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Coachs sans diplôme

Un départ de Mbappé : quand l’économique se conjugue…

  • 19 novembre 20204 mars 2021
  • par Pierre-André Kikano

13 juin 2019, 19h30 : alors qu’un immense soleil enflamme la capital espagnole, le grand Eden Hazard, recruté 100 millions d’euros  s’avançait pas à pas dans l’antre madrilène sous les yeux ébahis des socios, le tout dans une ambiance galactique rappelant celle de Cristiano Ronaldo dix ans plus tôt. Mais coup de théâtre : en une fraction de seconde, les socios madrilènes, amassés dans les tribunes s’écriaient  “Nous voulons Mbappé !, Nous voulons Mbappé ! ”, faisant alors passer un message à Florentino Pérez.

Ces exclamations pourraient paraître anecdotiques mais elles intervenaient après les déclarations fracassantes du jeune prodige français le 19 mai 2019. Celui-ci avait en effet  déclaré “j’ai découvert énormément de choses ici. Je sens que c’est peut-être le moment d’avoir plus de responsabilités. J’espère que ce sera peut-être au PSG, ce serait avec grand plaisir. Ou ce sera peut-être ailleurs pour un nouveau projet.” La suite on l’a connait. 352 millions de dépenses sur Jovic, Hazard, Mendy, Rodrygo et Militao, un transfert de Pogba avorté et un porte monnaie vide: Mbappé restait au PSG.

Mais désormais de l’eau a coulé sous les ponts. D’un côté, le Real Madrid peine à retrouver de sa superbe et compte encore sur des cadres vieillissants alors que les jeunes recrues déçoivent. De l’autre côté, se trouve un club parisien dont les problèmes tactiques et institutionnels ne semblent toujours pas réglés malgré un retour tonitruant de Leonardo au commande. Entre ces deux mastodontes européens, un joueur ambitieux, sur une pente ascendante, champion du monde mais dont la progression semble s’essouffler depuis deux années.

Face à ces problèmes différents, reste à savoir si une solution, non pas miracle mais faisant converger les intérêts des deux clubs, peut être trouvée. Concrètement, l’arrivée de Mbappé dans la capitale espagnole ne serait-elle pas la meilleure solution pour l’ensemble des parties, en conjuguant enfin économique et sportif ?

Une ressource financière inestimable pour le PSG et un rempart au fair-play financier

Crédit : RMC sport

Estimé en décembre 2019 à 200 millions d’euros (180 selon la plus récente, sûrement en raison du Covid-19), Mbappé constitue sans aucun doute un trésor de liquidités pour le club parisien. Cet argument financier pourrait néanmoins être contrecarré très facilement. En effet, avec la participation de QSI au capital du club et les  retombées marketing de Mbappé pour le PSG, il y a fort à parier qu’un tel argument ne soit pas suffisant pour convaincre la direction parisienne.

Mais à y voir de plus près, une telle vente pourrait s’avérer formidable pour le PSG, car elle constituerait un véritable pied de nez au fair-play financier. Combien de transferts celui-ci  a-t-il fait capoter au PSG ? Fabinho, Oblak, Kanté, De Ligt (en partie) pour ne citer qu’eux. Or, cette menace du fair-play financier pèse justement sur le PSG à la suite des centaines de millions d’euros dépensés pour Neymar et Mbappé. En effet, le fair-play financier ne vise pas à empêcher les clubs de dépenser. La volonté de l’UEFA est d’assurer une comptabilité saine pour les clubs, en l’obligeant à ne pas dépenser plus que ce qu’elle reçoit.

Ainsi, d’un point de vue strictement comptable la vente de Mbappé augmenterait considérablement ce que le club «  recevra ». Il sera alors d’autant plus libre dans ses dépenses.

Un tel transfert pourrait en plus ouvrir des possibilités sur le marché des transferts. Vendre Mbappé serait donc une solution pour reconstruire un effectif trop pauvre à certains postes,  tout en étant dans les clous du fair-play financier. D’ailleurs, le PSG n’est pas le premier club à se retrouver face à un tel dilemme.

La Juventus Turin, en 2001, s’était retrouvé dans la même situation avec Zinedine Zidane. Alors que ce dernier était au sommet de son art mais avait des envies d’ailleurs, la Juventus avait accepté de s’en séparer contre la somme de 77 millions d’euros….au Real Madrid .  Cet argent avait été investi dans l’achat de Lilian Thuram, Buffon et Nedved (ballon d’or 2003). Résultat : 2 titres de champions d’Italie en 2002 et 2003 et une finale de Ligue des champions perdues au tirs aux buts, alors que 9 joueurs de son effectif sont nommés pour le Ballon d’Or en 2005 . Un choix pragmatique mais concluant dont pourrait s’inspirer le PSG.

Un casse-tête tactique inhérent au PSG  

Crédit : Pressfrom

S’il y a bien un défi que Thomas Tuchel n’aura jamais réussi à surmonter au PSG (avec le fait d’imposer des légumes à Jésé), c’est le positionnement tactique de Mbappé. Un coup à droite, un coup à gauche, le tout en passant par le centre, force est de constater que depuis 2 ans, Mbappé a plus joué le rôle d’un essuie-glace que de joueur de football.

Mais il faut dire que la manière dont l’effectif du PSG a été construit n’a pas du tout aidé le technicien allemand. Extrêmement rapide, fort sur ses appuis, fin et technique, friand des ballons en profondeurs mais aussi très bon devant le but,  les qualités footballistiques de Mbappé lui donnent un profil très polyvalent, sans doute trop. Ses qualités font ressortir surtout un cruel besoin de verticalité et donc de profondeur. Or le jeu parisien, souvent imposé par une Ligue 1 trop faible avec des équipes trop basses sur le terrain, empêche cela.

De plus  la composition de l’effectif du PSG n’a fait qu’aggraver les choses. D’un côté, Neymar fait qu’évoluer son jeu vers l’axe, empêchant Mbappé d’y évoluer en soutien d’un attaquant comme il le faisait à Monaco; de l’autre, Di Maria se révèle très performant lorsqu’il est placé à droite.

Un positionnement en 9 semble alors plus adéquat pour l’ancien Monégasque. Mais le constat nous dit aujourd’hui l’inverse : les performances du joueur n’ont fait que décevoir à ce poste. D’une part en équipe de France, où ses titularisations à ce poste se sont révélées beaucoup moins bonnes qu’à droite. D’autre part, avec le PSG, qui a finalement dû se résoudre à acheter Mauro Icardi et se faire prêter Moise Kean pour répondre aux besoins à ce poste.

Pour toutes ces raisons, l’heure est vraiment à se demander si le casse tête tactique de Mbappé au PSG ne possède tout simplement pas de solution.

Une convergence exceptionnelle des intérêts économiques et sportifs

Crédit : LCI

Vendre des joueurs pour renflouer les caisses ? Investir sur une pépite au risque que ses performances s’avèrent décevantes ? Toute la difficulté de la gestion d’un club, spécialement dans le football est de faire un choix face à ces deux questions. Le rôle d’une direction est donc avant tout un rôle d’arbitre entre ces deux intérêts.

Vendre des joueurs pour renflouer les caisses ? Investir sur une pépite au risque que ses performances s’avèrent décevantes ? Toute la difficulté de la gestion d’un club, spécialement dans le football est de faire un choix face à ces deux questions. Le rôle d’une direction est donc avant tout un rôle d’arbitre entre ces deux intérêts.

A une époque ou les intérêts sportifs et économiques des clubs ont tendance à s’opposer, le PSG a donc ici l’occasion unique de faire converger les deux. En effet, alors que le départ d’un top joueur est en général le fruit d’une dépréciation de l’effectif, le PSG pourrait sortir renforcé de cette opération.

Libérer de la place dans le vestiaire, utiliser l’argent de la vente pour acheter un arrière gauche, un arrière droit et un défenseur central, les intérêts sportifs du PSG seraient ainsi parfaitement remplis, le compte bancaire avec. Ainsi, au delà de l’équipe, c’est toute la capacité de gestion du club dont il est question, aussi bien pour Leonardo que pour la direction qatarie. Au vu des problèmes du PSG, renforcer « la fameuse institution parisienne » apporterait de la crédibilité à des dirigeants très souvent critiqués.

Neymar-Mbappé : une cohabitation touchant à ses limites

Crédit : Aurélien Meunier, Getty

Très amis sur et en dehors des terrains, actifs sur les réseaux et manifestement complémentaires dans le vestiaire, la relation Neymar-Mbappé a tout d’une belle histoire, parfois même fraternelle. Oui mais voila : le petit grandit et risque très rapidement, de se retrouver dans l’ombre du grand.

Si Mbappé veut devenir le joueur qu’il souhaite être, il ne pourra s’inscrire dans l’ombre de Neymar bien longtemps. En effet, transféré pour 222 millions dans ce qui est considéré comme le transfert du siècle, Neymar constitue la véritable figure de proue du projet parisien. Le brésilien représente le projet parisien, aussi bien dans ses qualités que dans ses turpitudes : Neymar c’est le PSG. Un tel problème se traduit parfaitement sur le terrain : le Roi comme le surnomme les supporters parisiens a tendance à attirer la lumière sur lui par ses dribbles, ses coups d’éclairs, au détriment d’un collectif et surtout de Mbappé.

Au-delà, la double présence de Mbappé et de Neymar paraît devenir progressivement trop lourde pour le PSG. En prenant de plus en plus importance, ces deux protagonistes ne sont-ils pas devenus plus grand que le club lui-même ? A ce titre, vendre Mbappé permettrait aussi au PSG d’alléger un vestiaire trop dur à gérer et à porter.

Le Real Madrid : destination parfaite pour un destin écrit

Crédit : Blastingnews

Il est connu de tous que l’histoire entre le Real Madrid et Mbappé a débuté en 2017 et ne s’est jamais réellement terminée. Alors que la plupart des médias reconnaissent que le jeune prodige est régulièrement en contact avec Zinedine Zidane, un transfert au Real Madrid semble écrit, tant les besoins de chacun des parties seraient comblés.

