocratisée à la fin du siècle dernier, constituant ainsi pour la première fois un revenu pour les clubs professionnels français (7% des revenus durant la saison 1984-1985). Ce poste de revenu n’a cessé d’augmenter au fur et à mesure des années jusqu’à constituer environ 50% des revenus des clubs français. Cette tendance n’est pas uniquement française et se retrouve plus ou moins accentuée chez nos voisins du “Big five”.
Nous pouvons décortiquer ces droits de retransmission télévisuelle en droits domestiques (pour les chaînes de télévisions nationales) et les droits internationaux (pour les chaînes de télévisions étrangères). Ces droits sont vendus aux plus offrant, les prix dépendent donc du degré de concurrence et de l’attractivité de la ligue entre autres. Cela explique les disparités entre notre ligue des talents et le championnat d’Angleterre par exemple.
Les droits de retransmission télévisuelle des championnats et des coupes (y compris la Ligue des champions) sont répartis entre les participants de manière plus ou moins égalitaire selon les fédérations/ligues en fonction des résultats sportifs, de la notoriété du club, de l’audimat, de la part fixe accordée par la ligue … Ces paramètres sont plus ou moins décisif dans la répartition selon les ligues.
Les recettes les jours de matchs
A l’inverse des droits de retransmission télévisuelle qui ont cru année après année, les revenus des jours de match ont eux suivi une trajectoire contraire. Eux qui représentaient la majorité des revenus des clubs professionnels français (entre 60 et 80%) et qui était complété par les subventions des collectivités territoriales. Ils représentent aujourd’hui en moyenne entre une dizaine de pour-cent et une vingtaine de pour-cent dans les championnats du “Big five”.
Les inégalités concernant les revenus des jours de matchs sont dûs à différents paramètres, tel que la capacité du stade mais aussi le taux de remplissage. Il est important de noter que le taux d’affluence dépend lui aussi de paramètres tel que la performance sportive, la qualité des matchs, le confort, le prix ainsi que l’incertitude car une compétition grandement déséquilibrées peut dissuader les supporters/spectateurs de venir au stade.
Si nous comparons les championnats français et britannique, nous remarquons que le taux de remplissage des stades britanniques frôle le guichet fermé tandis que le championnat de France voit un peu plus d’un quart de ses places non occupé. De plus, en terme de somme de capacité des stades la Premier League dépasse notre championnat national. Nous constatons aussi qu’outre-Manche les revenus des clubs les jours de matchs dépasse largement ceux des clubs de notre championnat national validant ainsi le raisonnement développé plus haut.
Sponsoring & Merchandising
Présent à plusieurs endroits sur les maillots, sur les shorts, accompagnant les noms des stades et des centres d’entrainement ou vendus aux supporters, il s’agit du troisième poste de recettes le plus important des clubs avec les droits de retransmission télévisuelle et les recettes des jours de match : les revenus commerciaux. Ces derniers sont composés des revenus du sponsoring autrement dit la publicité et de la vente de maillots et autres produits dérivées qu’on regroupe sous l’égide du merchandising.
Les revenus commerciaux sont cependant de nature assez aléatoire, en effet ceux ci sont corrélés au nombre de victoire ainsi qu’à sa réputation car un club réputé attire plus de public que ce soit à la télévision ou au stade, les publicités présente toucheront donc potentiellement beaucoup plus de personne. La visibilité du club entrant fortement en compte, la diffusion de plus en plus importante des matchs de football au fur et a mesure des années a permit aux revenus commerciaux de fortement augmenté. Représentant lorsque tout va bien pour le club entre 30% et 45% de ses revenus en fonction des ligues.
L’importance des recettes de merchandising varie en fonction de la taille du marché et d’autre part de la notoriété du joueur et du club. Agrandir son marché est la principale raison pour laquelle les clubs désirent s’exporter sur des marchés ou le football européen est très peu présent. Contrairement à ce que l’on pense, un club récupère environ un tiers du prix d’un maillot (qui coutent entre 80 et 150€ en fonction des marques, du flocage et du type de tissu) rendant difficile l’amortissement du transfert d’un joueur sauf exception.
Concernant, le sponsoring, il se divise en différentes pratiques. Les premières qui nous viennent à l’esprit sont le sponsoring maillot et les contrat équipementier , tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne, le montant accordé par les sponsors décroit très vite au fur et a mesure que l’on s’éloigne des grands clubs. De plus, la volatilité des résultats fait que les contrats se négocient sur le court terme pour éviter toute prise de risque du coté des sponsors. Il s’agit d’une partie de l’explication de l’aléatoire des revenus commerciaux.
L’autre pratique nous venant à l’esprit est le “naming”, pratique très présente outre-Manche et outre-Rhin, il s’agit d’une pratique qui continue de se développer dans nos championnats nationaux en témoigne les noms des nouveaux stades construit, le changement de nom de certains autres et les changements de sponsors successifs que connaitra la première division française (Ligue 1 Conforama de 2017 à 2020 pour ensuite s’appeler Ligue 1 Uber Eats de 2021 à 2023).
Les chiffres présentés tout au long de cet article sont issus du livre « L’argent du football » de Luc Arrondel et Richard Duhautois.
2 commentaires
Pour ceux que ça interresse une petite video youtube qui montre l’évolution des revenus des clubs de Foot de 2001 à 2019: https://www.youtube.com/watch?v=ZxblEVQDWKo
Sur à peine 20 ans ça fait x4.
[…] une baisse d’attractivité du club, et son cours boursier s’en ressentirait[3]. En outre, un club de football engrange des revenus principalement par les droits TV, ainsi que par la vente de joueurs pour certains. C’est […]