En effet,  l’effectif madrilène se trouve être de plus en plus vieillissant alors que les récentes recrues ne semblent pas être au niveau des ambitions du club. Bref, le besoin d’un  nouveau souffle se fait ressentir alors que les saisons de transition s’enchainent. Ce constat fait : qui d’autres qu’un attaquant, de 21 ans, fraichement champion du monde et considéré comme le plus grand espoir mondial, pour incarner ce renouveau ? Qui d’autre que Mbappé, avec tout ce qu’il incarne, aussi bien d’un point de vue marketing que footballistique, peut permettre à ce club de revenir sur le toit de l’Europe ?

En outre, le football pratiqué par le Real Madrid, sous Zidane ou un autre, semble convenir parfaitement au jeu de Mbappé. S’inscrivant dans une liga joueuse et technique, la profondeur et la verticalité, tant voulues pour un épanouissement de Mbappé, y sont particulièrement présentes. Le Real Madrid semble donc être la destination toute tracée pour Killian Mbappé. Reste cependant à savoir si la pandémie actuelle ne risque pas d’empêcher le Real Madrid de mettre les plusieurs centaines de millions d’euros qui seront demandés par le PSG pour s’offrir le Parisien.

Pour toutes ses raisons, un transfert de Mbappé aurait comme singularité de rendre services aux trois parties concernées, les deux clubs et le joueur, tant quant aux besoins économiques qu’à leurs projets sportifs respectifs. Quoiqu’il en soit, à bientôt 22 ans et alors que Douglas Coupland déclarait « qu’on emploie sa jeunesse à s’enrichir, et la richesse à rajeunir »,  Mbappé ferait bien de son coté, de se soucier de son avenir.

La zone grise

Nitto Atp Finals : passation de pouvoir entre Londres…

  • 15 novembre 20204 mars 2021
  • par Loris Witkowski

Le dernier rendez-vous de la saison fête ses noces d’or dès aujourd’hui à 15h à l’O2 Arena. Après 12 éditions, les meilleurs joueurs mondiaux vont connaître leurs derniers instants dans l’arène londonienne. Un changement de lieu d’un des tournois de tennis les plus importants de l’année qui n’est pas sans impact, sur le plan économique comme sportif.  

L’économie du Masters en baisse

Dû à l’épidémie de Covid-19, les ATP Nitto finals ont connu une baisse en termes de cash-prize, sans parler du fait que l’entièreté du tournoi se déroulera à huis clos.

             Un prize money réduit

Les matchs se déroulant à huis clos, la billetterie est donc inexistante pour le tournoi et cela atteint la dotation du tournoi. Le gagnant qui effectuerait 5 victoires lors du tournoi cette saison remporterait 1,5 million de dollars, contre 2,8 millions de dollars l’année précédente.

La crise sanitaire impacte malheureusement le tennis mondial depuis plus de 6 mois. L’ATP a essayé de faire au mieux cette saison, mais nous n’avons pas pu connaître la saison tennistique rêvée. Si cette crise se poursuit, il faut donc espérer que les tournois s’adapteront d’une meilleure manière, étant donné le facteur temps qui devrait leur permettre de se préparer au mieux.

Fort heureusement au niveau des sponsors, le tennis n’a pas connu de changements. Le sponsor Japonais Nitto a même annoncé avoir prolongé son contrat de sponsoring en septembre. Une occasion pour nous de s’y intéresser de plus près.

             Nitto, le sponsor phare grâce au naming

En septembre 2020, l’ATP a annoncé la prolongation de la marque japonaise jusqu’en 2025. Cet engagement est un contrat de naming, c’est à dire que le nom de la société apparaît devant le nom du Masters. D’où le nom de Nitto ATP Finals, société qui était déjà engagée depuis 2017 avec l’ATP.

L’objectif de la marque est donc bien évidemment d’augmenter sa croissance et sa reconnaissance à l’international. La nouvelle prolongation prend acte à partir de 2021, soit le moment du changement de lieu du Masters à Turin. Bien entendu, qui dit prolongation dit modification du contrat : Nitto en profite donc pour devenir partenaire Gold de l’ATP Tour. La société a ainsi fait le choix d’étendre son sponsoring, plutôt que de se cantonner au Naming simple.

Cette pratique du Naming s’est développée de plus en plus ces dernières années dans le sport business. Même si celui-ci a commencé un siècle plus tôt (en 1913 avec le stade Philips SportPark), la pratique se développe de plus en plus ces dernières années.
Cela semble en effet être une pratique assez profitable pour les annonceurs, les marques… Elle leur permet de développer leur visibilité et leur image en lien avec l’événement, et dans le même temps d’être cités par les différents médias qui couvrent l’événement. On a donc un double impact plutôt que de simplement décider de faire passer une publicité lors de la mi-temps d’un match de football.

En France, les exemples du Naming les plus fructueux sont ainsi ceux du Groupama Stadium (stade de l’Olympique Lyonnais), l’Allianz Riviera (stade de Nice) ou encore L’AccorHotelsArena (Arena de Bercy auparavant). L’économie, qui prend donc une place importante dans le sport, s’attaque donc désormais au tennis via son affiche la plus glamour : les Masters, auxquels il nous faut nous intéresser de manière plus générale.

Djokovic favori, Nadal pour l’histoire

C’est la première fois depuis 2015 que nous n’avons pas une nation différente représentée par joueurs. En effet, Rublev et Medvedev ont tiré leur épingle du jeu afin de rappeler le retour du tennis russe sur la scène tennistique. On retrouve comme à leur habitude le duo Djokovic-Nadal ; l’Espagnol est d’ailleurs toujours en recherche d’un titre lors de la dernière épreuve de la saison après 2 finales perdues (en 2010 et 2013). Même si le Serbe semble être favori, l’opposition n’a jamais été aussi forte et il est fort probable de voir des surprises dès les phases de poule.

            Tokyo 1970 et Londres 2020

Afin de rendre hommage aux 50 ans du tournoi, les noms de groupe ont été modifiés, en passant de Bjorg et Agassi à Tokyo 1970 et Londres 2020.

Crédits : ATP

            Tokyo 1970

Par rapport à l’édition précédente, on peut voir du changement au niveau des phases de poule. C’est Djokovic qui va affronter Medvedev et Zverev, alors que c’était Nadal l’an passé. Le Serbe va donc devoir être solide d’entrée de jeu étant donné qu’il est face au vainqueur et au finaliste du dernier Master 1000 de la saison à Bercy. Il ne faut tout de même pas oublier le petit nouveau, Diego Schwartzman, qui fête sa première qualification. S’il l a connu une année sans titre, sa régularité reste remarquable.

            Londres 2020

Dans l’autre groupe, Rafael Nadal évite donc Alexander Zverev, qui l’a battu à Bercy en Indoor. Le numéro 2 mondial est dans une poule avec plus d’incertitudes. Dominic Thiem revient de blessure, après une année où il a connu sa première victoire en Grand Chelem ; Stefanos Tsitsipas sort d’une élimination au premier tour à Bercy ; et Andrey Rublev connaît sa première participation.

            Nadal pour l’histoire

Le numéro 2 mondial n’a jamais remporté ce titre de fin de saison. Pourtant finaliste par deux fois en 2010 et en 2013, la réussite n’a jamais été en sa faveur. C’est le seul tournoi majeur qui manque à son actif.
Cela peut s’expliquer d’une certaine manière étant donné son style de jeu. Le Majorquin préférerait une surface plus lente, qui prend plus les effets, afin de pouvoir imposer son jeu physique avec son lift inégalable. Il a tout de même montré de bonnes choses à Bercy, en atteignant le dernier carré. C’est à lui de montrer que ces efforts pour s’adapter à la surface ont payé.

            Djokovic favori, mais pas trop…

Le Serbe reste l’éternel favori du tournoi. Avec déjà 5 succès on peut dire qu’il est le maître des lieux, étant donné l’absence de Federer aux  6 titres. A noter tout de même sa défaite en amont du tournoi à Vienne contre Sonego, qui peut paraître indifférente , mais il arrive avec moins de confiance que les années précédentes, et surtout que ses rivaux de poule.
Daniil Medvedev a remporté le dernier Masters 1000 de la saison à Bercy face à Alexander Zverev. Le Russe et l’Allemand arrivent avec des bases plus solides en Indoor. A voir désormais s’ils sauront en profiter durant les phases de poule face à Nole, car une fois le numéro 1 mondial lancé, il paraît inarrêtable.

L’avenir du Masters

Le Masters de fin d’année promettait des dotations records à partir de 2021. On parlait d’une dotation générale d’un peu moins de 15 millions de dollars au minimum. Mais suite à la crise sanitaire, nous nous doutons bien que les plans ont dû être revus à la baisse.

           Un départ à Turin à partir de 2021

Les prochaines pages de l’histoire ne se feront donc plus à Londres mais à Turin. A partir de 2021, les 8 meilleurs joueurs mondiaux se retrouveront au Pala Alpitour, une salle dont la capacité d’accueil est de 15 000 spectateurs, soit 5 000 de moins que l’O2 Arena.

Crédits : Pala Alpitour

Ce changement a été en majorité proposé par les joueurs et notamment par Novak Djokovic, en sa qualité de président du conseil des joueurs à l’ATP. Il estimait que le tournoi avait régulièrement changé de ville, et n’était pas contre à l’époque où cela n’avait pas encore été décidé.

Cela pourrait même permettre à l’Italie de se remettre au goût du jour au niveau du tennis mondial. Ce sport a connu une grosse disette dans le pays et qui commence à renaître de ses cendres au fur et à mesure, notamment grâce à Matteo Berrettini qui était proche de se qualifier cette année, ou encore grâce à Fabio Fognini. Et il ne serait même pas improbable de voir Jannik Sinner dans les prochaines années à Turin. L’Italien a remporté cette semaine son premier tournoi à seulement 19 ans à Sofia.

A suivre…

La zone grise

La liberté d’expression relative des athlètes aux Jeux Olympiques

  • 10 novembre 20203 avril 2023
  • par Justine Le Gall

Introduction

Les Jeux Olympiques (JO) ne sont pas qu’une manifestation sportive, comme on peut trop souvent le penser. Ils servent à amplifier tous les messages que l’on souhaite passer. Toute l’attention du monde se concentre sur cet événement. Il est important de rappeler que cette compétition sportive a toujours été ancrée dans l’histoire et n’a fait qu’évoluer au fil des années.

A l’origine, les Jeux olympiques se déroulaient dans le centre religieux d’Olympie jusqu’à leur disparition au Vème siècle. Mais cette disparition n’a duré qu’un temps puisque les jeux ont été rénovés par le baron français Pierre de Coubertin en 1894, avec la fondation du Comité international olympique (CIO).

C’est à partir du XXème siècle que les JO ont commencé à avoir une dimension géopolitique très importante, liée à la présence de quasiment chaque nation. Les États profitaient de cette compétition sportive afin d’asseoir leur supériorité politique ou sportive dans le monde, comme ce fut par exemple le cas en 1936 lors des JO de Berlin organisés par Hitler. L’Allemagne étant le pays organisateur à cette époque, Hitler n’avait aucune restriction et a pu montrer la prédominance de son régime nazi.

À travers cette dimension géopolitique, les sportifs ont également voulu manifester leur opinion politique, religieuse ou raciale pendant les jeux. Néanmoins, la Charte Olympique, publiée pour la première fois en 1908 et codifiant les principes fondamentaux de l’Olympisme, prohibe à travers sa règle 50 « toute sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». En effet, chaque individu doit pouvoir faire du sport sans aucune discrimination et dans l’esprit olympique qui exige un esprit de solidarité entre les sportifs et de fair-play.

Cependant, cette règle représente pour certains une limite à la liberté d’expression et c’est pourquoi elle a fortement été critiquée comme constituant une atteinte injustifiable à la liberté d’expression des athlètes.

La lutte historique des Américains Tommie Smith et John Carlos contre la ségrégation raciale

Crédits : polkamagazine.

Cette lutte s’est manifestée notamment le 16 octobre 1968, durant les Jeux Olympiques de Mexico, les Américains Tommie Smith et John Carlos ont levé leur point sur le podium des 200 mètres en athlétisme. Ce geste leur vaudra l’exclusion à vie des Jeux Olympiques, mais pas le retrait de leurs médailles. Ils ont été pour l’un, Tommie Smith, médaillé d’or et pour l’autre, John Carlos, médaillé de bronze.

La presse décrira ce geste comme un salut du « Black Power » tandis que Smith, à travers son autobiographie Silent Gesture précisera que c’est un « salut pour les droits de l’homme ».
Durant les années 1960, la ségrégation était très présente aux États-Unis et ces sportifs voulaient montrer qu’ils étaient prêts à défendre leurs droits. Ce geste a toutefois été mal vu par le Comité olympique américain, qui dès le lendemain annonça à John Carlos et Tommie Smith qu’ils devaient quitter la délégation américaine dans les 48 heures. S’ils refusaient de coopérer, le CIO menaçait de suspendre toute l’équipe des États-Unis. Ces deux sportifs se sont donc sacrifiés pour défendre leurs droits.

Les choses n’ont fait qu’empirer pour eux après cet événement. Ils ont été boycottés par les médias et ont commencé à recevoir de manière quotidienne des menaces de mort. Ils ont eu du mal à trouver de nouveau un travail et leurs femmes ont mis fin à leurs jours ou ont fini par divorcer face à cette pression quotidienne. Un destin tragique pour ces sportifs qui voulaient juste être entendus.

Il a fallu attendre les années 1990-2000 pour que leur geste soit reconnu comme un acte de courage et que les deux athlètes soient réhabilités aux Jeux Olympiques.
Néanmoins, cela ne sera pas suffisant pour John Carlos qui continue de se battre pour que cet acte soit honoré et que l’on modifie la règle 50 de la Charte Olympique. La décision qui a été prise par le CIO suite à ce geste est selon lui injuste et va à l’encontre de la déclaration universelle des droits de l’homme.

Le combat omniprésent de John Carlos afin d’honorer cet acte

Près de 50 ans après cet événement, l’image reste ancrée dans les esprits. Deux poings levés, vers le ciel, pour être jugé à leur juste valeur. À croire que la victoire leur était égale.
John Carlos a donc rejoint des sportifs américains auprès du Conseil des athlètes du Comité olympique et paralympique des États-Unis (USOPC) pour appeler le CIO à modifier la règle 50 de la Charte Olympique. Ils veulent supprimer les règles interdisant aux athlètes de manifester leurs opinions politiques, religieuses ou raciales pendant les Jeux afin de retrouver leur liberté d’expression.

Selon l’USOPC « les Comités internationaux olympique et paralympique ne peuvent continuer à punir ou écarter les athlètes qui prennent la parole pour défendre ce en quoi ils croient, en particulier quand ces convictions incarnent les objectifs de l’olympisme ».
D’autant plus que le racisme est encore très présent sur le continent américain. Le tragique décès de George Floyd le 25 mai dernier lors d’une interpellation nous rappelle l’abus de pouvoir non justifié de la part de certains policiers.

De nombreuses protestations ont donc eu lieu suite à cet acte, ce qui a encouragé Carlos à faire sa demande auprès du CIO afin de laisser les citoyens s’exprimer, même sur la scène sportive. Aucune discrimination ne doit être subie, cependant si la règle 50 de la Charte Olympique venait à être supprimé, chaque sportif pourrait manifester son appartenance politique ou religieuse, ce qui pourrait détourner le principe de la trêve olympique mis en place par le CIO en 1992. Ce principe même appelle à cesser tous les conflits dans le monde durant les Jeux, les objectifs principaux de cette trêve étant de permettre de nouvelles perspectives de dialogue et de promouvoir les idéaux olympiques pour servir la paix. Le débat est d’actualité.

Une possible révision de la règle 50 de la Charte Olympique ?

Il semble en réalité que le CIO fut pris par surprise lors de cet événement durant les JO de 1968. Pour être en accord avec la règle de la Charte, le CIO a sanctionné les deux sportifs et a décidé de maintenir les JO.
Le CIO utilise les Jeux comme intermédiaire pour faire passer des messages politiques et notamment le respect des valeurs de l’Olympisme à travers les règles édictées dans la Charte Olympique. Il faut tout de même s’interroger : serait-il plus important de faire primer le maintien des JO sur la ségrégation? La règle 50 de la Charte Olympique va-t-elle à l’encontre de la liberté d’expression de chaque sportif ? C’est au tribunal d’en déterminer.

Ainsi, une balance doit être faite entre l’égalité de traitement de tous les sportifs et la liberté d’expression. Le CIO ne doit pas, lors de sa prise de décision, se laisser influencer par l’appartenance d’un sportif à un mouvement politique ou religieux, mais il doit également leur laisser la possibilité de s’exprimer sur leur appartenance.

De ce fait, le CIO a précisé que les athlètes pouvaient le faire lors de conférences de presse ou encore sur les réseaux sociaux plutôt que sur la scène sportive. Thomas Bach, le président actuel du CIO, a également rappelé récemment, que les manifestations d’opinion de la part des athlètes ne seraient pas autorisées aux Jeux de Tokyo. La règle 50 de la Charte Olympique protège la neutralité du sport et doit être respectée. Les droits, comme la liberté d’expression, peuvent être assortis de certaines limites. Si le CIO autorisait des protestations sur un podium, il devrait toutes les accepter, ce qui pourrait être problématique.

Toutefois, il est possible que le CIO atténue sa position. Par exemple, il permet déjà aux athlètes de porter un bandeau sur leurs bras, notamment durant les matchs de football pour la lutte contre le racisme. Cela laisserait la possibilité aux athlètes de soutenir une cause tout en respectant la neutralité du sport.


La zone grise

L’argent ne panse pas les plaies du cœur

  • 7 novembre 20204 mars 2021
  • par Malcolm Ali Fils
Sept années… En sept ans le monde a changé, les gens ont changé, j’ai changé. Jamais je n’aurais pensé développer un amour si intense pour le sport roi puis un désintérêt croissant. A vrai dire, les années passent et les souvenirs d’il y a sept ans s’effacent, mais quelques souvenirs flous subsistent dans ma mémoire comme s’ils étaient éternels : les après-midi après les épreuves du brevet, la cantine le mercredi, un voyage en Sicile, les matchs dans le stade vélodrome en travaux et la célébration des vingt ans du sacre européen de l’Olympique de Marseille.
Pourquoi parler d’une époque révolue ? Ligue des champions 2020 – 2021, retour de l’Olympique de Marseille dans la compétition reine après sept années – où les saisons vierges de compétions européennes ont côtoyé les performances mornes en Europa League. Trois matchs, zéro point, zéro but marqué et sept buts encaissés, le constat est amer, le spectre de la contre-performance de l’édition 2013 – 2014 hante. Quelle triste réminiscence. Au delà du sentiment d’humiliation qu’instillerait une récidive dans le cœur des marseillais, la participation à cette édition même en tant que faire-valoir représente une manne financière non négligeable. Cependant l’argent panse-t-il vraiment les plaies du cœur ?

Les deux faces d’un club de football

Revenons à la base du supporter. Le supporter est pluriel, s’impliquant de différentes manières et à différents niveaux dans la vie du club supporté, regardant plus ou moins de matchs – à la télévision ou au stade – et portant plus ou moins d’intérêt au jeu en tant que tel. Cependant tous partagent, premièrement l’intérêt pour le spectacle et deuxièmement le désir de voir un club en particulier gagner. Des plus sombres divisions françaises jusqu’à l’élite, chaque club a ses supporters, qu’il s’agisse d’un petit nombre d’irréductibles ou de légions disséminées à travers le pays, le continent, le monde. En aucun cas, la notion de moyens n’entre en compte. Le spectacle peut exister loin des strass et paillettes, il suffit de quelques joueurs et d’un ballon. Cependant les supporters ne voient dans l’argent qu’un moyen de produire un meilleur spectacle et d’obtenir plus de victoires. Lorsque l’un ou l’autre, et encore plus lorsque les deux font défaut, en dépit des sommes engagées, se cantonner à seulement injecter plus d’argent ne résoudra pas la malheur des supporters.

Un club de football est une entreprise certes pas comme les autres, mais une entreprise quand même. Dans un désir de prendre exemple sur les franchises d’outre-Atlantique d’une part, et d’assurer une certaine pérennité d’autre part, la recherche de rentabilité des clubs de football prend de plus en plus d’importance. A ce titre, quoi de mieux que de systématiquement participer à la Ligue des Champions dont le budget ne cesse d’augmenter – le budget de la compétition a été multiplié par 200 entre les éditions 1992-93 et 2015-16 ? De plus, seulement un quart des revenus est conditionné au résultat tandis que le reste dépend du montant diffusé par les diffuseurs nationaux de la compétition, le nombre de clubs nationaux qualifiés, le classement de la saison précédente dans le championnat national entre autres. Cumuler autant de défaites qu’il y a de matchs en phase de poules assure donc tout de même une manne financière non négligeable, encore plus pour un club dans la situation de l’OM.

Budget (en millions d’euros constants) de la Ligue des Champions

Évidemment, le trait est grossi, aucun club ne serait prêt à être chaque année le sparring-partner des membres de sa poule, pour uniquement engranger le minimum de revenus que la LdC peut offrir. Des objectifs autres que la rentabilité entrent en compte dans la gestion d’un club de football, notamment la recherche de prestige. Mais il demeure au fond une vraie divergence entre l’optique des dirigeants et celle des supporters.

Laisser passer la pluie en pensant à l’arrivée des beaux jours

Comme écrit plus haut, la Ligue des Champions représente une manne de revenus non négligeable, et atteindre au minimum les phases de poules chaque année peut être un objectif assurant à long terme le développement d’un club. En effet, cette source de revenus “pérenne” peut permettre, à condition de faire les bons choix – ce qui est le plus dur dans ce sport – de produire plus de spectacles et d’engranger plus de victoires. Le cercle vertueux ainsi en place, toujours conditionné aux bons choix, permettra d’emmagasiner plus de revenus qui permettront d’assurer toujours plus de spectacle et de victoires. Les supporters doivent donc essayer de laisser du temps au temps, laisser passer la pluie en pensant à l’arrivée des beaux jours.

Tout comme l’argent ne fait pas le bonheur mais y contribue, l’argent ne panse pas les plaies du cœur des supporters mais pourrait contribuer au retour des jours heureux… à condition que les dirigeants fassent les bons choix. A ce titre, le cas de l’Olympique de Marseille, club qui fait chavirer mon cœur, et pour qui la qualification en LdC est l’objectif affiché chaque année, inquiète. Les résultats sont désolants mais les revenus sont assurés, ce qui pour l’instant n’occulte certes pas l’humiliation ressentie; mais surtout, les choix sportifs de la direction sont douteux, laissant planer l’inquiétude sur la mise en place du cercle vertueux décrit précédemment. Les supporters, moi y compris, mangent leur pain noir, voyant petit à petit le rêve d’un plat plus consistant s’éloigner. Investir à fond perdu n’apaisera ni mon cœur ni celui des autres supporters, mais utiliser de façon judicieuse l’argent si péniblement acquis le fera.

Coachs sans diplôme

Cavani : plus recordman que légende

  • 20 octobre 20204 mars 2021
  • par Melvil Chirouze
« Plus recordman que légende ». A la lecture de ce titre, fut un temps, plus d’un supporter parisien l’aurait trouvé provocateur voire insultant. Mais quelques semaines après son départ du PSG dans la confusion et l’incompréhension, Edinson Cavani semble avoir perdu de sa superbe du coté de la capitale. De quoi raviver le débat sur ses 7 années au PSG entre les pro et les anti-Cavani. Le titre de cet article est donc un parti pris, argumenté et objectif, sur la carrière parisienne du nouveau Red Devil.

Un recrutement plein de promesses :

Arrivé en 2013 de Naples et recrue la plus chère de l’Histoire du PSG (64M), l’Uruguayen rejoint le club de la capitale pour améliorer significativement la qualité de l’attaque parisienne. Il jouit alors d’une très forte côte en Europe et son association avec Ibrahimovic crée de grandes attentes chez les supporters parisiens. Paris vient de sortir en 1/4 de finale de la Ligue des Champions et doit alors viser plus haut. Cavani est donc recruté pour permettre ce bond en avant.

Crédit : C.Gavelle / PSG

Un joueur combattif mais limité :

Individuellement, Cavani n’est pas un footballeur aux capacités hors du commun comme peuvent l’être Neymar, Ibrahimovic ou Mbappé. Ce n’est donc pas un joueur « spectacle » qui fait lever les foules sur un geste. C’est un joueur « de courage » qui use les défenses par ses appels en profondeur et par son pressing constant. Capable du meilleur comme du pire, il a démontré sa qualité de finisseur en une touche de balle et son jeu de tête mais s’est également distingué par des carences techniques, indigne d’un joueur de haut niveau.
Collectivement, ses défaillances techniques ont parfois mis à mal l’organisation offensive du PSG, surtout depuis l’arrivée de joueurs rapides et à l’aise techniquement comme Neymar et Mbappé. Le jeu en transition rapide ou dans les petits espaces n’ont ainsi pu le rendre complémentaires avec les deux superstars parisiennes. Cavani ne disposant pas d’une large palette tactique, son utilisation par ses coachs demeura limité.
Pour légitimer ses faiblesses, beaucoup ont avancé le fait qu’il a longtemps évolué dans un poste qui n’est pas le sien. Mais à y regarder de plus près, Cavani a eu de nombreuses occasions pour s’exprimer à son poste de prédilection. En 2014, Ibrahimovic se blesse avant le 1/4 de finale retour contre Chelsea. Cavani se démarque alors par son incroyable inefficacité alors que Pastore le sert à d’innombrables reprises. Paris est éliminé après avoir gagné 3-1 le match aller. L’année suivante, même scénario avec la suspension du suédois. Nouveau match catastrophique, nouvelle élimination. En 2016, l’histoire se répète contre City avec un positionnement axial aux cotés du suédois et nouvelle désillusion. Libéré de toute concurrence après le départ d’Ibrahimovic, on pourrait aussi mettre en avant que le club parisien n’a pas remporté le championnat de France avec Cavani en buteur référent. L’excuse du positionnement ne marche donc pas. Il a eu de nombreuses fois sa chance dans des matchs cruciaux et n’a pas su la saisir. Les contre-performances collectives ne sont pas uniquement de sa responsabilité mais sa pauvreté dans le jeu offensif de son équipe en tant que buteur attitré lui en font endosser une grande partie.

Crédit : Icon Sport

La contextualisation de ses performances ou la démonstration de sa modeste influence :

Meilleur buteur de l’Histoire du PSG avec 200 buts. Voilà un argument souvent rappelé par les supporters de l’Uruguayen pour fuir tout débat sur son réel apport au PSG. Mais quelles incidences ont eu réellement ses buts dans l’Histoire du club ?
Des dizaines de buts contre des équipes françaises moyennes permettant de gagner la Ligue 1 et les coupes nationales. Sur la scène européenne, la donne change puisque l’ancien napolitain s’est plus distingué par ses performances indignes que par des matchs aboutis. 0 but en 6 matchs de 1/4 de finale de Ligue des Champions et des prestations inqualifiables : Chelsea 2014 et 2015, Barça 2014 et 2015, Real 2015 et 2017, Arsenal 2016, City 2016, Bayern 2017, Naples 2018, Liverpool 2018. Autant de grands rendez-vous manqués pour un soi-disant top buteur mondial cela fait beaucoup trop. Mais est-ce réellement anormal de voir un Cavani ne pas prendre le dessus sur des Ramos, Varane, Piqué, Van Dijk. Bien sûr que non. Et c’est là où l’analyse du réel niveau de jeu de Cavani est trompeuse chez ses fans. Marquer des dizaines de buts en L1 chaque année ne fait pas automatiquement de vous un joueur capable de faire les mêmes différences en LDC, surtout quand on connait l’écart abyssal avec la Ligue 1. Le plus important est de toujours contextualiser les statistiques et les performances d’un joueur. Pour résumer, Cavani serait fort chez les faibles et faibles chez les forts. Un peu comme cela était reproché à Zlatan à son époque, à la différence près, que le suédois était un meneur d’hommes capable de bonifier le niveau de jeu de ses coéquipiers.
En somme, l’Uruguayen a eu sa part d’influence dans la quête des titres nationaux sans en être l’artisan majeur et est passé à travers quasiment tous les défis européens qui se sont présentés à lui. On pourra seulement retenir son but contre Chelsea en 2016, contre l’OM en 2018 et enfin lors de la remontada… but qui n’aura finalement eu aucune incidence.

Crédit : Getty Images

Un clan aux antipodes des intérêts du PSG :

Ne pas être un footballeur extraordinaire, ne pas faire passer de cap à son équipe, de nombreux supporters parisiens passent ces objectifs au second plan lorsqu’ils viennent à parler de Cavani. Pour eux, « l’amour » pour le maillot du PSG de l’ancien de Palerme et les valeurs qu’il véhicule sont bien plus importants. Mais à y regarder de plus près, les 7 années du joueur au sein du PSG ont été loin d’être exemplaires.

Tout d’abord, Cavani aime faire comme bon lui semble et ce malgré les obligations qui le lient au club. Il lui est donc souvent arrivé d’être en retard au stage de reprise (décembre 2014, janvier 2018) ou de partir plus tôt en vacances, sans l’accord du club.
Mais ce qui choque le plus lorsqu’on s’attarde sur le cas Cavani est sa propension, avec son clan, à utiliser les médias pour défendre ses intérêts personnels face aux intérêts du club, lui qui s’affiche pourtant comme un amoureux du club. C’est ainsi qu’en avril 2014, il critique ouvertement en Une de l’Equipe son entraineur et ses coéquipiers qui performent dans un schéma tactique qui ne lui convient pas. En 2015, son entourage déclare au Parisien que rester au club tout en jouant sur le côté n’est pas concevable et quelques temps plus tard ce même entourage avoue se tenir prêt pour ouvrir les négociations avec la Juventus. En mars 2016, le père et agent du joueur dénote un manque de reconnaissance du club alors que ce dernier vient de se qualifier en 1/4 de finale sans son fils. Avant ce même 1/4, le père avoue vouloir envoyer son fils en Italie alors que ce dernier se verrait bien en Premier League. C’est donc sans étonnement qu’en janvier dernier, sa famille pousse pour l’envoyer à l’Atletico, « son rêve » selon sa mère. Tout ce cirque révèle donc une hypocrisie indéniable du joueur qui, avec son entourage familial, fait passer ses intérêts avant ceux du club, n’hésitant pas à manquer de respect à l’institution parisienne.

Alors pourquoi une telle impunité ? Une partie de la réponse pourrait se trouver du côté du Virage Auteuil. Revenu en 2016, le Collectif Ultras Paris a trouvé en Cavani leur étendard pour défendre leurs valeurs. En retour, l’attaquant a trouvé le moyen idéal pour protéger ses intérêts en créant un lien avec un collectif devenu au fil des mois très influent dans l’opinion publique parisienne. Défendu par les inconditionnels du Parc des Princes, l’uruguayen a joué la carte du populisme en déclarant à tout va vouloir honorer son contrat à Paris alors que Leonardo voulait le vendre. Tactique efficace pour garder une belle image auprès des supporters mais surtout son salaire et mettre en porte-à-faux le dirigeant parisien.
Les supporters parisiens, fans de l’uruguayen, tombent dans le piège lorsque Cavani revient de blessure mais reste sur le banc au détriment d’Icardi. Certains crient alors à l’injustice et au manque de respect vis-à-vis du meilleur buteur du club. Il est toujours bon de rappeler qu’un club de football ne vit pas dans le monde des bisounours et que le meilleur doit jouer peu importe le statut de son concurrent. Vexé, Cavani force son départ à l’Atletico mettant dans une position indélicate le club qui doit recruter à moindre coût un buteur pour le remplacer. On est loin du joueur prêt à tout sacrifier pour l’équipe.
Mais comme expliqué plus haut, l’hypocrisie de Cavani est apparu au grand jour depuis son refus de prolonger pour 2 mois l’aventure parisienne alors qu’il lui restait 3 titres à aller chercher. Depuis ? Des critiques envers son ancien club mais pas un mot pour ses ex-coéquipiers et ses ex-supporters. On attend également le communiqué du CUP qui commence à découvrir la supercherie. Ce n’est pas la première fois que Cavani quitte son club par la petite porte. Les supporters napolitains n’avaient pas hésité à le traiter de mercenaire par le biais de banderoles, lorsqu’il a rejoint le PSG après avoir juré son amour pour le club napolitain.

Crédit : L’Equipe

Pour conclure, Cavani n’est pas venu pour faire gagner des compétitions nationales au PSG, qui le faisait déjà avant lui et qui le fera après lui. Il n’a fait passer aucun cap en Ligue des Champions au PSG en 7 ans, alors même qu’il s’agissait de l’objectif de son transfert, et n’a pas fait grandir le club en dehors du terrain comme ont pu le faire Ibrahimovic – qui a accéléré la professionnalisation du club – ou Neymar – par son apport marketing à l’international. Il a simplement été un repère pour les observateurs du foot qui ne se retrouvent pas dans les personnalités et joueurs que peuvent être Neymar ou Mbappé. Pour les autres, il les aura exaspérés et empêchés de « rêver plus grand ».

Melvil Chirouze

(@iamxmelvil)

Coachs sans diplôme

Le PSG sous Tuchel (2020)

  • 9 mai 202011 mai 2020
  • par Melvil Chirouze
Un an et demi après son arrivée sur le banc du PSG, les avis sur Thomas Tuchel sont partagés. Certains louent certains de ses choix tactiques et ses résultats prometteurs entrevus en poules de Ligue des Champions quand d’autres regrettent un manque de continuité tactique et une relation distendue avec son groupe. En 2020, l’entraineur parisien n’a déjà plus le droit à l’erreur. Sacré champion suite à la décision du gouvernement de mettre un terme aux compétitions sportives en raison de la crise sanitaire, le PSG avance à l’aveugle concernant ses échéances européennes. Mais certains enseignements sur le coaching de l’allemand peuvent être tirés, notamment depuis la double confrontation contre Dortmund où il a joué dangereusement avec le feu.

Partie II : enfin la bonne année ? (2020)

Un début d’année médiocre marqué par le retour des blessures

Fin 2019, Tuchel avait tranché sur son schéma de jeu ou plutôt sur son animation comme il préfère l’appeler. Mais définir son schéma tactique ne résout pas tous les problèmes et le début d’année 2020 est marqué par de nombreuses absences majeures comme celles de Neymar, Thiago Silva, Marquinhos, Gueye ou encore Bernat. Ces absences obligent de nouveau Tuchel à effectuer plusieurs rotations d’un match à l’autre et ne permettent pas de travailler les automatismes en vue du sprint final. De plus, elles retardent la préparation physique de ces cadres pour les échéances importantes. De ce fait, la tension monte au Camp des loges alors que la double-confrontation contre Dortmund approche.

D’autant que Tuchel sort du placard Edinson Cavani, remplaçant depuis le début de la saison, alors que Mauro Icardi donnait pleinement satisfaction depuis le début de saison. 2020 commence donc dans la confusion et cela se ressent dans le jeu de Paris qui balbutie de matchs en matchs. Et même quand le score est flatteur comme contre Montpellier (5-0), Mbappé montre son mécontentement lors de son remplacement. Cette colère soudaine n’est pas anodine et montre que Tuchel n’a plus totalement l’adhésion de son groupe même si le comportement de l’ancien monégasque est exagéré.

Les matchs sont indigestes et seules les fulgurances individuelles permettent au club de la capitale de s’en sortir. A l’image de Neymar, trop de joueurs sont hors de forme à cause du manque de rythme. Les automatismes ne sont plus là et le match-test contre Lyon ne rassure pas, tout comme les déclarations de Neymar, préservé contre son gré.

Crédit : AFP

Trahison, incompréhension, incohérence : l’échec probant de Tuchel à Dortmund 

La prestation du match aller contre le club allemand n’a donc rien de surprenante avec au bout une défaite 2-1. En football, la responsabilité d’une défaite est souvent partagée entre les choix tactiques de l’entraineur et la performance des joueurs mais la défaite à Dortmund porte clairement l’empreinte de Thomas Tuchel.

Connu pour sa flexibilité tactique, le coach allemand n’a pas failli à sa réputation en alignant d’entrée un 3-4-3 sans buteur de métier. Il est important de distinguer la volonté de faire évoluer dans plusieurs schémas tactiques son équipe et savoir maitriser ces schémas. Changer de configuration tactique est cohérent lorsque chaque schéma est assimilé par tous les joueurs. Mais le 3-4-3 proposé par Tuchel n’a jamais été travaillé en amont. Le seul argument du coach allemand était de calquer le modèle de jeu de Dortmund pour contrecarrer la montées de ses latéraux. Ajouter à cela la déficience physique des parisiens, il était donc certain que les joueurs parisiens allaient être perdu sur le terrain. A l’instar du 3-5-2 de Laurent Blanc contre City en 2016, les choix de l’entraineur ont eu raison des prestations individuelles et collectives parisiennes.

Crédit : RMC Sport

Au bord du précipice, le retour à la raison de Tuchel

Les tensions, déjà présentes avant le match, ne diminuèrent donc pas avant le match retour.

Les matchs contre Bordeaux, Dijon et Lyon ne sont pas pleinement convaincants malgré une efficacité offensive certaine. Le contexte du Coronavirus vient ajouter un climat flou avec la présence ou non des supporters. Paris est décidément maudit et se retrouve au bord du précipice. Pourtant, sous l’impulsion de Neymar, le match retour des parisiens est parfaitement maitrisé même si ce ne fut pas grandiose. Au coup d’envoi, Tuchel revient à une animation plus classique avec un 4-4-2 en phase défensive et le repli de Neymar et Di Maria et en 4-2-3-1 en phase offensive avec Neymar en meneur de jeu. On peut saluer son retour à la raison même si une fois encore la blessure de Thiago Silva, la suspension de Verratti et la maladie de Mbappé ont influencé ses choix.

Dans un Parc des Princes vide mais soutenu par des supporters massés à l’extérieur du stade, les joueurs parisiens vont contrôler la partie de bout en bout avec des attaques placées réfléchies. Face à un Dortmund attentiste jouant le contre, Paris frappe par deux fois en première mi-temps avec notamment un but de la tête et de l’ancien honni Neymar Jr. Même s’il était loin d’être à 100%, le brésilien a mené son équipe vers la victoire par sa qualité de jeu hors normes et son attitude de leader. Tuchel peut encore une fois le remercier car sans ses deux buts opportunistes, la tâche aurait été grandement plus difficile. Le match retour contre Dortmund fut le dernier match du PSG avant l’interruption des compétitions en raison de la crise sanitaire. La tactique suicidaire de l’allemand au match aller aurait pu perturber grandement les ambitions parisiennes. Il aurait été remercié, Neymar et Mbappé se seraient montrés impatients face à la stagnation voire régression du projet parisien et un nouveau cycle aurait une nouvelle fois été entamé à Paris après les échecs Laurent Blanc et Unai Emery. La responsabilité n’est pas exclusive à l’homme sur le banc mais l’importance de ses décisions peut changer à jamais l’histoire d’un club dans un sens comme un autre. Paris dispose avec Tuchel, d’un entraineur avec le potentiel de voir plus grand mais il est l’heure pour son entraineur de faire preuve de plus de pragmatisme à l’aube du sprint final.

Crédit : RMC Sport

Une fin de saison inédite pour des ambitions historiques ?

Cette pause doit ainsi permettre à Thomas Tuchel de clarifier ses choix tactiques afin de préparer les échéances à court terme. D’abord sur le schéma de jeu puis sur la hiérarchie entre ses joueurs. Cela permettra de travailler dans la continuité et la sérénité même si certains de ses choix ne seront donc pas sans conséquences sur le futur du PSG. Ne pas faire jouer une seule minute Mauro Icardi lors des 8ème de finale alors que l’argentin s’est toujours montré à son avantage dans les grands matchs a surement frustré et fait cogiter le joueur prêté par l’Inter. Même si Paris a le dernier mot sur ce dossier pour lever ou non l’option d’achat, une relation tendue entre l’entraineur et son buteur ne doit pas nuire aux intérêts parisiens.

Cette fin de saison inédite sera donc un nouveau tournant pour le projet QSI. Si Paris répond présent en 1/4 de finale une dynamique positive peut enfin être lancée. En revanche, si tout s’écroule de nouveau, une fin de cycle déjà annoncée débutera. Seules les conséquences économiques de la pandémie pourront freiner les ambitions des clubs désireux de s’attacher les services des stars parisiennes. Mais elles pourraient également freiner dans le sens inverse une possible prolongation de Neymar et/ou Mbappé qui semble une priorité, eux dont les contrats expirent en 2022. Les recrutements de latéraux et d’un remplaçant à Cavani pourront aussi être perturbés.

Quant à Tuchel, son avenir demeure flou et un accès au dernier carré de la LDC ne lui assurerait pas forcément une troisième année dans la capitale. L’ombre d’Allegri, désiré de longue date par Leonardo, plane toujours du coté du Parc des Princes. Encore une fois, les luttes d’intérêts ne seront pas sans conséquences à Paris.

Crédit : Pool UEFA

Melvil Chirouze ( @iamxmelvil )

Coachs sans diplôme

Le PSG sous Tuchel (2018-2019)

  • 8 mai 202011 mai 2020
  • par Melvil Chirouze
La pandémie qui touche l’ensemble de la planète depuis plusieurs mois n’a pas épargné le monde du football qui se retrouve paralysé en plein sprint final. Avant l’arrêt des compétitions sportives, le PSG s’était qualifié en 1/4 de finale de la Ligue des Champions après 3 échecs successifs en 8ème. Une qualification qui redonne de la saveur à une saison parisienne, loin d’être un long fleuve tranquille. Alors que l’incertitude règne quant à l’issue des exercices en cours, il est temps de dresser un bilan du club parisien sous le mandat de Thomas Tuchel et d’entrevoir l’avenir, bien qu’incertain.

Partie I : Entre paris gagnants et flou tactique (juillet 2018 – décembre 2019)

Tuchel Saison 1 : Encore des promesses…encore des déceptions

Choix de Doha après l’échec « Emery », Thomas Tuchel arrive à l’été 2018 avec beaucoup de crédit. Dans la lignée de Blanc et Emery, Tuchel ne fait pas partie du gratin des meilleurs entraineurs mais il débarque avec des idées et c’est sans doute le plus important.

Ses premiers mois furent réussis avec une phase de poules convaincante contre Liverpool et Naples, des choix tactiques payants avec Neymar en 10 et Marquinhos en 6. L’ancien coach de Dortmund gagne la confiance du vestiaire et tout semble aller pour le mieux avec son groupe comme en témoigne leur proximité lors du stage de mi-saison au Qatar. Seul le cas Rabiot vient ternir le tableau en cette fin d’année.

Mais la seconde partie de saison fut désastreuse pour le club avec la nouvelle blessure de Neymar, l’élimination contre Manchester entrainant une fin de saison chaotique avec en point d’orgue la défaite en finale de Coupe de France contre Rennes. Tuchel se plaint des manques de son effectif et une guerre d’influence éclate en interne avec Antero Henrique. L’enthousiasme du début de saison a donc disparu aussi vite qu’il n’était apparu et le PSG boucle une nouvelle saison pleine de déceptions. Un point de non-retour semble même atteint entre le club et les supporters.

VIDÉO - PSG : Premier entraînement public au Qatar pour Neymar et ...
Crédit : Goal.com

L’élimination contre Manchester : le début de la rupture entre Tuchel et ses joueurs ? 

Cette première saison du coach allemand était donc remplie de promesses comme souvent au PSG mais finalement Tuchel a été dépassé par l’éco-système parisien. Même si le match retour contre United fut sabordé par des erreurs individuelles et non par une faillite collective, il s’est fait remarquer par son immobilisme tactique, lui qui pourtant devait apporter tactiquement dans les moments clés. On a ensuite vu un Tuchel incapable de remobiliser son groupe pour finir correctement la saison. Des défaites à la pelle, des prestations honteuses, des joueurs démobilisés comme rarement on a pu le voir du côté du Parc des Princes sous l’ère QSI. Et pourtant ce n’est pas la première fois que Paris se faisait sortir à ce stade là de la compétition et de cette manière.

On a vu également un Tuchel se reposant trop sur l’apport de Neymar dans le jeu, ce qui se fit ressentir lorsque le génie brésilien n’était pas sur le terrain. Comme si par fainéantise ou abandon, il était plus simple de se dé-responsabiliser en jouant son va-tout sur un seul joueur.
Des interrogations naissent de ces déceptions et beaucoup commencent à douter de la rigueur et du flegme allemand.

Paris Saint-Germain: 'We're the most disappointed' - Tuchel says ...
Crédit : Goal.com

Un Tuchel conforté et entendu lors du mercato estival

La saison 2019-2020 devait donc repartir sur des bases plus sereines et avec des relations apaisées et professionnalisées en interne. Le départ d’Henrique, en guerre avec Tuchel, redonna du crédit à l’ancien coach de Dortmund. Le retour de Leonardo fut également l’opportunité de le décharger des responsabilités médiatiques. C’était également l’assurance de bénéficier d’un carnet d’adresses bien rempli pour répondre à ses besoins sportifs. Le PSG voit donc arriver Icardi, Navas, Gueye, Sarabia ou encore Herrera. Des joueurs venant compléter l’effectif parisien mais surtout ajouter une plus-value sportive immédiate. Malgré un mercato plus que réussi, l’intersaison parisienne fut tumultueuse avec le feuilleton Neymar et ses nombreux rebondissements. Bien décidé à partir, le numéro 10 brésilien et son entourage ont tout tenté pour revenir à Barcelone. Mais l’intransigeance parisienne et les difficultés financières du Barça ont eu raison de leur velléité de départ. Difficile donc, pour l’entraineur parisien de se projeter sur un plan de jeu quand on ne dispose de pas de l’assurance de pouvoir compter sur son meilleur joueur.

Crédit : Yahoo Sport

Un début de saison peu propice à la continuité tactique malgré des résultats convaincants

Le début de saison commence donc dans une atmosphère pesante et peu propice à écrire l’Histoire. Néanmoins, la bonne gestion du groupe par Tuchel et Léonardo permet au PSG de réussir une première partie de championnat encore une fois prometteuse avec une phase de poules de Ligue des Champions parfaitement gérée avec en point d’orgue cette double-confrontation contre le Real Madrid (3-0 / 2-2 ). Les intégrations express au jeu parisien d’Icardi, Gueye et Navas, la grande forme de Di Maria et les retours en vue de Neymar et Mbappé sont autant de satisfactions qui laissent à penser que le club parisien est peut-être enfin sur la bonne voie. Mais une saison parisienne n’est jamais tout à fait normale et de nombreuses interrogations demeurent : la position fixe de Marquinhos, le compère de Verratti au milieu, le titulaire au poste de latéral droit, l’animation offensive. Souvent dépendant des blessures et suspensions qui le contraignent à changer régulièrement de XI, Tuchel étonne souvent par certains choix qui ne prônent pas la continuité. Et ce n’est pas ses conférences de presse confuses qui permettent de nous éclairer sur ses prises de décision.

L’exemple parfait fut l’épisode du 4-4-2. Essayé en deuxième mi-temps contre le Real Madrid pour revenir au score, Tuchel avait déclaré en après-match que ce schéma n’était pas viable sur le long terme car il déstabilisait le bloc équipe. Ce raisonnement parut tout à fait compréhensible au regard des individualités offensives et du manque de maitrise défensive du PSG. Mais sous la pression de ses cadres, Neymar en chef de file, le coach allemand revint sur sa position et son équipe enchaina les prestations dans cette configuration tactique. Avec un repli défensif beaucoup plus important des ailiers que sont Neymar et Di Maria, le 4-4-2 s’imposa comme le nouveau schéma tactique parisien. Ce revirement de position de l’entraineur parisien peut surement s’expliquer par la volonté de ne pas se mettre de nouveau le vestiaire à dos. Un manque de continuité tactique et des automatismes à travailler de zéro alors qu’il a eu les renforts qu’il souhaitait sont ce que beaucoup reprochent à l’entraineur parisien. Abus de faiblesse ou réelle conviction tactique, le 4-4-2 symbolise les interrogations autour de l’allemand. 2019 fut l’année du 4-2-3-1 avec Neymar en 10, 2020 sera donc l’année du 4-4-2 avec Neymar de retour sur l’aile.

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Crédit : Paris United 

Melvil Chirouze ( @iamxmelvil )

La zone grise

Les revenus d’un club de football

  • 2 mai 20208 mai 2020
  • par Malcolm Ali Fils
Quoiqu’on en dise, quoiqu’on en pense, lorsque l’on évoque le football, il n’est plus uniquement question de sport, de villes, de régions, d’amusement ou de spectacle mais aussi et surtout de business. De nos jours, les clubs de football professionnel sont des entreprises avec des employés (les joueurs entre autre personnel), des recettes et des coûts. Cependant, il ne s’agit pas d’entreprises comme les autres. La ou une entreprise classique cherche à maximiser son profit, un club de football a un objectif trouble. Certains, se tournent vers la maximisation du profit tandis que d’autres se tournent vers la maximisation du nombre de victoire. Contrairement à la pensée commune et malgré les fortes sommes d’argent engagées, le football n’est qu’un petit marché. Si nous comparons le chiffres d’affaires le plus élevé dans le football (Real Madrid CF) à celui de la plus petite valeur boursière du CAC40 (Atos), nous avons un rapport de 1:16. De plus, le football est un marché ou hors revenu des transferts, rares sont les clubs arrivant à dégager des bénéfices même si sur les dernières années les clubs tendent vers l’équilibre.

Les droits de retransmission télévisée

Lorsqu’il s’agit de consommer du bien football, c’est à dire regarder un match. Il existe deux manières, la première et la plus ancienne consiste à aller voir le match au stade. Quant à la seconde, il s’agit de regarder sa retransmission télévisuelle. 

Cette dernière s’est grandement démocratisée à la fin du siècle dernier, constituant ainsi pour la première fois un revenu pour les clubs professionnels français (7% des revenus durant la saison 1984-1985). Ce poste de revenu n’a cessé d’augmenter au fur et à mesure des années jusqu’à constituer environ 50% des revenus des clubs français. Cette tendance n’est pas uniquement française et se retrouve plus ou moins accentuée chez nos voisins du “Big five”. 

Structure moyenne des revenus dans le « Big five » en % en 2015-2016

Nous pouvons décortiquer ces droits de retransmission télévisuelle en droits domestiques (pour les chaînes de télévisions nationales) et les droits internationaux (pour les chaînes de télévisions étrangères). Ces droits sont vendus aux plus offrant, les prix dépendent donc du degré de concurrence et de l’attractivité de la ligue entre autres. Cela explique les disparités entre notre ligue des talents et le championnat d’Angleterre par exemple. 

Les droits de retransmission télévisuelle des championnats et des coupes (y compris la Ligue des champions) sont répartis entre les participants de manière plus ou moins égalitaire selon les fédérations/ligues en fonction des résultats sportifs, de la notoriété du club, de l’audimat, de la part fixe accordée par la ligue … Ces paramètres sont plus ou moins décisif dans la répartition selon les ligues. 

Les recettes les jours de matchs

A l’inverse des droits de retransmission télévisuelle qui ont cru année après année, les revenus des jours de match ont eux suivi une trajectoire contraire. Eux qui représentaient la majorité des revenus des clubs professionnels français (entre 60 et 80%) et qui était complété par les subventions des collectivités territoriales. Ils représentent aujourd’hui en moyenne entre une dizaine de pour-cent et une vingtaine de pour-cent dans les championnats du “Big five”. 

Les inégalités concernant les revenus des jours de matchs sont dûs à différents paramètres, tel que la capacité du stade mais aussi le taux de remplissage. Il est important de noter que le taux d’affluence dépend lui aussi de paramètres tel que la performance sportive, la qualité des matchs, le confort, le prix ainsi que l’incertitude car une compétition grandement déséquilibrées peut dissuader les supporters/spectateurs de venir au stade.

Si nous comparons les championnats français et britannique, nous remarquons que le taux de remplissage des stades britanniques frôle le guichet fermé tandis que le championnat de France voit un peu plus d’un quart de ses places non occupé. De plus, en terme de somme de capacité des stades la Premier League dépasse notre championnat national. Nous constatons aussi qu’outre-Manche les revenus des clubs les jours de matchs dépasse largement ceux des clubs de notre championnat national validant ainsi le raisonnement développé plus haut. 

Fréquentation des stades européens sur la période 2010-2017

Sponsoring & Merchandising

Présent à plusieurs endroits sur les maillots, sur les shorts, accompagnant les noms des stades et des centres d’entrainement ou vendus aux supporters, il s’agit du troisième poste de recettes le plus important des clubs avec les droits de retransmission télévisuelle et les recettes des jours de match : les revenus commerciaux. Ces derniers sont composés des revenus du sponsoring autrement dit la publicité et de la vente de maillots et autres produits dérivées qu’on regroupe sous l’égide du merchandising.

Les revenus commerciaux sont cependant de nature assez aléatoire, en effet ceux ci sont corrélés au nombre de victoire ainsi qu’à sa réputation car un club réputé attire plus de public que ce soit à la télévision ou au stade, les publicités présente toucheront donc potentiellement beaucoup plus de personne. La visibilité du club entrant fortement en compte, la diffusion de plus en plus importante des matchs de football au fur et a mesure des années a permit aux revenus commerciaux de fortement augmenté. Représentant lorsque tout va bien pour le club entre 30% et 45% de ses revenus en fonction des ligues.

L’importance des recettes de merchandising varie en fonction de la taille du marché et d’autre part de la notoriété du joueur et du club. Agrandir son marché est la principale raison pour laquelle les clubs désirent s’exporter sur des marchés ou le football européen est très peu présent. Contrairement à ce que l’on pense, un club récupère environ un tiers du prix d’un maillot (qui coutent entre 80 et 150€ en fonction des marques, du flocage et du type de tissu) rendant difficile l’amortissement du transfert d’un joueur sauf exception.

Concernant, le sponsoring, il se divise en différentes pratiques. Les premières qui nous viennent à l’esprit sont le sponsoring maillot et les contrat équipementier , tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne, le montant accordé par les sponsors décroit très vite au fur et a mesure que l’on s’éloigne des grands clubs. De plus, la volatilité des résultats fait que les contrats se négocient sur le court terme pour éviter toute prise de risque du coté des sponsors. Il s’agit d’une partie de l’explication de l’aléatoire des revenus commerciaux. 

Sponsoring maillot principal dans le « Big five » en 2014-2016

L’autre pratique nous venant à l’esprit est le “naming”, pratique très présente outre-Manche et outre-Rhin, il s’agit d’une pratique qui continue de se développer dans nos championnats nationaux en témoigne les noms des nouveaux stades construit, le changement de nom de certains autres et les changements de sponsors successifs que connaitra la première division française (Ligue 1 Conforama de 2017 à 2020 pour ensuite s’appeler Ligue 1 Uber Eats de 2021 à 2023). 

Les chiffres présentés tout au long de cet article sont issus du livre « L’argent du football » de Luc Arrondel et Richard Duhautois.

La zone grise

Football et orientation sexuelle

  • 24 avril 202013 octobre 2020
  • par Justine Le Gall
Le monde du football peut-il invoquer un droit à la libre orientation sexuelle ?
Comme le résume E. Picard (professeur de droit à l’université la Sorbonne Paris 1), « la notion de droits fondamentaux constitue assurément une notion juridique difficile à définir ». Au vu des nombreuses propositions de définitions, elle pourrait représenter l’ensemble des droits subjectifs primordiaux de l’individu. La Charte Olympique, où figurent les principes régissant le mouvement sportif, témoigne de leur importance : « La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte olympique doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. » 
Aucune discrimination ne doit être subie, cependant le monde du football est en retard s’agissant du droit à sa libre orientation sexuelle et aucune réelle amélioration n’a été faite depuis sa création en 1848. Très longtemps considéré comme un sport masculin, il était inenvisageable qu’un joueur soit homosexuel. Quand cela s’est produit pour la première fois en 1990, plus d’un siècle après la création du football, il n’y a eu aucune réaction de la part des instances footballistiques. Malgré certains efforts dus à l’évolution des moeurs, les joueurs homosexuels se sentent toujours rejetés au sein de ce sport. 
Crédits : Le Monde

Le football : un sport machiste ?

« Être homo dans le football, c’est plus difficile que dans les autres sports » selon Alexandre Adet, ancien joueur de football amateur. Un sportif, peu importe son niveau, « doit » chercher à rester dans la norme d’un vestiaire et c’est pourquoi révéler son homosexualité durant sa carrière de footballeur n’est pas recommandé. D’autant plus lorsque l’un joueur est sur le terrain entouré des chants de supporters qui n’ont pas le sentiment que leurs propos sont homophobes. 

Les derniers exemples les plus célèbres de coming out se sont déroulés dans le rugby avec les Gallois Gareth Thomas et Nigel Owens. Ce joueur et cet arbitre ont reconnu n’avoir eu aucun problème à révéler leur homosexualité et n’ont pas du tout été exclu par les supporters ou le club qui les entouraient.

Deux mentalités diffèrent donc entre le football et le rugby. Le football reste un sport très machiste alors que le concours de la plus belle galipette lors d’une faute entre les joueurs est présent depuis des décennies, qui l’aurait cru?  

L’homosexualité dans le football : des libertés fondamentales partiellement garanties ?

Crédits : l’Équipe

La discrimination à l’encontre des sportifs LGBT est très présente dans le milieu footballistique et révèle la violation de plusieurs droits fondamentaux. Il est nécessaire de protéger la diversité de chaque individu peu importe leur orientation sexuelle. Justin Fashanu fut le premier footballeur anglais à révéler son homosexualité en 1990. Ce célèbre joueur de Nottingham Forest, dont le transfert avait atteint plus d’un million de livres, fut sans aucun doute l’un des plus grands footballeurs de sa génération. La révélation de son homosexualité lui a alors valu d’être jugé par de nombreuses personnes et notamment par son coach, qui l’avait accompagné tout au long de sa carrière. Face à ce rejet massif, Justin Fashanau mit fin à ses jours en 1998. À la suite de cette histoire, rare sont les joueurs qui ont osé révéler leur homosexualité. Parmi eux, Robbie Rogers (joueur de football américain), qui a néanmoins attendu les dernières années de sa carrière pour le faire.

Créée en 2007, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne fournit des conseils aux institutions européennes et aux États membres en matière de protection des droits fondamentaux (dans) tous (les) domaines confondus, notamment le sport. La lutte contre l’ensemble des formes de discriminations, dont l’homophobie, en fait partie. En septembre 2018 a notamment eu lieu une réunion à Vienne au cours de laquelle le sujet a été abordé. Mais aucun changement n’a réellement été effectué concernant les discriminations raciales ou l’homophobie, qui sont encore très pour ne pas dire trop, présentes. Pour qu’un changement soit effectif, les conseils doivent être appliqués par les États membres ce qui est encore loin d’être le cas.

Il y a encore moins d’un an, de nombreux matchs ont été arrêtés en Ligue 1 et Ligue 2 à cause de cris homophobes sur le terrain et de la part des supporters. Noël le Graêt (Président de la Fédération Française de Football) estime que ce n’est pas la meilleure et se propose de solution trouver une politique de pédagogie qui ne stigmatise pas tous les supporters. À l’heure actuelle, les décisions arbitrales d’arrêter certains matchs sont également accompagnées par le port d’un brassard aux couleurs du drapeau LGBTQ+ au sein de la communauté sportive. Un geste symbolique, mais bien insuffisant, et qui devient presque un effet de style supplémentaire pour des joueurs dont les coupes de cheveux sont toutes plus atypiques les unes que les autres.

Il semble en réalité que la question de l’homophobie dans le milieu sportif doive être traitée bien plus en profondeur. Le débat est d’actualité face à la persistance du discours de ceux qui considèrent que les insultes homophobes, ou raciales, font partie intégrante de la culture des tribunes. Et il faut également noter que l’homophobie ne s’observe pas uniquement chez les supporters, mais aussi du côté de certains joueurs eux-mêmes, ce qui ne fait qu’étendre le problème.

De ce fait si la pratique du sport est considérée comme un principe général du droit, ce principe ne semble pourtant pas réellement respecté. Les arrêts de matchs n’ont pas le résultat escompté et il existe un manque d’innovation dans les sanctions.

Un manque d’implication de la part du Tribunal arbitral du sport (TAS)

Le Tribunal arbitral du sport est une institution internationale proposant un arbitrage ou une médiation dans le monde du sport. Les sportifs doivent se présenter devant le TAS pour contester les décisions prises par leur fédération sportive. Le TAS sert à maintenir le respect des droits fondamentaux des sportifs. Qu’en est-il alors de la liberté d’orientation sexuelle de ces derniers ?

Si le tribunal l’assure concernant le droit à l’image comme Fabien Barthez (ancien gardien de but de l’équipe de France) qui avait obtenu la suppression d’un article de presse publié à son sujet au motif que cette publication portait atteinte à sa vie privée et à son droit à l’image, il en est tout autre pour les discriminations homophobes. Le TAS a par exemple donné raison à la fédération mexicaine du football en 2017 après deux amendes infligées par la fédération internationale (Fifa) pour homophobie de la part de ses supporters. Cependant, tout en reconnaissant que les chants en question étaient plus insultants que discriminatoires, il a tout de même ordonné le remplacement des amendes par un avertissement. La réaction du TAS apparait par conséquent largement insuffisante face à ce problème qui dure depuis des années.

Il faudrait que ces institutions prennent exemple sur l’Angleterre où le sujet est nettement plus avancé. En janvier 2019, un fan de Chelsea a été interdit de stade pendant 3 ans et condamné à payer une amende d’environ 1200 euros pour avoir proféré des insultes homophobes à Brighton. Aucune autre institution n’a réellement pris position sur le sujet en ne faisant que le fuir. Il est indéniablement temps que les choses changent.

Crédit : la Croix


Crédit photo principale :  » Foot : tourisme pyrénées orientales « 
La zone grise

Le Poker est-il un « métier » à part entière ?

  • 1 décembre 201910 novembre 2020
  • par Justine Le Gall

Devenu incontournable ces dernières années, le succès du poker ne cesse de croître, notamment avec les nouvelles technologies. Pour gagner, nul besoin de posséder la plus forte combinaison, il suffit de parvenir à le faire croire à ses adversaires, à les bluffer. L’existence de cette part de hasard et le gain que l’on peut remporter attirent de plus en plus de joueurs. Mais pour beaucoup, le poker va au-delà du hasard et demande une certaine faculté mentale.
Dans un arrêt du 21 juin 2018, le Conseil d’État a d’ailleurs établi que dès lors que la pratique devient habituelle, les sommes perçues sont soumises à l’impôt sur le revenu au titre de bénéfices non commerciaux (BNC), ce qui conduit à envisager le statut du joueur comme professionnel, et le poker comme un « métier » à part entière.

Crédit : Image France culture

 Le Poker, un jeu de hasard ?

Le législateur a défini le jeu de hasard comme « un jeu où le hasard prédomine sur l’habileté et les combinaisons de l’intelligence pour l’obtention du gain ». C’est évidemment le cas concernant le poker. Lorsque nous sommes débutants, la notion de chance est déterminante et il est impossible d’en contrôler le caractère aléatoire. Autrement dit, l’aléa domine essentiellement. Il est difficile de maitriser le talent des autres joueurs, leur façon de jouer ou encore les cartes reçues durant le jeu. Mais cette part de hasard peut s’inverser pour un joueur professionnel. Plus il joue, plus il maitrise les règles et plus sa part de chance risque de diminuer.
Même si certains éléments comme la main ou les actions effectuées par les joueurs après un tour de table restent imprévisibles.

L’arrêt de la Cour d’appel de Toulouse qui a été rendu début 2013 a pris le contre-pied en affirmant que le poker n’était pas un jeu de hasard. Il était reproché à quatre joueurs expérimentés d’avoir organisé des parties de poker ouvertes au public avec gains d’argent à la clé. Aucun arrêt n’a été rendu dans ce sens suite à notre arrêt précédent.

En décrétant en juin 2018 que le sommes perçues lors d’une pratique « habituelle » du poker seraient désormais soumises à l’impôt sur le revenu, le Conseil d’État a également remis en question la qualification du poker comme jeu de hasard : les gains obtenus grâce à des jeux de hasard étant habituellement considérés comme exceptionnels et donc non soumis à l’impôt sur le revenu. Il ne fait cependant que distinguer les joueurs habituels des joueurs occasionnels en considérant « qu’il en va différemment pour la pratique habituelle d’un jeu d’argent opposant un joueur à des adversaires lorsqu’elle permet à ce dernier de maitriser de façon significative l’aléa inhérent à ce jeu, par les qualités et le savoir-faire qu’il développe et lui procure des revenus significatifs. » Il ne répond ainsi pas à proprement parler à la question qui fait débat : le poker est-il un jeu de hasard ? : un véritable coup de poker de la part du Conseil d’État!

Il est évident que les revenus seraient imposables s’il ne s’agissait pas d’un jeu de hasard.

Le Poker, un sport ?

Si le poker n’est pas un jeu de hasard, peut-il être considéré comme un sport ? Si tel était le cas, cela permettrait du moins de justifier la jurisprudence du Conseil d’État. Et puisque les revenus d’un sportif de haut niveau, dont le sport est le métier, sont imposables, ne pourrait-il pas en être de même pour le poker ?

Là aussi, le débat est d’actualité. Le poker a beaucoup évolué et pour certains, il est passé d’un jeu de casino de hasard à un véritable sport. Les compétitions de poker correspondent par exemple à un marathon de 10 heures de jeu pendant une semaine. Bon nombre de grands joueurs comme Daniel Negreanu font aujourd’hui des sessions d’échauffement par le sport avant un championnat. L’esprit de compétition est omniprésent avec une attitude fairplay des joueurs qui restent corrects entre eux tout en étant poussés par l’adrénaline de la victoire. Il est de fait évident que le poker s’est imposé comme un sport mental, un combat psychologique.
Comme le résume Stéphane Matheu (ancien tennisman professionnel devenu coach d’une équipe de poker) « le poker est un véritable sport au niveau psychologique et demande une capacité de concentration exceptionnelle, une aptitude gérer le stress en tout point identique (..) »

Toutefois, la notion de sport implique une activité athlétique qui exige des prouesses physiques. Or, cette dimension physique n’intervient pas directement dans le poker.
Cela est-il pour autant suffisant pour rejeter le poker en tant que sport ? Cela n’est pas aussi simple.
Pour l’International Mind sports association; « les activités exigeantes mentalement sont aussi épuisantes que les activités physiques »

Le Joueur de Poker professionnel imposable

Sans non plus répondre à la question « le poker est-il un sport ? » le Conseil d’État affirme qu’à partir du moment où un joueur de poker est régulier, il devient professionnel et ses revenus sont donc imposables.
Il faut néanmoins s’interroger, à partir de quel moment doit-on considérer le joueur régulier comme un professionnel? C’est à l’administration d’en déterminer la frontière. Pour le Conseil d’État, la pratique d’un jeu d’argent devient habituelle à partir du moment où le joueur maitrise « de façon significative » l’aléa inhérent à ce jeu par le savoir-faire qu’il développe. Mais l’aléa étant une notion imprécise, il parait compliqué de définir précisément ce moment. Le déclencheur fiscal pourrait être une combinaison de la régularité de jeu et de l’absence d’une autre activité en parallèle. Plusieurs indices peuvent être pris en compte, mais une fois encore, aucune certitude ne pourra jamais être dégagée.

L’incertitude de cette limite entre le joueur habituel et occasionnel de poker rend la décision du Conseil d’État bancale. Malgré les différents débats reposants sur cette notion, aucune réponse claire n’a été donnée par la jurisprudence. Le Conseil d’État n’a fait que rendre les revenus colossaux de certains joueurs imposables à partir du moment où les joueurs commençaient à gagner régulièrement. Mais qu’en est-il des joueurs qui gagnent une fois tous les trois mois une somme astronomique ? Qu’en est-il de la part de hasard qui reste omniprésente dans ce jeu ? Face à tant de réponses abstraites à toutes ces questions, nous pouvons nous interroger sur la pertinence de cette imposition sur les revenus.

 

Crédit photo : L’Express Magazine 

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